Le 19 juillet, alors que notre journaliste était attablé à une table à La Porte du Passant, en attente de Véronique, la travailleuse de rue (voir autre texte), Richard s’est présenté, lui tendant la main avec un air amical.
« Salut! C’est toi Alexandre le journaliste? Véro m’a dit que tu voulais me parler pour un article », a-t-il tout bonnement lancé, tout en s’attablant.
Répondant généreusement aux questions, Richard paraissait en bonne santé. Rien ne laissait paraître que les derniers jours avaient été plus que rocambolesques pour lui. « J’ai été opéré pour un cancer au niveau de la bouche la semaine passée, dévoile-t-il sans gêne. Ils m’ont enlevé mon plancher buccal. Ç’a été rough! Surtout que je sors d’une grosse brosse de trois semaines. Mais là, ça fait six jours que je n’ai pas touché à l’alcool et ça va pas pire. Je me suis dit que ça devait arrêter. » Ces trois semaines de consommation quotidienne d’alcool lui ont couté environ 400 $.
L’alcool est au cœur des problèmes qu’a vécu Richard depuis le début de sa vie. Aujourd’hui âgé de 64 ans, il admet avoir vécu sept ans dans les rues de Montréal durant lesquelles il consommait quotidiennement des drogues, comme de la cocaïne et du crack. « Ce n’était pas des bonnes années, admet-il. Mais maintenant c’est fini, parce qu’avec ces drogues, les hauts sont très hauts, mais les bas sont très très bas. »
Pourtant rien ne lui laissait présager un tel train de vie. « Je suis né dans une bonne famille. Je n’ai jamais manqué de rien. Mes parents prenaient bien soin de ma sœur, mon frère et moi. Mais mon père était alcoolique, il pouvait boire jusqu’à 26 oz d’alcool par jour. Il a quand même toujours été fonctionnel, il avait sa propre compagnie », détaille le sexagénaire, admettant, les yeux baissés, avoir pour sa part de la difficulté à gérer sa consommation d’alcool.
Malgré cette dépendance, Richard a travaillé plusieurs années de sa vie, notamment comme intervenant. « Maintenant, je vis une journée à la fois. Si je me couche sans avoir bu de l’alcool, c’est une victoire », confie-t-il avec humilité.
Reconnaissant
Rapidement durant la discussion, Richard a souligné l’importance de La Porte du Passant dans sa vie. « C’est vraiment une belle place, assure-t-il. J’en ai fréquenté beaucoup des organismes comme ici, surtout à Montréal, et celui de Sorel-Tracy, c’est le meilleur. »
D’ailleurs, le 19 juillet, Richard s’est rendu à l’Hôtel-Dieu de Sorel, accompagné de Véronique, la travailleuse de rue, pour se procurer une nouvelle carte d’assurance maladie dans le cadre d’un processus allégé pour les personnes en situation d’itinérance.
Sur le chemin de retour vers La Porte du Passant, la chimie entre Richard et Véronique était palpable. De par le travail de Véronique, ils se connaissent depuis environ sept ans. Cette dernière a connu les hauts et les bas de Richard.
Après cette journée, Véronique quittait pour ses vacances annuelles. Ainsi, leur au revoir était rempli d’empathie. Alors que Richard sortait du véhicule, une larme coulait sur sa joue. Il a pris la main de la travailleuse de rue. « Merci Véronique, tu es un ange », laisse-t-il tomber, traversant la rue, saluant au passage notre journaliste.
La suite du dossier
Dans la prochaine édition du journal Les 2 Rives, le 6 août, vous pourrez lire l’expérience de notre journaliste qui s’est rendu à La Porte du Passant, pendant en soirée, afin d’assister à l’accueil d’usagers.