Le 24 septembre 2022, sa fille Synthia Bussières ainsi que ses petits-enfants Éliam (5 ans) et Zac (2 ans) ont été retrouvés inconscients dans leur condo de Brossard par les pompiers, intervenus sur les lieux d’un incendie. Leur décès a été constaté peu de temps après à l’hôpital. Le conjoint de Synthia, Mohamad Al Ballouz, a été accusé de deux meurtres prémédités envers ses enfants, de meurtre non prémédité envers sa conjointe et d’incendie criminel. Son procès a débuté le lundi 11 novembre.
Deux ans presque jour pour jour après cette tragédie, Sylvie Guertin a pris le taureau par les cornes et a choisi de s’impliquer auprès de la Table de concertation des groupes de femmes de la Montérégie (TCGFM) dans le cadre de la campagne « La prochaine est encore en vie ». Le lundi 25 novembre, un 5 à 7 est organisé à La Prairie afin de lancer cette campagne.
Rappelons que du 25 novembre (Journée internationale de la violence à l’égard des femmes) au 6 décembre (date de la tuerie de Polytechnique en 1989), les 12 Journées d’action contre la violence faite aux femmes ont lieu partout au Québec.
« Je m’implique pour plusieurs raisons, affirme d’entrée de jeu Sylvie Guertin. D’abord, pour défendre les droits des victimes, mais aussi pour dénoncer les nombreux reports et délais avant un procès. Ma fille et mes petits-enfants ont été tués le 24 septembre 2022 et le procès commence près de deux ans plus tard. C’est normal vous croyez? Pourtant, le ministre [de la Justice] Simon Jolin-Barrette a mentionné que les dossiers de meurtre doivent être traités en priorité. Pour moi, deux ans, ce n’est pas prioritaire. »
En date du 28 octobre, la TCGFM a comptabilisé 23 féminicides au Québec depuis le début de l’année au Québec. Pour toutes ces femmes et pour sa fille, la Soreloise veut faire avancer les choses.
« Avec mon implication, je veux lancer plusieurs messages aux élus. Je veux que notre justice soit plus sévère avec les agresseurs qui réussissent à s’attaquer à leur victime même après qu’elle ait dénoncé. Il faudrait qu’on les garde incarcérés plus souvent lors des enquêtes sur remise en liberté. Il faut aussi aider financièrement les victimes. La plupart ne sont pas capables de travailler, ne savent pas quand elles vont se mettre à pleurer. Je peux les comprendre, ma vie n’est plus la même depuis deux ans », témoigne-t-elle.
Sylvie Guertin demande aux femmes de ne pas avoir peur de dénoncer. « Des organismes existent. Ma fille doit avoir vécu l’horreur, mais elle n’en parlait pas. Je voyais qu’elle était maigre et qu’elle avait changé un mois avant sa mort, mais je ne suis pas intervenue. Il faut savoir écouter les signaux. »
Un procès suivi
Le procès de Mohamad Al Ballouz, qui a débuté le 11 novembre au palais de justice de Longueuil, sera très suivi au Québec. Il devrait être d’une durée de six semaines et l’accusé se représentera seul, ce qui est peu commun pour un procès pour meurtre.
Mohamad Al Ballouz, au moment des accusations portées, était de genre masculin. Or, en ce moment, il se présente de genre féminin et veut se faire appeler Levana Ballouz, a expliqué le juge de la Cour supérieure Éric Downs, aux jurés, le 8 novembre dernier. Le juge s’est assuré que les jurés n’entretenaient pas de préjugé envers les personnes transgenres. L’accusée est présentement incarcérée à l’établissement de détention Leclerc, une prison pour femmes, ce qui est un non-sens selon Sylvie Guertin.
Cette dernière, qui a assisté à la première journée, ne sait pas si elle sera présente à tous les jours du procès. Une chose est certaine, elle ne veut qu’une seule chose. « Que justice soit faite! J’espère que le verdict sera ferme et sans possibilité de libération avant 25 ans, ce qui est le maximum. Un non-sens quant à moi, puisque ça devrait être 75 ans pour trois meurtres », conclut-elle.