Une telle augmentation aura un impact sur ceux qui cherchent à se loger, mais aussi sur ceux qui sont déjà logés et qui peinent déjà à joindre les deux bouts. « Au niveau régional, le prix élevé des logements a déjà des conséquences dramatiques, telles que l’accroissement du sentiment d’insécurité résidentielle. De plus, nous craignons une augmentation croissante des demandes d’éviction. Ces derniers mois nous ont aussi montré que le phénomène de l’itinérance n’est plus réservé qu’aux métropoles. Nous redoutons que cette nouvelle suggestion d’augmentation vienne accroître ce phénomène », indique M. Gosselin.
Selon lui, il en coûte actuellement entre 1000 et 1100 $ par mois pour habiter un 4 ½ et 950 $ par mois pour un 3 ½ dans le secteur de Sorel-Tracy. Si la recommandation du TAL est suivie, cela impliquerait que le coût de location du 4 ½ à Sorel-Tracy pourrait grimper à 1059 $ au renouvellement du bail, soit une hausse de 709 $ pour une année. « Normalement, une personne ne devrait consacrer que 30 % de ses revenus pour se loger. Ici, dans notre MRC, il n’est pas rare que certains doivent injecter 50 % et plus de leurs revenus », souligne M. Gosselin. Selon ce qu’il constate, plusieurs locataires n’ont déjà plus la marge de manœuvre pour payer 60 $, 80 $ ou 100 $ de plus par mois et sont actuellement obligés d’amorcer une bataille vitale, vu l’insuffisance de logements sociaux et communautaires.
Le taux d’inoccupation a peu d’impact
Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), en 2023, le taux d’inoccupation était de 0,4 % à Sorel-Tracy. Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).En avril 2024, il était de 0,9 % et il a grimpé à 1,9 % en octobre 2024. « Si le taux d’inoccupation est plus élevé, il ne reflète pas la réalité des vrais besoins de la région », fait remarquer le coordonnateur d’Action Logement Pierre-De Saurel.
D’après M. Gosselin, il est vrai qu’il se construit de nouveaux logements, ici, mais ils sont surtout destinés à attirer de nouveaux résidents venus de l’extérieur et cela ne règle en rien le problème des gens qui ont des revenus peu élevés puisqu’il ne se construit peu ou pas de loyers à prix modiques.
Loyers modiques
Du côté de l’Office d’habitation (OH) Pierre-De Saurel, on pourrait croire que ces éventuelles augmentations de loyer les concernent moins. « Cela nous touche de façon détournée. À cause de cela, la demande pour des logements à loyers modiques peut augmenter », croit Debbie Savoie, directrice générale de l’OH Pierre-De Saurel. « Des gens ont des craintes, des inquiétudes face à ces augmentations, on le sent », ajoute-t-elle, en précisant qu’à l’heure actuelle, 130 dossiers sont en attente d’un logement à loyer modique. « Au cours de la dernière année, nous avons eu 38 dossiers dans le cadre du Programme de supplément au loyer », de préciser Debbie Savoie.
Par ailleurs, tant la directrice générale de l’OH Pierre-De Saurel que le directeur d’Action Logement Pierre-De Saurel rappellent que les locataires peuvent contester la hausse de loyer demandée par leur propriétaire et toutes autres demandes de modifications au bail, tout en demeurant dans leur logement. Les locataires doivent savoir également qu’un avis d’augmentation de loyer doit répondre à plusieurs critères pour être légal.
Finalement, Dominic Gosselin avait un message à transmettre au TAL. « Nous demandons à Québec de s’assurer que le TAL revoie sa méthode de calcul menant aux suggestions annuelles. De plus, réitérons une vieille, mais toujours aussi pertinente revendication, soit celle de mettre en place un contrôle obligatoire et universel des loyers et également la mise en place d’un registre public des loyers afin de contrer les hausses abusives lors du changement de locataire », souhaite M. Gosselin en conclusion.