Cinq jours après que les vestiges de la tempête Debby aient frappé le Québec, notamment la région de Sorel-Tracy avec 184 millimètres de pluie, la Fédération de l’UPA de la Montérégie avait effectué le bilan de ses producteurs en termes d’impacts. Le constat était frappant : plusieurs agriculteurs avaient subi des dommages entraînant des conséquences importantes, notamment au niveau financier.
« Dans plusieurs des cas, des cultures ont passé plusieurs jours sous l’eau, compromettant ainsi les récoltes. Entre autres causes, les ruisseaux et les fossés mal entretenus peinent à drainer l’eau et les champs inondés », explique Jérémie Letellier, président de la Fédération de l’UPA Montérégie.
Localement, on peut penser à la Ferme Quatre Jeudis qui a été inondée, compromettant ainsi sa saison 2024. Il y a aussi Patrick Benoit, agriculteur de Saint-Robert, qui connaît plusieurs difficultés cette année. Les pluies diluviennes des 23 et 24 juin avaient inondé 38 hectares de ses champs. Alors qu’il voulait nettoyer et entretenir une section du cours d’eau problématique, l’agriculteur était menotté par les procédures du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. En 2023, il avait subi 400 000 $ de pertes et jusqu’à présent, en 2024, ses pertes dépassent les 35 000 $.
La situation s’est empirée le 9 août. « J’ai connu l’apocalypse depuis vendredi [9 août], mais c’est sûr que c’est exceptionnel… Mais oui, c’est l’enfer dans les champs présentement. Il y a beaucoup d’eau à pomper. Je vais en avoir pour au moins une semaine », avait fait savoir M. Benoit. Rappelons qu’il avait convié le journal ainsi que des gens de la MRC de Pierre-De Saurel, le 26 juin dernier, pour démontrer l’ampleur des dégâts causés par le mauvais écoulement d’une section de la rivière Pot au Beurre.
Sous la responsabilité de la MRC
Selon l’UPA, ces dommages mettent en lumière l’importance de l’entretien des cours d’eau et des fossés qui, lorsqu’ils ne sont pas nettoyés, drainent difficilement l’eau et augmentent significativement les risques, le niveau et la durée des inondations.
L’UPA rappelle que les cours d’eau sont sous la responsabilité des MRC et impliquent d’autres acteurs, dont le ministère de l’Environnement. « Les MRC ont l’obligation d’assurer la libre circulation de l’eau dans les cours d’eau présents sur leur territoire. Il s’agit d’une de leurs nombreuses responsabilités, mais il incombe également d’investir pour s’assurer du bon écoulement de celle-ci », souligne l’UPA.
La MRC de Pierre-De Saurel partage les préoccupations exprimées par la Fédération. « Avec ses 900 km de cours d’eau, il est essentiel de signaler à la MRC toutes problématiques afin que nous puissions intervenir efficacement. Il faut cependant se rappeler que, même avec des infrastructures adaptées et des cours d’eau bien nettoyés, une pluie d’une aussi grande importance laisse ses traces », écrit la MRC via courriel, précisant avoir amorcé un portrait global des problématiques pour chaque municipalité afin d’établir un plan d’intervention.
Finalement, le ministère de l’Environnement rappelle que selon la procédure officielle relative à l’entretien des cours d’eau en milieu agricole, les agriculteurs qui souhaitent entreprendre ces types de travaux doivent obtenir un certificat d’autorisation pour assurer le respect d’exigences environnementales.