Journaliste : Bonjour les lunettes. Que diriez-vous de venir avec moi pour une entrevue et quant à y être, prendre un verre.
Lunettes : Excuse, je ne t’avais pas vu. Mais dans mon cas c’est plutôt, prendre des verres, mais enfin. Je me suis toujours dit que le journaliste qui parviendrait à m’interviewer n’était pas en cornée, mais bon. À toi de voir.
J : Iris pas d’avoir un précédent. Je vais y aller crûment dès le début. Parlez-moi de vos amours.
L : Je vois, alors je peux te dire qu’on fait une belle paire tous les deux. À son anniversaire, je lui ai offert un manteau de vision. Elle se plaint qu’elle ne peut se regarder dans le miroir.
J : Ah? Pourquoi donc?
L : Elle a des anti-reflets.
J : Comment s’appelle-t-elle?
L : Prunelle.
J : Avez-vous eu des enfants?
L : Oui, des jumelles.
J : Quel est votre mets préféré?
L : De la soupe aux lentilles. Mes pupilles gustatives en raffolent.
J : Heu, c’est papille.
L : En effet, je trouve ça pas pire. J’aime le yogourt aussi, le Myoplait, là. En passant, comment t’appelles ça des vers de terre qui jouent au football?
J : Heu! Je ne vois pas (c’est le cas de le dire).
L : Des vers de contact. Ah! Ah! Ah!
J : Et ceux qui désirent avancer dans la vie, ce sont des vers progressifs, je suppose? Parlant de sport, auriez-vous aimé en pratiquer?
L : J’aurais aimé faire du cheval. Cela m’aurait fait deux montures au lieu d’une. J’ai aussi suivi longtemps le hockey junior, du temps où il y avait une équipe à Shawinigan. Les Cataractes, je pense.
J : C’est pas les Glaucomes? Et vous suivez les Canadiens de Montréal au hockey.
L : Oui et j’aime bien le joueur Alex Newlook.
J : Des artistes que vous appréciez?
L : Le chanteur Monocle Serge, là.
J : Mononc’ Serge, vous voulez dire. Je vois que, où vous demeurez, il y a deux cheminées.
L : T’as jamais entendu parler des doubles foyers?
J : Parlez-nous de vos amis…
L : J’ai un ami téléscope. Il est facile d’approche.
J : Téléscope, téléscope, je pensais que c’était pour les télévisions qui avaient mauvaise haleine. Ah! Ah! Ah!
L : J’ai aussi une amie qui voit toujours tout en noir.
J : C’est triste.
L : Ça dépend. Pas si c’est des lunettes de soleil.
J : Et les réseaux sociaux?
L : Je vais sur Optic-toc.
J : Changeons de sujet. Vous ne croyez en aucun être supérieur, semble-t-il.
L : Non, je suis astigmate.
J : Vous voulez dire agnostique.
L : Ça dépend. Pas pour des lunettes.
J : En passant, vous pourriez peut-être m’aider. Il m’arrive de voir des points noirs dans ma vision, comme de petites mouches. De quoi puis-je souffrir?
L : Vous êtes presbibyte.
J : Presbibites? Suivez-vous l’actualité?
L : Je m’inquiète de la conjonctivite économique.
J : C’est conjoncTURRRRRE. Qu’est-ce qui est le plus important pour des lunettes?
L : Des oreilles. As-tu fini ton entrevue? Tu commences à me tomber sur les nerfs optiques. Sois plus bref, cils vous plaît.
J : Pas de sourcils, j’achève. Une anecdote en terminant?
L : Chaque fois que je vais chez l’occuliste, les lunettes rient.
J : Les lunetteries. Très drôle. Et bien, on va peut-être se revoir un jour sur mon nez.