Lutteur bien connu dans la région, Jason Petitclerc avait livré son histoire à notre journaliste en novembre 2023. À ce moment, il prétendait avoir été expulsé illégalement de son logement le 30 août précédent, l’obligeant ainsi à dormir presque tous les soirs dans sa voiture. Il soutenait qu’après un conflit avec Éric Gagnon, ce dernier avait mis ses objets à la rue.
Jason Petitclerc s’était donc adressé au Tribunal administratif du logement, réclamant 22 500 $ en dommages et intérêts ainsi que 40 000 $ à titre de dommages moraux pour les troubles, inconvénients causés et pour dommages punitifs.
Après avoir entendu plusieurs témoignages durant les procédures au Tribunal, dont ceux de Jason Petitclerc, Yvette Dubé, Éric Gagnon ainsi que le voisin et la mère de M. Petitclerc, le juge a rejeté la demande du locataire, le 22 janvier dernier, soutenant que la preuve démontre de façon prépondérante que le locataire n’a pas été expulsé illégalement du logement concerné. Le Tribunal conclut plutôt que le locataire a volontairement et librement quitté les lieux.
« La preuve révèle qu’en date du 18 août 2023, le logement est à l’abandon […]. Il n’y a plus d’électricité au logement et, le locataire et celle qui s’occupe du logement, sont financièrement incapables de payer le loyer du mois d’août, mais aussi de satisfaire les conditions émises par Hydro-Québec pour le rétablissement de l’électricité au logement », peut-on lire dans le document du Tribunal.
Le juge souligne aussi que M. Petitclerc n’est pas retourné au logement après les événements du 30 août. « Le locataire n’est jamais revenu au logement qu’il a quitté en laissant derrière lui les trois chats. […] Le 30 août 2023, non seulement le locataire a-t-il abandonné ses droits dans son bail et dans son logement; son droit au maintien dans les lieux, qu’il a aussi abandonné tous ses effets personnels qu’il avait sortis du logement avec l’aide du représentant, Monsieur Gagnon », lit-on.
Soulagement et amertume
Éric Gagnon se dit satisfait de la décision du juge, soulignant que le processus était tout de même long et dispendieux, surtout pour sa mère, propriétaire du bâtiment, qui était visée par la réclamation. En plus des frais d’avocat, la famille Gagnon a dû rénover l’ancien appartement de Jason Petitclerc à ses frais.
Par ailleurs, durant les procédures, le locataire était épaulé par Dominic Gosselin, le coordonnateur d’Action logement Pierre-De Saurel. Éric Gagnon se demande si l’organisme « n’a pas la gâchette trop vite » lorsque vient le temps d’aider un locataire qui vit une situation problématique avec un propriétaire.
Questionné à ce sujet, M. Gosselin n’était pas d’accord. « Je ne travaille contre personne, mais pour les gens », mentionne-t-il.
Il confie d’ailleurs être déçu de la décision du Tribunal, soutenant que Jason Petitclerc a été évincé sans jugement. « On prend les histoires des gens quand ils nous les racontent, précise-t-il. C’était la bonne décision d’accompagner Jason. »
De son côté, Jason Petitclerc est déçu de la décision du Tribunal. « Je ne comprends pas la décision du juge parce que j’ai été évincé illégalement. Au final, on perçoit la situation chacun de notre façon », a-t-il confié au journal.