25 mars 2025 - 07:57
Autre épisode de poussière au centre-ville de Sorel-Tracy
Richardson International s’explique, des citoyens exaspérés
Par: Jean-Philippe Morin

Les canons à eau étaient actifs pendant plusieurs jours, la semaine dernière. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Un important amas de poussière était déposé sur toutes les surfaces au centre-ville de Sorel-Tracy, le 17 mars dernier, gracieuseté de Richardson International. Photo tirée de Facebook/Corina Bastiani

Un important amas de poussière était déposé sur toutes les surfaces au centre-ville de Sorel-Tracy, le 17 mars dernier, gracieuseté de Richardson International. Photo tirée de Facebook/Corina Bastiani

Malgré des investissements de 1,3 M$ annoncés à la fin de l’année 2023, et après avoir annoncé avoir réduit de plus de 60 % ses émissions de poussières en 2024 grâce à ces investissements, l’entreprise Richardson International a de nouveau fait l’objet de critiques la semaine dernière, sur les réseaux sociaux, en raison d’un important épisode de poussières.

Le 17 mars, alors que des municipalités de la région étaient aux prises avec la crue printanière et une montée fulgurante des eaux, le centre-ville sorelois était tout sauf mouillé. La présidente de la Société de valorisation du centre-ville de Sorel-Tracy, Corina Bastiani, a publié plusieurs photos sur sa page Facebook afin de démontrer l’ampleur du phénomène.

Sous la publication, une cinquantaine de citoyens ne se sont pas gênés pour critiquer l’entreprise. « Quelqu’un ici est tombé en bas de sa chaise? Continuons qu’ils disaient », écrit David Dionne. « Ça doit être tellement bon pour le système respiratoire », ironise Caroline English. « C’est l’enfer! Et très désagréable », renchérit Katerine Desrosiers.

En temps normal, Richardson International doit avertir la Ville de Sorel-Tracy lorsqu’il y a un transbordement de maïs pouvant causer de la poussière. Vérification faite, la Ville n’a pas été mise au courant cette fois.

Forts vents

Dans un communiqué envoyé trois jours plus tard, Richardson International explique qu’elle a, au cours des derniers mois, manutentionné des volumes sans précédent de maïs provenant du Québec et de l’Est ontarien vers des marchés d’exportation, et ce, dans un contexte mondial incertain. Ces derniers jours, la vitesse et la direction des vents nord et nord-est ont amplifié le problème de poussières au centre-ville, justifie l’entreprise.

« Notre équipe prend cette situation très au sérieux. Lors des opérations de chargement, nous déployons de nombreuses mesures pour limiter l’impact de nos opérations, en allongeant les becs verseurs des élévateurs au maximum pour réduire la vitesse, la distance et la force de l’impact des grains dans la cale du navire. Nous nous assurons aussi d’activer l’ensemble de nos équipements de filtrage et de dépoussiérage. Les températures plus chaudes des derniers jours nous permettent maintenant de mettre en marche nos canons à eau pour générer un écran qui capture les particules dans l’air, ce qui n’était pas le cas en début de semaine en raison des basses températures extérieures, puisqu’ils auraient créé des plaques de glaces au sol, ce qui aurait mis à risque la sécurité de nos équipes », écrit l’entreprise dans le communiqué.

Des améliorations

Dans un communiqué de presse envoyé en décembre 2024, Richardson International assurait que les investissements de 1,3 M$ annoncés un an plus tôt avaient porté leurs fruits. Dans ce nouveau communiqué du 20 mars dernier, l’entreprise réitère que le but est de toujours réduire l’émission de poussières organiques.

Richardson a notamment ajouté deux nouvelles trémies d’élimination des poussières développées sur mesure pour ses installations de Sorel-Tracy, remplacé deux dépoussiéreurs par des dépoussiéreurs plus performants, installé un troisième canon à eau pour réduire le passage des poussières à l’extérieur du site, installé des systèmes de chargement fermés qui permettent la captation des particules au fur et à mesure avec des goulottes de chargement équipées de systèmes de collecte et installé un nouveau bec verseur pour une réduction de la distance entre le bec et la cale du bateau, réduisant les émissions à la source.

« Nous sommes conscients des poussières organiques générées par la nature de nos activités et nous continuerons de déployer des mesures technologiques pour en limiter l’impact au maximum », conclut l’entreprise dans son communiqué.

Rappelons qu’en mai 2024, la Direction de santé publique de la Montérégie rendait publique une analyse réalisée en 2019-2021 qui soutenait que les activités de Richardson au centre-ville de Sorel-Tracy affectaient considérablement la qualité de l’air. L’étude démontrait que divers problèmes de santé étaient deux fois plus présents au centre-ville de Sorel-Tracy et à Saint-Joseph-de-Sorel qu’ailleurs au Québec.

Plus ça change…

Serge Verrier, propriétaire du commerce Verrier Prêt à porter, a même publié sur Facebook une lettre datant du 16 mai 1980, écrite par son frère Pierre Verrier, demandant à la Cité de Sorel de voir à la pollution causée par les élévateurs à grain.

« Vous n’êtes pas sans savoir que l’association du Centre des affaires de Sorel, association dont je fais partie, fait des pieds et des mains afin de faciliter le magasinage de nos gens chez nous et par le fait même de conserver la bonne santé économique de notre région. Je crois que l’une des premières choses qu’il y aurait à faire serait d’avoir un air respirable et non rempli de poussières de grains qui s’infiltrent partout sous l’action du vent », peut-on lire dans sa lettre.

« Voici une demande qui a été écrite par mon frère il y a 45 ans. Comme quoi le problème n’est pas nouveau! » écrit Serge Verrier, sur sa page Facebook.

Depuis ce temps, d’autres mobilisations ont eu lieu. Par exemple, un comité, formé en 2016, réunissait des commerçants et des citoyens du centre-ville afin de faire bouger les choses et en 2018, l’entreprise mettait en place des mesures d’atténuation, mais les épisodes se sont tout de même répétés à plusieurs reprises au cours des dernières années. C’est pourquoi un comité de voisinage réunissant élus, commerçants, citoyens et l’entreprise a de nouveau été formé. Il s’est réuni en novembre 2023 et deux fois en 2024.

Les citoyens qui souhaitent communiquer une situation quelconque à l’entreprise peuvent le faire via une adresse courriel (communautesrichardson@richardson.ca), une boîte vocale (450 328-1166) ou un site Web www.richardson.ca/soreltracy-fr. Il est aussi possible de porter plainte directement au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) en remplissant un formulaire en ligne ou en appelant au 1-866-694-5454.

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