5 novembre 2024 - 07:00
Chronique humoristique
Entretien avec un rat
Par: Stéphane Fortier

Photo freepik.com

En passant par une ruelle pas très entretenue lors d’une petite randonnée à Montréal, mon regard a été attiré par une petite bébète qui fouillait dans les sacs à ordures. Tiens, un rat!, me suis-je exclamé. Peut-être aurait-il des choses à dire lui aussi après tout. J’ai bien jasé avec un canard. Et puis ici, la police ne me connaît pas, alors…

Journaliste : Bonjour! Je ne voudrais pas vous mettre dans l’embar-rat, mais auriez-vous quelques minutes à consacrer pour une petite interview?

Rat : Je veux bien, mais toi, t’as l’air déprimé. Souris!

J : Et vous, vous avez l’air songeur.

R : Non, je suis plus du genre rongeur.

J : Qu’est-ce que vous étiez en train de manger, si je ne suis pas indiscret?

R : Des chocolats.

J : Des Lau-Rat Secord? Ah! Ah! Ah! D’où êtes-vous originaire?

R : Je suis d’ici, mais mes ancêtres viennent d’Hamster-Dam.

J : Et où habitez-vous ordinairement?

R : Dans les bas-fonds.

J : Et ben! Tous l’égout sont dans la nature. Ah! Ah! Ah! Bon, j’arrête. Vous avez été marié, je suppose? Comment s’appelait votre conjointe? Débo-Rat? Rat-phaëlle? Elvi-Rat?

R : Non. Rat-chel. On a fait notre voyage de noces aux chutes du Niaga-Rat. Mais nous ne sommes plus ensemble. Jamais je ne lui pardonnerai ce qu’elle moufette.

J : Pourquoi? Vous lui aviez dit : Tu pues toi? Putois. La pognez-vous?

R : Très drôle, le comique. À la fin, j’étais épuisé. J’étais rendu au bout du mulot.

J : Au bout du rouleau, vous voulez dire.

R : Si tu veux. Mais on a eu trois beaux petits ratons qui avaient beaucoup de plaisir à laver la vaisselle.

J : C’était des ratons laveurs, finalement. Vous n’avez jamais pensé fréquenter un hérisson? Me semble que ça n’aurait pas manqué de piquant.

R : Non, Toutefois, parmi mes relations, j’ai été ami avec un porc qui venait de New Delhi.

J : C’était donc un cochon d’Inde.

R : Si moi je suis un rat, toi t’es plutôt du genre raté. Une autre de mes amies est si malade Castor de douleur.

J : Elle ne doit pas souvent avoir le sourire au lièvre. Au moins, elle n’a pas un problème de lapindicite Ah! Ah! Ah! Vous aimez gruger les livres, dit-on.

R : Oui, je suis du genre rat de bibliothèque.

J : Vous aidez votre vieille mère qui a perdu son autonomie et ses incisives.

R : Je fais partie de l’Association des dents naturelles.

J : On peut dire de vous que vous êtes l’aidant de la mère. Prenez pas ça mal. On jaws, là. Y a-t-il des personnages, des personnalités que vous admirez?

R : J’aime bien le cobaye, là, Lucky Luke.

J : Le cow-boy vous voulez dire.

R : Et il y a Mickey Mouse. C’est lérot que nous admirons tous.

J : Vous n’aimez pas Rat-chid Badouri? Une anecdote en terminant?

R : Je sais que les gens nous trouvent répugnants et même s’ils étaient affamés, on serait la dernière chose qu’ils mangeraient, et heureusement pour nous. Pourtant, certains mangent des écureuils qui sont ni plus ni moins, en fait, des rats avec des poils plus longs. Ah! Oui. Un de mes amis, Joachim, avait un problème avec sa digestion et semait des crottes, mais toujours à la même place. Un jour j’ai trouvé l’endroit et j’ai dit : Tiens, Joachim chie là.

J : Chinchilla? Elle est bonne.

R : Pourtant, c’est vrai.

J : Est-ce que vous avez l’habitude de fêter l’Halloween?

R : Et me déguiser en rat masqué? Non!

J : En rat musqué, vous voulez dire. Bon ben on doit se quitter. Au plaisir de se rat-conter de nouvelles histoires.

R : C’est ça. Bon débar-Rat!

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