24 septembre 2024 - 08:36
Retombée immédiate d’une mission économique
Sorel-Tracy collaborera avec Lévis et Saguenay pour développer l’industrie navale québécoise
Par: Alexandre Brouillard

De gauche à droite, les maires des trois villes ayant ratifié l’entente de collaboration : Patrick Péloquin (Sorel-Tracy), Julie Dufour (Saguenay) et Gilles Lehouillier (Lévis). Photo Steve Roy

Les villes de Sorel-Tracy, Lévis et Saguenay ont entamé une collaboration, par l’entremise d’une entente, pour favoriser le développement de l’industrie navale au Québec. Cette coopération réjouit autant Naval Québec que le Chantier Davie, alors que plusieurs millions de dollars en contrats ont récemment été annoncés pour la construction de navires.

L’annonce a été faite en grande pompe en marge de la troisième édition de la Conférence annuelle de Naval Québec présentée les 16 et 17 septembre, à Lévis.

Les trois villes formeront un comité de suivi qui sera notamment composé de directeurs d’organismes de développement économique. Par cette collaboration, elles veulent notamment mettre en valeur leurs atouts respectifs en matière de sites industriels fluviaux et maritimes, promouvoir conjointement leurs plateformes, rechercher des sources de financement communes et aider le Québec à devenir un leader dans différents domaines, comme la construction, la réparation et la déconstruction navales.

Le maire de Sorel-Tracy, Patrick Péloquin, se réjouit de cette entente qu’il a paraphée avec les maires de Saguenay et Lévis, le 16 septembre dernier. Il croit que les trois villes pourront être complémentaires. « Je suis convaincu que notre ville peut jouer un rôle de premier plan dans le développement de cette industrie. Lévis et Saguenay peuvent compter sur Sorel-Tracy pour travailler à faire de l’axe du Saint-Laurent une référence mondiale dans l’industrie navale », mentionne-t-il.

Le directeur général de Développement économique Pierre-De Saurel (DEPS), David Plasse, a révélé que cette entente a pris racine en Europe, en mai 2024. « C’est parti durant la mission économique en Finlande. C’était l’initiative de mon collègue de développement économique de Lévis et de moi. […] Le but est de mettre en commun toutes les forces de chacune des régions, et au niveau des chaînes d’approvisionnement, de maximiser les contrats pour tous les fournisseurs », explique-t-il, ajoutant que l’entente permettra d’éviter la cannibalisation de la main-d’œuvre pour ne pas voler des employés qualifiés à des entreprises de la région.

De son côté, Naval Québec se réjouit aussi de l’entente. « Ce partenariat est un signe de dynamisme de l’industrie, tant en matière de construction, de réparation, de maintenance et de déconstruction navales », mentionne Pierre Drapeau, président et directeur général de Naval Québec.

D’ailleurs, Naval Québec espère que d’autres modèles de réussite et de collaboration émergent entre les forces vives impliquées dans l’industrie, tant à l’échelle nationale qu’internationale. À Lévis, lors d’un panel sur le développement économique régional, M. Drapeau a mentionné que le triangle que forment Sorel-Tracy, Saguenay et Lévis pourrait se transformer en « constellation ». Des représentants de la Gaspésie étaient présents à la Conférence annuelle.

Positionner la région

Patrick Péloquin soutient que les efforts de la Ville de Sorel-Tracy et des partenaires déployés depuis près de deux ans sont essentiels pour positionner la région dans la chaîne d’approvisionnement, alors que des milliards en contrats seront distribués. Il rappelle que 75 % des contrats se dirigeront obligatoirement vers la chaîne d’approvisionnement, donc vers des entreprises canadiennes. Le maire encourage donc les compagnies de la région à s’y inscrire. Actuellement, seulement deux entreprises de la région l’ont fait.

« On s’efforce de positionner la région et de créer le terreau fertile, notamment en montrant à tout le monde notre région et notre parc industriel. On devient incontournable », explique Patrick Péloquin.

Au niveau national, plusieurs annonces ont été faites récemment, notamment l’octroi d’un contrat au Chantier Davie évalué à 16,5 M$ pour la conception technique d’un brise-glace polaire pour la Garde côtière canadienne. La Davie devrait obtenir le contrat pour sa construction. Ce contrat s’ajoute à celui de 19 M$, obtenu en mars, pour la conception de six brise-glaces.

Il y a aussi le « Ice Pact », un partenariat trilatéral entre le Canada, les États-Unis et la Finlande, annoncé en juillet dernier, qui vise à renforcer les capacités et les industries de construction navale, surtout l’amélioration de la capacité de production de brise-glaces au Canada et en Finlande, ouvrant de nouvelles perspectives notamment pour les fournisseurs de Sorel-Tracy.

Rappelons que depuis l’intégration du Chantier Davie Canada à la Stratégie nationale de construction navale fédérale, un premier contrat de 8,5 G$ a été octroyé à l’entreprise de Lévis qui prévoit d’importantes retombées économiques partout au Québec, notamment à Sorel-Tracy. Au moins neuf navires seront construits à Lévis dès 2026, ce qui générera des retombées de 17 G$ dans la province. Ces contrats permettront de maintenir 5000 emplois dans les 20 prochaines années.

Pas de passe-droit, mais la recette idéale

De son côté, Marcel Poulin, directeur des Affaires externes au Chantier Davie, est heureux de l’entente entre Sorel-Tracy, Saguenay et Lévis. « Je vois un gros potentiel concernant la main-d’œuvre parce qu’on aura tous un défi à ce niveau pour livrer les projets. Donc avoir des fournisseurs dans des régions stratégiques du Québec, dont la main-d’œuvre ne se cannibalisera pas l’une avec l’autre, fera en sorte qu’on pourra créer une chaîne d’approvisionnement résiliente », explique-t-il.

Malgré l’initiative des trois villes, M. Poulin soutient qu’elles ne seront pas favorisées pour l’octroi de contrats. « La priorité est d’avoir la qualité et le prix. C’est sûr qu’il n’y aura pas de préférence régionale. […] Mais la Ville de Sorel-Tracy a quand même un historique naval incroyable avec une expertise encore en existence. Ce qui sera bénéfique à long terme pour la Chantier Davie », affirme-t-il.

Il admet néanmoins que Sorel-Tracy détient la recette idéale pour connaître du succès dans le milieu naval. « Il y a des infrastructures portuaires majeures, une expertise en termes d’acier et la proximité avec la Ville de Montréal qui a un bassin presque infini de main-d’œuvre. Donc, oui, Sorel-Tracy est extrême bien positionnée pour gagner des marchés. Très peu d’autres régions du Québec ont les mêmes avantages », conclut Marcel Poulin.

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