Le dépôt du projet de loi s’accompagne d’une autre annonce, celle-là régionale. Tiandingfeng (TDF) Canada est un des 11 projets auxquels le ministre Fitzgibbon accorde un raccordement d’une puissance de 5 mégawatts et plus lui permettant, celui-là, de s’installer à Sorel-Tracy.
Les deux annonces sont plus liées qu’il n’y paraît parce qu’elle met en lumière la distinction entre l’énergie nécessaire pour accueillir de nouvelles entreprises et les besoins de celles qui sont déjà présentes dans la région et qui voudront qu’on les accompagne dans leur décarbonation, une priorité régionale.
La grille d’analyse du ministre Fitzgibbon est économiquement traditionnelle. Pour lui, la décarbonation du Québec ne doit pas freiner le développement, elle doit même l’encourager. S’il fait une lecture très lucide des besoins d’énergie en reconnaissant que 50 % de l’énergie consommée au Québec provient des énergies fossiles, on sent bien qu’il marche sur des œufs lorsqu’il s’agit de demander à chacun de nous de fournir des efforts.
Ce projet de loi, très complexe, fixe de nouvelles cibles de production énergétique propre qui ne doit pas oblitérer le besoin de sobriété énergétique. Le Québec ne doit pas seulement produire plus d’énergie propre, il doit aussi en consommer moins.
Notre consommation d’énergie doit diminuer au cours des 25 prochaines années. L’énergie la moins chère, celle qui est le moins dommageable pour l’environnement, est celle que nous ne consommons pas.
Il faut du courage politique pour inviter fermement la population à modifier ses habitudes de consommation d’énergie. Pour l’instant, le gouvernement du Québec semble hésiter à le faire. Que feront nos leaders régionaux? Auront-ils ce courage?
Ce qui va se passer au cours des 25 prochaines années sera très concret. Nous devons nous adapter aux changements climatiques, la raison même de la nécessité de décarbonation, et tout le monde sera convié à fournir des efforts. De vrais efforts.
Comme toutes les autres au Québec, la MRC de Pierre-De Saurel, a reçu le mandat de réaliser pour 2027 au plus tard, un Plan climat et, dans son cas, 1,2 million $ pour y arriver et lancer les premiers projets. Ce plan doit identifier les enjeux de notre région et proposer des moyens de nous adapter. C’est une urgence qui doit se réaliser avec toutes les composantes de la région : monde municipal, entreprises, institutions et organismes communautaires.
Le défi ultime sera celui de l’acceptabilité sociale, de l’adhésion des citoyens que nous sommes tous. Pour y arriver, nous devons viser une transition juste, car les coûts comme les bénéfices sociaux, économiques et environnementaux doivent être répartis équitablement entre tous les acteurs, mais aussi entre toutes les générations, actuelles et à venir.
Le gouvernement du Québec vient de procéder à un partage des responsabilités entre lui-même et les acteurs municipaux. Notre avenir régional dépend de notre capacité à relever le défi qui nous est lancé. 2050, c’est demain. La région a ce qu’il faut pour réussir.