8 octobre 2024 - 07:47
Entretien avec une église
Par: Stéphane Fortier

Photo freepik.com

Après un séjour de trois semaines en soins psychiatriques, j’ai senti le besoin de me recueillir et de faire la paix avec moi-même. J’ai donc fait un saut dans une église laquelle, à l’instar des banques ou des écoles, a, elle aussi, ses états d’âme et est triste de voir notre patrimoine religieux laissé à l’abandon et servir à toutes sortes d’activités autres que religieuses.

Journaliste : Bonjour! Madame l’église. J’ai réservé une chambre à l’autel. Ah! Ah! Ah!

Église : Ah! C’est toi qui a un esprit de clocher. Alléluia! Tu peux entrer. Amen-toi.

J : Tiens. Il y a une grenouille dans le bénitier.

É : Bof! Tant que personne ne ronge les balustres.

J : Vous semblez triste…Il y a quelque chose qui cloche?

É : Oui, je le confesse. C’est le temps de sonner le glas. Je suis à vendre. J’ai eu la Confirmation. Au moins, moi, je ne serai pas cruficiée, crisufiée, créfusiée…clouée sur une croix. AAAH, AAAH AAAAAAAH Psssaume! Désolée. C’est mon rhume. Mosus que j’en ai plein le caste. Sérieusement, je me dis que c’est la fin de mon calvaire. Même les chansons de Noël commençaient à me lever le chœur.

J : C’est votre calvaire et votre chemin de croix. Ça me fait penser, parlant de chemin de croix, si vous aviez pu prendre le métro, vous n’auriez pas pu faire plus de 14 stations, Ah! Ah! Ah!

É : Et j’aurais eu peur de tomber au moins trois fois. C’est ça? Enfin, j’aurai bu le calice jusqu’à Sainte-Eulalie.

J : Jusqu’à la lie, vous voulez dire.

É : C’est bon de me corriger. Nous sommes en communion. Vous êtes mon Sauveur.

J : Ainsi soit-il ou vice-verset. Vous semblez quand même en bonne forme.

É : Je fais beaucoup d’exorcisme.

J : Vous voulez dire de l’exercice.

É : Ouan. De toute façon, je peux dire que ça fait du bien en démon.

J : Eh! ben. Ça parle au yabe. Oh! Vous avez un petit chat. Comment il chapelle?

É : Noine.

J : Noine?

É : Ben, oui, c’est mon chat Noine. Mais j’en ai déjà eu un autre avant.

J : Et il chapelet comment?

É : Oscar.

J : Oscar quoi? Oscar Dinal? Ah! Ah! Ah!

É : Très drôle, c’est à se mettre à genoux. Vous trouvez pas qu’il fait chaud ici? Veux-tu goûter à mes Pape sicles?

J : Non, Messie. Parlez-moi de vos souvenirs…

É : Je me rappelle une époque où il y avait beaucoup d’enfants qui venaient s’asseoir au Jubé. Probablement parce qu’ils croyaient qu’on y distribuait des jujubes.

J : D’après ce que je vois, vous ne nagez pas dans l’abondance.

É : Non. Jamais on aurait vu notre curé rouler en Cadiacre.

J : En Cadillac, vous voulez dire. Il aurait fallu que votre curé ait un deuxième emploi.

É : C’est vrai, il aurait pu travailler pour une rôtisserie et il aurait dit aux clients à chaque livraison : « Ceci est mon quart, livré pour vous. »

J : En quoi pensez-vous vous ressusciter?

É : On veut me transformer en centre culturel. J’ai rien contre. Tant qu’on n’y présente pas des films de cul…tes. En passant, savais-tu que le féminin de abbé est abesse?

J : Et si vous en aviez eu une ici, vous n’auriez jamais accepté qu’abesse ses culottes. Ce serait l’apocalypse… et pas très catholique. Vous aimez le baseball, m’a-t-on dit. Quel est votre équipe préférée? Je gage que ce sont les Angels de Los Angeles…

É : Non, les Padres de San Diego. Je t’ai eu, hein? J’ai bien aimé le basketball à une certaine époque et le joueur là, Carême Abdoul Jabbar.

J : Heu… C’est Kareem Abdul-Jabbar.

É : Parlant des États-Unis, tu sais que dans certaines prisons américaines, il y a des cours de catéchèse.

J : Et de catéchaises électriques, pour les condamnés à mort.

J : Bon ben, pardonnez-moi, je dois vous quitter.

É : Je te donne l’absolution et ma bénédiction. Je te pardonne, même si tu ne sais pas ce que tu fais.

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