16 mai 2024 - 08:03
Arrivée de Philippins pour contrer la pénurie de main-d’œuvre
« Ils ont sauvé l’entreprise » – Tristan Grenier, copropriétaire de Tim Hortons
Par: Jean-Philippe Morin

Des employés de gestion des cinq Tim Hortons de la région ont profité d’une sortie à la cabane à sucre pour bien intégrer les Philippins à la culture québécoise. Photo gracieuseté

Le copropriétaire des Tim Hortons de Sorel-Tracy et Contrecœur ne se gêne pas pour le dire : n’eût été l’arrivée de travailleurs philippins dans leurs cinq succursales, il n’aurait peut-être pas été possible de garder tous les restaurants dans la région.

« Ils ont sauvé l’entreprise! Ils sont une bouffée d’air frais pour tout le monde », affirme Tristan Grenier sans détour.

Depuis octobre dernier, 14 travailleurs étrangers sont arrivés des Philippines pour œuvrer dans les Tim Hortons de la région. Neuf autres sont attendus d’ici les prochains mois pour porter le total à 23.

Les années postpandémiques ont été difficiles au niveau de la main-d’œuvre. Plusieurs employés de gestion ont dû couvrir des quarts de travail par manque ou absence d’employés. Du jamais-vu depuis l’arrivée de la famille Grenier comme franchisés il y a plusieurs années.

« Nous sommes une compagnie qui compte entre 220 et 240 employés, expose le copropriétaire. Dans les deux dernières années, on tournait autour de 170 ou 180 employés. Et ceux qui étaient présents, le taux de rétention était difficile parce qu’ils faisaient plus d’heures. »

L’arrivée des travailleurs philippins vient donc donner un second souffle à l’entreprise. « Ils sont tellement beaux à voir! Dans nos restaurants, l’ambiance a changé du jour au lendemain. Autant l’équipe de gestion que les employés sont en amour avec eux, ils amènent une énergie contagieuse et ils veulent vraiment travailler », se réjouit Tristan Grenier.

Prise en charge

Les démarches pour accueillir ces travailleurs ont débuté il y a plus ou moins deux ans. Deux firmes spécialisées, soit Carrières sans frontières et Mercan, ont aidé l’entreprise dans les démarches.

« Ils nous envoyaient leur CV et on faisait une sélection. On a fait des entrevues sur Teams. Le processus nous a permis de rencontrer des gens incroyables. On a embauché des Philippins de tous les horizons, avec une famille ou pas, qui avaient des expériences très intéressantes, par exemple dans un Starbucks », explique M. Grenier.

Si le processus a été enrichissant, il a aussi été très long. « De la première entrevue à leur arrivée, il y a eu un an d’intervalle. Le processus a commencé il y a deux ans et on en attend encore. »

Dès leur arrivée au pays, la famille Grenier les prend totalement en charge. « On va les chercher à l’aéroport, on s’occupe de leurs téléphones cellulaires, on joue les traducteurs anglais-français au début, etc. On les intègre du mieux qu’on peut aussi en les amenant entre autres à la cabane à sucre. Ça va jusqu’à leur apprendre à conduire puisque même si leur permis est valide, ce n’est pas la même chose ici qu’aux Philippines. On veut vraiment qu’ils se sentent bien », partage Tristan Grenier.

Justement, à propos de la langue, les Philippins veulent apprendre le français et y mettent les efforts. « On n’a pas exigé qu’ils suivent des cours, mais les 14 étaient là quand même. Ils s’améliorent rapidement! Pour l’instant, ils travaillent surtout à la table à lunch (sandwichs), au café et dans la cuisine, mais certains ont commencé à prendre les commandes en utilisant des mots-clés. »

La famille Grenier a aussi acheté une ancienne résidence de personnes âgées où 10 des 14 travailleurs y vivent dans des chambres avec une cuisine commune. « On a pris un an pour la rénover et les accueillir. Ils se considèrent chanceux de rester au Québec et de ne pas payer une somme astronomique pour se loger. Ils n’ont qu’à dépenser un petit pourcentage de leur salaire en logement; c’est bon pour eux et aussi pour nous qui pouvons compter sur leur expertise », soutient Tristan Grenier.

Et quel est leur avenir ici? « Ils ont un visa de travail de trois ans, mais presque 100 % d’entre eux veulent leur résidence permanente pour amener leur famille avec eux. On espère pouvoir compter sur eux encore longtemps! » conclut le copropriétaire.

image
image