13 août 2024 - 02:21
Blocage des nouvelles sur Meta
La mauvaise foi des géants du Web décriée par des acteurs de la région
Par: Alexandre Brouillard

Louis Plamondon, député de Bécancour–Nicolet–Saurel Photothèque | Les 2 Rives ©

Benoit Chartier, éditeur du journal Les 2 Rives et président d’Hebdos Québec. Photothèque | Les 2 Rives ©

Une année s’est écoulée depuis que Meta (Facebook et Instagram) a décidé de retirer les contenus journalistiques canadiens de ses réseaux sociaux pour ne pas avoir à se conformer à la nouvelle Loi sur les nouvelles en ligne (C-18). Bien que les effets dévastateurs anticipés ne se soient pas concrétisés, plusieurs personnes décrient cette fourberie du géant du Web.

C’est le cas de Benoit Chartier, éditeur du journal Les 2 Rives et président de l’association Hebdos Québec, qui ne mâche pas ses mots concernant les agissements de Meta.

« Facebook, ce sont des gens de mauvaise foi à la base. Ils font tout pour contrecarrer les médias canadiens et québécois. […] Depuis un an avec la Loi sur les nouvelles en ligne, je réalise que les deux géants du Web, Meta et Google, désirent la disparition des médias traditionnels canadiens. Ils veulent notre revenu publicitaire et tant qu’on est là, on est un paquet de trouble pour eux », explique M. Chartier, désabusé, ajoutant que les géants du Web dépensent actuellement des millions de dollars en lobbying à Ottawa pour contrecarrer les médias canadiens.

Des propos qu’appuie Louis Plamondon, député de Bécancour–Nicolet–Saurel. « Meta fait preuve d’entêtement total. Ce sont des gens qui n’ont même pas tenu parole en Australie. C’est de mauvaise foi sur toute la ligne. C’est incroyable qu’un pouvoir aussi fort que l’information soit entre les mains d’une entreprise privée étrangère. Quand l’information s’affaiblit, la démocratie s’affaiblit », se désole le doyen de la Chambre des communes.

Néanmoins, tout comme le rapportent d’autres médias québécois, Benoit Chartier affirme que la crise anticipée lors du blocage des nouvelles par Meta ne s’est pas concrétisée. « Mise à part la perte de visibilité sur Facebook et d’avoir moins de redirections sur notre site Web, il n’y a pas d’autres conséquences, même pas monétaires. »

Intelligence artificielle

En plus de l’enjeu relié à la Loi C-18, Benoit Chartier souligne un autre enjeu, soit la demande des géants du Web au gouvernement canadien d’abroger la loi sur les droits d’auteur.

En effet, dernièrement, le développement de l’intelligence artificielle (IA) soulève beaucoup de craintes, si bien que la Coalition pour la diversité des expressions culturelles (CDEC) a demandé que cette loi ne soit pas modifiée pour offrir de nouvelles protections à l’IA. Rappelons que lorsqu’un usager pose une question à l’IA, bien souvent ce dernier puise ses réponses dans des sources journalistiques en ligne.

« Ils veulent éviter de payer nos droits d’auteurs dans ces cas-là, laisse tomber M. Chartier. Parfois, l’IA répond aux internautes avec nos réponses à nous, mais ils ne nous rétribuent pas pour ça. Leur objectif est de ne pas nous rétribuer dans le futur. Ils veulent changer la loi dans ce sens. On s’oppose à ça, mais ils disent que si la loi ne change pas, ils vont arrêter toute recherche et développement au Canada en intelligence artificielle. C’est juste de la mauvaise foi! »

Quant à la suite des choses, Louis Plamondon et Benoit Chartier parlent de guerre d’usure, notamment entre Meta et le gouvernement canadien. « Meta tient son bout et ne changera pas. […] Ce sont des géants à sept têtes qui sont en train de démolir carrément le journalisme mondial », se désole Benoit Chartier.

« Ça ne peut se résoudre que par une décision de l’ensemble des pays concernés pour faire front commun. Mais les États-Unis ont toujours privilégié les entreprises privées et n’ont jamais voulu les contrôler. On devra amener ce combat sur la table à Ottawa dès septembre », conclut Louis Plamondon.

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