« Je ne m’attendais vraiment pas à ça. Ma soirée semblait terminée après mon discours, mais au final, elle ne faisait que commencer. Ce prix est souvent attribué à des géants de l’industrie. Nous ne sommes pas une grande ferme, nous ne faisons pas d’exportation et on n’est pas les plus gros producteurs. Mais ce qu’on a fait, on l’a fait autrement. On a innové et surtout, on a partagé », raconte-t-il, encore marqué par cette surprise.
Depuis 43 ans, Paul et sa famille dirigent Céréales Bellevue, une ferme de Saint-Robert qui mise sur une agriculture durable et respectueuse de l’environnement. Lorsqu’ils ont commencé, ils avaient tout à bâtir. « On partait avec une vieille grange à défaire et un petit hangar. Le reste, c’était de l’ouvrage de pionnier. On a tout construit à la sueur de notre front et surtout, avec l’envie d’apprendre de nos erreurs », se souvient le Grand Bâtisseur.
Ce qui fait que Paul Caplette est apprécié par ses pairs, c’est sa volonté de partager son expérience. « On n’a pas de recette magique. Mais quand un jeune agriculteur m’appelle, je lui réponds. Je lui dis ce qui a marché chez nous et ce qui a échoué. Si ça peut aider quelqu’un, je ne vois pas pourquoi je garderais tout ça pour moi », explique le mentor, qui croit fermement à la relève dans le domaine agricole.
Le travail de l’agriculteur a toujours été orienté vers l’innovation. « Dans un milieu où les changements se font souvent lentement, j’ai décidé d’innover dès le début. On a décidé de travailler avec des équipements plus petits. On a réduit notre consommation de carburant, de pesticides et on produit avec un impact environnemental moindre. Nous avons réduit de plus de 30 % nos émissions de gaz à effet de serre. Ça n’a pas été facile, surtout à une époque où ce n’était pas à la mode de penser ainsi, mais aujourd’hui, on voit que c’était la bonne direction. »
C’est en ayant en tête une bonne pensée pour son ami Alain Beaudin, décédé en juillet dernier, que Paul Caplette a reçu le prix Grand Bâtisseur 2025. « C’était un pionnier dans le secteur agricole. Je pense qu’Alain aurait été fier de ce prix. Il m’a aidé à voir plus grand et à penser différemment. On a parfois eu des discussions très franches, mais ça m’a permis de grandir. J’aime tellement ce que je fais que je me réveille chaque matin pour aller travailler, bien avant que le cadran ne sonne », de conclure le passionné.