« C’est la nouvelle qu’on attendait depuis des années. C’est un grand jour pour nous et pour l’entreprise. Nous en sommes très heureux », s’exclame le président et chef de la direction de Charbone, Dave Gagnon, qui est venu annoncer la bonne nouvelle à notre journaliste le jour même en compagnie du chef des opérations de l’entreprise, Daniel Charette.
Dans diverses entrevues au cours des derniers mois, les deux hommes ont répété que l’objectif était de mettre en branle les opérations d’ici la fin de l’année 2024. « On a encore beaucoup de choses à faire d’ici là , dont discuter avec la compagnie de construction EBC. C’est encore le but, on veut respecter notre échéancier », assure M. Gagnon.
Le projet comprend cinq phases. Ce permis de construction est valide pour la première phase seulement. « Toutes les composantes sont prêtes chez les différents manufacturiers, dévoile M. Charette. Comme c’est une usine modulaire pour la première phase, quand toutes les composantes vont arriver, on devra les raccorder les unes avec les autres, donc on s’attend à ce que la production aille rapidement et que la production débute aussi rapidement. »
Au fur et à mesure que le projet avancera, on verra entre autres pousser des bâtiments administratifs et un centre de recherche pour l’hydrogène. Au début du projet, entre 10 et 15 employés travailleront au transport, à la logistique ou à l’opération de l’usine. Au terme des cinq phases, on parle plutôt de 75 à 100 employés et d’un investissement total de 150 M$.
« Notre objectif est de décarboner les industries. C’est notre marché chez Charbone. L’hydrogène est un marché de 200 milliards $ par année, mais c’est de l’hydrogène gris ou bleu, c’est-à -dire qu’il est produit à partir du gaz naturel. Nous, nos intrants, c’est de l’eau et de l’électricité propre », explique Dave Gagnon.
Bloc d’électricité refusé
À l’instar des Forges de Sorel qui se sont vu refuser un bloc d’énergie pour décarboner ses activités, Charbone a aussi essuyé un refus le 11 juin dernier. Toutefois, ce refus ne vient pas mettre en péril les deux premières phases du projet.
« On avait fait une demande de 28 mégawatts (MW) qui a été refusée. Quelques semaines après, on a refait une demande de 35 MW pour les phases 3, 4 et 5. On pourra utiliser jusqu’à 5 MW pour les deux premières phases, ce qu’on va faire, donc ça va être correct pour la prochaine année, mais on n’est pas venus à Sorel-Tracy pour faire seulement deux phases », insiste Dave Gagnon.
Rappelons que le projet de loi 2, adopté à l’Assemblée nationale l’an dernier, vient entre autres enlever l’obligation d’Hydro-Québec de desservir tous les projets industriels de plus de 5 MW, ce qui limite le nombre de projets acceptés partout au Québec.
« On n’a pas dénoncé la situation comme les Forges l’ont fait, mais on ne se gênera pas pour le dire non plus. Notre entreprise est cotée en bourse, on a une centaine d’actionnaires, dont la majorité proviennent du Québec, qui veulent tous que Charbone s’implante à Sorel-Tracy pour cinq phases », soutient M. Gagnon.
« Quand on a commencé les démarches il y a quatre ans, le projet de loi 2 n’était pas prévu encore. Ça vient un peu contrecarrer les plans, puisqu’on a choisi cet emplacement à Sorel-Tracy de façon stratégique, notamment à cause de l’électricité qui y est disponible », ajoute Daniel Charette.
Les deux hommes sont toutefois loin de jeter la serviette. Au contraire; ils sont optimistes en vue du début des travaux pour la première phase. « On y croit! La Ville de Sorel-Tracy nous appuie et on leur remercie de leur collaboration. On a aussi le support de la communauté », conclut Dave Gagnon.