En décembre dernier, notre journaliste avait rencontré Alexandre Castonguay et Vincent Antaya, les copropriétaires de la microbrasserie, dans leur bâtiment flambant neuf. Durant plusieurs heures, ils avaient accueilli de nombreux Massuevillois curieux d’en apprendre davantage sur leurs nouveaux voisins. À ce moment, les deux complices expliquaient leur projet, qui est notamment d’installer des tables de pique-nique, une aire familiale et peut-être même un espace « washer box » pour permettre aux clients de déguster leur bière à l’extérieur durant les beaux jours d’été.
Quelques mois plus tard, ils devront peut-être revoir leurs plans, alors que des citoyens comptent bien s’y opposer.
Pourtant, le 5 février, tout semblait fonctionner. Lors de la séance du conseil, la Municipalité avait adopté un projet de règlement qui ajoutait des usages permis dans la zone de la microbrasserie, notamment ceux de brasseries et de services récréatifs.
Un mois plus tard, le 4 mars, une assemblée publique a été tenue à la mairie de Massueville où quelques citoyens se sont opposés au changement de zonage, dont Michel et Lise Godin.
« Je ne veux pas qu’ils construisent une terrasse derrière chez moi et que ça brise mon intimité, fait savoir poliment Michel Godin. On ne veut pas empêcher personne de vivre, mais on ne veut pas que quelqu’un nous empêche de vivre. »
Ce dernier, qui ne s’oppose pas au projet de brassage de bières de microbrasserie en tant que tel, craint plutôt les débordements qui pourraient avoir lieu si des citoyens consomment la bière sur le site de la microbrasserie. « Lors de la consultation publique, on nous a expliqué le projet, mais je n’ai pas besoin d’en savoir plus. On sait comment ça fonctionne. Il va avoir des débordements, comme des gens qui vont uriner dans ma haie ou de la musique forte », détaille M. Godin, qui a été conseiller municipal à Massueville durant 12 ans.
La suite des choses
Le maire de Massueville, Richard Gauthier, informe que la Municipalité va étudier la situation. « Le conseil municipal a décidé unanimement de retirer ce point à l’ordre du jour du 4 mars 2024 soumis pour en délibérer en profondeur. Le conseil considère qu’il est de son devoir d’analyser les éléments soulevés de manière équitable, transparente, avec rigueur et c’est ainsi qu’il souhaite s’orienter avant de décider de la poursuite ou non du projet de règlement 492-24 en prévision de la séance du mois d’avril 2024 », a-t-il écrit sur la page Facebook de la Municipalité.
Rejoint par téléphone, ce dernier a précisé qu’environ cinq ou six personnes se sont fortement opposées au projet extérieur de la microbrasserie. « Ils étaient en maudit, confie-t-il. Mais c’est le but d’une consultation publique. Des gens ont peur que ça devienne un bar et que les visiteurs ne soient pas respectueux. Je crois qu’ils ne comprennent peut-être pas le projet de la microbrasserie. Je crois tout de même que c’est un beau projet pour dynamiser le village. »
En mode solutions
De leur côté, les propriétaires de la microbrasserie sont en mode solutions. « C’est remis en avril et je vais essayer de me présenter aussi pour voir ce qu’on peut faire », mentionne Alexandre Castonguay.
Alors que certains opposants craignent l’arrivée d’un bar, M. Castonguay rappelle que leur formule est plutôt récréotouristique. « Ce serait sur deux ou trois jours par semaine maximum et lorsqu’il fait beau en été. On ne dépasserait assurément pas 20 h ou 21 h », souligne-t-il.
Néanmoins, le brasseur admet comprendre les opposants. « Les gens ont peur des débordements. Il faudrait voir si on peut changer le zonage, mais avec davantage de restrictions », avance Alexandre Castonguay.
Notons que cette opposition ne met pas en péril le projet initial, qui consiste à la création et la mise en marché de bières de microbrasserie. Depuis décembre, VALEA Brasseur Artisan a conçu quatre bières qui sont disponibles sur les tablettes d’épiceries de la région.
Qu’est-ce qu’un zonage?
Selon le gouvernement du Québec, le règlement de zonage permet de diviser le territoire en zones, en vue d’y contrôler l’usage des terrains et des constructions. Sa fonction principale est de fixer des normes devant être respectées par tous.
Notons que plusieurs terrains à Massueville, notamment le 354, rue Bonsecours, situé pourtant à quelques mètres de la microbrasserie, possèdent déjà un zonage permettant les activités de commerces de détail et de services, comme des restaurants, des bars et des brasseries.