Ce n’est pas par manque de préparation que la Ferme Quatre Jeudis, située sur le rang Ruisseau Laprade à Saint-Roch-de-Richelieu, a été inondé le 9 août. Les propriétaires, dont fait partie Anaïs Simard, avaient travaillé en amont durant la semaine, voyant les prévisions métrologiques inquiétantes du week-end.
« En sachant qu’il annonçait beaucoup de pluie, on avait récolté le plus de légumes possible dans la semaine. Mais on ne s’attendait pas à être inondé. Le vendredi, la pluie était abondante, c’était incroyable. Quand on s’est couché, la situation n’était pas géniale, mais rien n’était inondé », raconte Anaïs Simard avec détails.
La situation s’est rapidement aggravée le samedi matin, alors que l’eau a monté à la vitesse de l’éclair dans les champs et dans l’une des deux serres de la Ferme. « L’eau s’est accumulée rapidement, mentionne l’agricultrice. On ne pouvait pas faire grand-chose. Il y avait un bon deux pieds d’eau dans la serre. »
Selon ses observations, ce serait le ruisseau Laparade qui serait sorti de son lit. « J’avais de l’eau jusqu’au nombril à un certain endroit. On ne sait toutefois pas l’eau arrive d’où exactement. D’autres agriculteurs sur le même chemin ont vu leurs champs inondés. Certains ont perdu des récoltes d’orge et des vaches ont même été isolées sur des presqu’îles », relate-t-elle.
Alors que le niveau de l’eau montait encore le dimanche, c’est le lundi en fin de journée, plus de 48 heures après le début de l’inondation, que l’eau s’est résorbée les champs de la Ferme Quatre Jeudis. « Nos cultures ont passé la tête sous l’eau plus que 48 heures », se désole Anaïs Simard.
De son côté, la Municipalité de Saint-Roch-de-Richelieu souligne l’aspect exceptionnel de la tempête. « Nous avons reçu plus de 180 millimètres d’eau vendredi dernier. Il s’agit d’une situation exceptionnelle. La gestion des cours d’eau relève de la MRC Pierre-de-Saurel, nous avons eu une première rencontre afin de discuter de la situation du Ruisseau Laprade », mentionne Alain Chapdelaine, maire de la Municipalité.
Des milliers de dollars en perte
Les jours subséquents étaient comme un dur lendemain de veille pour les membres de l’entreprise agricole. « Il y avait de l’eau partout, on estime nos pertes à 30 000 $. Comme maraîcher, on opère environ quatre mois par année pour les ventes. Donc notre saison est pratiquement à l’eau. Toute la zone inondée, on ne peut pas rien planter pour 60 jours minimum parce que c’était de l’eau sale », explique Anaïs Simard.
L’équipe de l’entreprise agricole tentera d’atténuer l’impact de la tempête en plantant des cultures rapides, comme des radis, des oignons verts et de la laitue, qui pourront être récoltés d’ici un mois. « On doit dédommager les gens qui sont abonnés à nos paniers. C’est l’enfer. Notre saison 2024 est pratiquement tombée à l’eau. C’était des mois de préparation et de travail », laisse tomber Anaïs Simard affligée.
Se retrousser les manches
Dans les jours suivant l’entrevue, la Ferme Quatre Jeudis a accueilli plusieurs bons samaritains pour nettoyer les dommages causés par la tempête. « On doit arracher des milliers de dollars de carottes qui sont restés en terre et qu’on ne peut pas utiliser », explique-t-elle.
Dans les prochaines semaines, Anaïs et ses collègues transformeront plusieurs légumes et fruits pour vendre des produits et maximiser l’entrée d’argent. « On invite les gens à nous encourager au Marché du Vieux-Saurel, à celui de Verchères ou à passer au kiosque de la ferme. […] On veut continuer notre projet de modèle agroalimentaire écologique », dit-elle.
Finalement, elle compte bien adapter ses champs pour éviter que des événements de la sorte se reproduisent. « C’était la première fois que le champ s’inonde en 30 ans! On va être proactif pour éviter ça », conclut Anaïs Simard, déterminée.
La Ferme Quatre Jeudis sollicite l’aide de la communauté pour couvrir ses pertes via une campagne de financement GoFundMe intitulée « Aidez-nous à sauver notre petite ferme noyée ».