Évidemment, on ne peut éviter de parler de l’importance qu’auront eu les frères Ludger, Édouard et Joseph Simard, lesquels, dès le début du siècle, ont pris en charge les principaux leviers économiques de Sorel dans de multiples secteurs, dont celui de l’industrie maritime.
Attardons-nous surtout aux 19e et 20e siècles où plusieurs autres joueurs, de plus petite envergure peut-être, ont eu leur importance dans la communauté, notamment au niveau commercial. « À la fin du 19e siècle, il y a eu la boulangerie-confiserie de William Lunan sur la rue du Roi, lequel possédait également des terres à Saint-Joseph-de-Sorel. Il travaillait avec son fils qui est décédé très tôt dans un accident aux États-Unis alors qu’il allait suivre une formation. Il devait prendre la relève de son père », raconte Amy Cournoyer, historienne pour la Société historique Pierre-De Saurel.
Fondée en 1836, la briquerie Sheppard, transformée en scierie par la suite, a contribué, comme bien d’autres entreprises d’ailleurs, à alimenter l’industrie navale locale, en matériaux. La fonderie Beauchemin et Fils, acquise plus tard par les frères Simard, a également contribué à fournir de l’acier à l’industrie de la navigation soreloise.
Toujours à la fin du 19e siècle, David Finley et son fils William ont été de prospères marchands et tailleurs dans le domaine du textile. Ils étaient notamment reconnus pour leur grande générosité envers leur communauté.
Charles-Omer (C.O.) Paradis possédait, lui, un magasin à rayons. « En fait, c’était l’un des plus gros magasins à rayons au Québec, voire le plus gros de cette fin de siècle, ce dernier disposant de 40 000 pieds carrés, nous apprend Amy Cournoyer. Il était situé près d’où se trouve le restaurant Le Cactus aujourd’hui (du Roi et Augusta). C.O. Paradis était un homme d’affaires très entreprenant », nous apprend Amy Cournoyer.
C.O. Paradis en imposait. Il a même été maire de Sorel. « Il a été membre fondateur de la Corporation de la compagnie électrique de Sorel. Il faisait partie de ces hommes d’affaires qui touchaient à tout », raconte Mme Cournoyer.
Que dire de Napoléon Chalifoux, qui a fondé la laiterie du même nom en 1920 et qui, avec sa femme, Alexandrina et ceux qui leur ont succédé, Jean-Pierre, Jean-Paul et Alain, ont poursuivi le travail du fondateur. Aujourd’hui, le nom Chalifoux a laissé un héritage extraordinaire avec des produits comme le fameux fromage et le yogourt Riviera. « Dans le domaine du textile, plus près de notre époque, a vu poindre le fondateur de la chaîne de magasins et de la marque de vêtements pour femmes Jacob, Joey Basmaji. La première boutique Jacob a été inaugurée à Sorel », souligne Amy Cournoyer. À son apogée, l’entreprise regroupait près de 200 magasins et employait des milliers de personnes à travers le Canada. Le détaillant a toutefois fermé ses portes en 2014, face à une concurrence féroce.
Les Assurances Lussier, fondées au début du 20e siècle (1915), ont été également une entreprise qui a su prospérer avec les années et qui existe encore aujourd’hui.
Évidemment, cette nomenclature est bien incomplète, car on aurait pu aussi parler de Lucien Lachapelle dans le domaine de la construction, mais elle montre que des entreprises comme Rio Tinto, Richardson, Arcelor Mittal ou les Forges de Sorel ont eu leurs prédécesseurs en matière de dynamiques entrepreneurs.