26 mai 2025 - 09:57
Le sapré prix de l’essence
Par : Deux Rives

Maire de Massueville de 2005 à 2021, Denis Marion commente l'actualité en tant que chroniqueur au journal Les 2 Rives depuis décembre 2021. Photo Simon Ménard

Dès sa prise de fonction à titre de premier ministre du Canada, il y a quelques mois et avant même les élections du 28 avril dernier, Mark Carney a annoncé l’annulation de la taxe sur le carbone. Cette mesure, qui coupait l’herbe sous le pied de Pierre Poilievre qui en avait fait la mesure phare de sa campagne, a fait diminuer le prix du litre d’essence de 0,10 $ partout au Canada. Partout? Non, dans toutes les provinces canadiennes sauf au Québec, qui a son propre système, différent de celui du gouvernement fédéral. D’où le débat un peu surréaliste qui s’est engagé ici.

Un débat qui a pris de l’importance lorsque le Journal de Montréal a publié un sondage dans lequel une majorité de Québécois souhaitait également voir diminuer le prix de l’essence et que nos représentants à l’Assemblée nationale se mettent à faire de la politique avec ça. Malheureusement.

Avant d’aller plus loin, revenons à une époque qui me semble déjà lointaine tellement nous avons oublié ce qui était encore important encore récemment.

Nous savons tous que les changements climatiques s’accélèrent et que leurs conséquences sont bien réelles, nous affectent déjà et nous affecteront toujours un peu plus chaque année. Et ce ne seront pas des effets anodins. Oui, la planète est en danger et je sais très bien que le fait de l’écrire ici semble alarmiste et que nous sommes tous fatigués de le lire. Mais nous savons tous que ces modifications du climat sont essentiellement dues à l’activité humaine et que de faire semblant que ce n’est pas le cas nous rend encore plus vulnérables.

Et voilà tout à coup que ces questions passent littéralement à la trappe à cause de l’actualité politique découlant de l’élection à la Maison-Blanche d’un personnage qui s’est donné pour mission de prendre sa vision du monde pour la réalité en tentant de l’imposer littéralement à la planète. Indépendamment des faits et malgré les conséquences à long terme.

Le Québec, dès 2013, a choisi de joindre la Californie dans un marché du carbone qui vise à placer un prix à la pollution par les hydrocarbures pour inciter les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). En lui-même, ce système fonctionne. Évidemment, il induit une augmentation du prix de l’essence au Québec. Les revenus générés ont été investis dans d’abord dans le Fonds Vert puis dans un nouveau Fonds d’électrification et de changements climatiques. Gros enjeu : les investissements réalisés jusqu’ici pour favoriser l’adaptation climatique grâce à ces fonds ne convainquent pas grand monde.

Bref, on tourne en rond. Pourtant, les enjeux à long terme pour chacune et chacun d’entre nous sont fondamentaux.

Les consommateurs québécois sont jaloux de la diminution du prix de l’essence dans les provinces canadiennes, des politiciens sans grande vision promettent de faire diminuer le prix de l’essence pour s’attirer des votes. Le Québec est en train d’oublier pourquoi on a mis tout ça en place. Heureusement, le gouvernement actuel, à Québec, indique qu’il n’a pas l’intention de diminuer le prix de l’essence. Mince consolation.

Notre société a le devoir de diminuer rapidement l’utilisation des hydrocarbures et de diversifier nos sources d’énergie pour qu’elles soient renouvelables. Il faut se ressaisir, c’est vital.

Oui, je suis découragé devant la tournure des événements. Désolé.

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