Dans une réponse à Stéphane Martin, journaliste au SorelTracy Magazine, Jean-Bernard Émond, notre député, déclare que « le gouvernement fédéral doit faire sa part pour ajuster les seuils d’immigration au Québec, alors que nous devons, de notre côté, veiller à respecter la capacité de payer des Québécois et des Québécoises ».
Le gouvernement de François Legault est engagé dans un débat public avec celui de Justin Trudeau pour tenter de le forcer à limiter les niveaux d’immigration. On peut avoir toutes sortes de points de vue sur le sujet, les entreprises aux prises avec de la pénurie de main-d’œuvre ne sont pas nécessairement d’accord avec le premier ministre du Québec là-dessus. Mais en quoi est-ce que limiter l’accès à la francisation contribue à améliorer la situation?
Au début du mois d’octobre, l’Institut de la statistique du Québec rendait publiques des analyses sur l’évolution démographique au Québec. Une des conclusions qui a fortement retenu l’attention est cette prévision d’une augmentation de la population dans plusieurs régions du Québec. Il semble y avoir un déplacement des grands centres (grandes régions de Montréal et de Québec) vers les régions, mais également une augmentation de la présence de personnes issues de l’immigration.
Cette régionalisation de l’immigration, c’est-à-dire l’implantation de ces personnes ailleurs qu’à Montréal, est un objectif poursuivi par tous les gouvernements du Québec depuis plus de 30 ans. Simplement parce qu’il est raisonnable de penser que l’intégration en français serait plus facile en région, où la proportion de francophones est plus importante qu’à Montréal.
Pour réussir cette intégration, il faut savoir accueillir correctement ces personnes qui cherchent à s’intégrer en région. Plusieurs éléments favorisent l’intégration de personnes issues de l’immigration : le logement, le travail, l’école, les services de garde, les activités sportives, la culture et, bien sûr, l’offre de cours de francisation.
Voilà pourquoi il est difficile de comprendre la décision de cesser le financement qui permettait au CFP Bernard-Gariépy de poursuivre son travail de francisation.
Jean-Bernard Émond nous parle de notre capacité de payer? Combien cela coûtera-t-il, comme société québécoise, de ne pas être en mesure d’offrir la francisation par les personnes les mieux formées pour le faire dans nos services publics d’éducation? Combien cela coûtera-t-il si on complique les choses pour les entreprises qui souhaitent compter sur une main-d’œuvre composée de personnes capables de travailler en français?
Si nous voulons travailler ensemble à une intégration harmonieuse à la société québécoise, il faut investir dans l’accueil, comme le prouve le travail réalisé par L’Orienthèque ou par les efforts fournis par le Chantier d’attraction de la main-d’œuvre de Sorel-Tracy. Et il faut rapidement investir dans la francisation offerte par les institutions d’enseignement.
Est-ce que je comprends mal l’enjeu? Pour moi, le Québec n’a pas la capacité de se payer un échec de l’intégration des personnes issues de l’immigration.