Selon les citoyens de ce regroupement, « ce mégaprojet portuaire aura des impacts majeurs sur la qualité de vie des résidents et sur l’environnement. La justification économique est peu convaincante et beaucoup de questions sur ce projet demeurent sans réponse », insistent-ils.
L’administration portuaire de Montréal (APM) a confirmé, lors de rencontres avec les citoyens et citoyennes de Contrecœur, que ce serait jusqu’à 1200 camions par jour ajoutés à la circulation de la route 132 et l’autoroute 30. « Le bruit, la poussière, le trafic généré par ces milliers de camions auront un impact considérable sur la qualité de vie, la qualité de l’air et la santé des 10 000 habitants de Contrecœur, » affirme Gilles Dubois, le coordonnateur du regroupement citoyen.
« Comment ces routes, déjà mal en point, résisteront-elles? Comment les résidents feront-ils pour circuler parmi ce trafic de camions? À cela s’ajoutera l’implantation d’une gare de triage et une augmentation drastique du trafic ferroviaire qui traversera tout le territoire de Contrecœur et des villes voisines, ajoutant fortes vibrations et bruits à la liste des nuisances. La manipulation de 1,15 million de conteneurs par année impliquera inévitablement des nuisances sonores très significatives », poursuit-il.
Pour Vigie Citoyenne Port de Contrecœur, la construction du terminal de conteneurs est également une aberration écologique, puisqu’il faudra abattre une grande forêt mature, détruire plusieurs milieux humides et bétonner une plage. « C’est aussi 245 acres de terres agricoles qui vont disparaître! Ces terres nourricières, une fois remplacées par du béton et de l’asphalte, vont devenir un immense îlot de chaleur équivalent à 96 terrains de football! Plusieurs espèces seront affectées par la perte d’habitat; c’est le cas notamment de l’emblématique chevalier cuivré déjà considéré comme menacé d’extinction selon la loi sur les espèces en péril. Le projet portuaire menace directement son aire de reproduction », souligne M. Dubois, qui s’inquiète également de la qualité de l’eau du Saint-Laurent qui sera modifiée par le dragage et le drainage et de la faune terrestre et aquatique qui sera dérangée par le bruit, le fort éclairage et l’intense présence humaine.
Si certaines mesures d’atténuation ont été prévues, elles sont insuffisantes, selon Gilles Dubois. « Faut-il se réjouir que des nichoirs en béton remplacent la nature pour les hirondelles de rivage? Planter de petites tiges d’arbres qui mettront des dizaines d’années à croître ne remplace pas des arbres centenaires comme ceux détruits! » affirme-t-il.
Selon le comité, les citoyens qui se demandent quels seront les effets du dragage du fleuve Saint-Laurent sur l’érosion dont souffrent déjà les berges de Contrecœur n’ont obtenu aucune réponse satisfaisante. « L’APM a affirmé, lors des rencontres avec les citoyens en juin 2024, qu’il n’y aurait aucune conséquence alors que tous les scientifiques s’accordent pour dire que modifier le lit d’un fleuve en génère inévitablement. Vigie citoyenne Port de Contrecœur regrette que l’étendue du dragage et sa profondeur demeurent inconnues malgré les demandes des citoyens », mentionne le président.
« Le gouvernement du Québec a tenté de justifier l’investissement de 130 M$ de fonds publics dans ce projet, au coût estimé de 1,6 milliard, en invoquant la nécessité urgente d’agrandir la capacité du Port de Montréal, mais en réalité son nombre de conteneurs manipulés a diminué depuis deux ans. On constate un déclin mondial du transport maritime de conteneurs dû à la persistance de l’instabilité géopolitique, des guerres commerciales avec tarifs douaniers et des mesures de protectionnismes économiques qui se mettent en place partout dans le monde. De plus, l’épisode pandémique de la Covid a révélé la fragilité d’une économie mondialisée lors de période de crises. Dans un contexte de crise écologique cumulé à la situation géopolitique mondiale, on est en droit de se demander si miser sur une économie mondialisée est la bonne stratégie. Pourquoi les Québécois et les Canadiens dépenseraient 1,6 milliard pour ce projet, développé avec une vision économique datant des années 80, que plusieurs experts qualifient maintenant d’éléphant blanc », conclut Gilles Dubois.
Vigie citoyenne Port de Contrecœur est un réseau de personnes et d’organismes qui défendent les intérêts des citoyens face aux impacts environnementaux, sociaux et économiques du projet d’expansion du port de Contrecœur. Le réseau vise à diffuser de l’information sur le projet d’agrandissement et sur ses impacts sur les citoyens de Contrecœur et de la Montérégie.