Il faut d’abord savoir que Jennifer, qui est maintenant âgée de 53 ans, était déjà suivie, depuis 20 ans, en psychiatrie, étant atteinte d’une maladie affective de bipolarité et c’est à son médecin traitant à Sorel-Tracy qu’elle a confié ses premiers symptômes.
« Depuis quelques semaines, j’éprouvais plusieurs symptômes comme des difficultés d’élocution sous forme de bégaiement, une désorientation, des crises d’épilepsie, des migraines et des pertes de mémoire, pour ne nommer que ceux-là », mentionne d’abord Jennifer Bibeau qui, en plus d’enseigner au primaire, est chanteuse à ses heures.
Tous les tests classiques et nécessaires défilent pour Jennifer, dont une IRM du cerveau. « Le lendemain de ce test, on me donne rendez-vous à l’hôpital. J’avais peur, j’étais en panique. Je savais que ma grand-mère était décédée d’une maladie du cervelet », se remémore-t-elle.
Elle rencontre, par la suite, la neurochirurgienne et elle reçoit le verdict fatal. « On m’a annoncé que j’étais atteinte d’un cancer du cerveau inopérable, donc incurable et que ce que j’avais perdu comme facultés resteraient, que les symptômes qui m’envahissaient ne pouvaient que s’aggraver. On pouvait juste faire en sorte de prolonger un peu ma vie avec la chimio », raconte-t-elle. Plus d’espoir! Adieu la vie! Adieu à sa famille, ses deux enfants!
Sa famille, justement, a refusé de baisser les bras. Elle fait donc des démarches pour obtenir un deuxième diagnostic. On lui réfère le Dr David Fortin, qu’une de ses amies et sa sœur, connaissait bien. Le Dr Fortin est un neurochirurgien fort connu dans la profession qui pratique au CHU (Centre hospitalier universitaire) de Sherbrooke.
« Il a examiné mon IRM et fait le tour de ma situation et m’a dit spontanément : Jen, je t’opère! Pour lui, mon cas était plutôt banal. Je suis passée de zéro espérance de vie à 100 % espérance de vie. En trois semaines, j’étais passée du statut de mourante à une femme qui a désormais une espérance de vie de plusieurs années », raconte Jennifer.
L’opération, moment crucial
En mars 2024, le Dr Fortin procède à l’opération qui devait sauver la vie de Jennifer Bibeau.
« J’avais deux tumeurs collées ensemble et cela touchait la partie du cerveau en lien avec la communication, d’où mes problèmes d’élocution comme le bégaiement. Le médecin m’a proposé deux options, soit m’opérer endormie et il retirerait le plus d’éléments de la tumeur possible, puis ensuite, on me réveillerait. Ou encore on m’endormirait, on m’ouvrirait le crâne tout en me gardant en semi-conscience pour tester mon élocution en même temps que l’on continuerait à retirer la tumeur. Pour eux, j’étais consciente, mais pas pour moi. On me demandait de parler durant la chirurgie et au lieu de cela, je chantais », relate Jennifer Bibeau. C’était révélateur d’une passion que Jennifer caresse plus que tout au monde.
« Il m’a enlevé 75 % de la tumeur pendant que je chantais sur la table d’opération. Il me reste 25 % de la tumeur avec laquelle je devrai vivre désormais. Je dois être médicamentée en chimio tous les jours sous forme de pilules, en plus de ma médication pour l’épilepsie. Le Dr Fortin me voit tous les trois mois et il est prêt à me réopérer si la situation évoluait dans le mauvais sens », indique Jennifer.
En se confiant, Jennifer Bibeau s’est donné un objectif qu’elle considère primordial. « Je veux que tous comprennent une chose. Si j’ai un conseil à donner aux gens, c’est de ne pas hésiter à aller chercher un deuxième avis auprès d’un autre médecin », recommande-t-elle.
Le frère de Jennifer, Patrick, à la suite de l’aventure qu’a connue sa sœur, ne croit pas qu’il s’agisse ici de l’incompétence d’un médecin. « Je ne crois pas cela, mais ce que je crois, c’est que les médecins ont le devoir de se mettre à jour dans la pratique de leur profession », pense Patrick, qui croit aussi que l’on aurait dû référer sa sœur, sans hésiter, à David Fortin.
D’ailleurs Jennifer a appris plus tard que trois autres diagnostics du genre avaient été donnés à d’autres personnes sans deuxième avis, des personnes qui auraient pu avoir la vie sauve grâce à une intervention telle que le Dr Fortin a effectuée sur elle.
Souper-spectacle bénéfice
Après son expérience, il était naturel que Jennifer Bibeau cherche à redonner au suivant et, en particulier, à son sauveur, pour le remercier qu’on lui ait accordé une deuxième chance.
Ainsi, avec son frère Patrick et le groupe Sideline, elle organise un souper-bénéfice afin d’amasser des sous pour le Fonds Cœur en tête, du Dr Fortin, un organisme qui soutient la recherche sur le cancer cérébral. « C’est ma façon à moi de le remercier. Il m’a sauvé la vie, rien de moins », rappelle Jennifer Bibeau.
« Les gars viennent jouer bénévolement pour la cause. Ce sont des gars d’ici, soit Stéphane Jetté (batteur), Mathieu Cournoyer (guitariste), Pierre Blier (claviériste), Sylvain Guilbault (bassiste) et Jennifer sera notre chanteuse », annonce Patrick Bibeau.
Le spectacle se déroulera le vendredi 20 juin, au Complexe 180, situé au 180, rue Victoria à Sorel-Tracy. Les billets sont en vente au coût de 70 $. On peut réserver en écrivant au jennifer.bibeau@cssp.gouv.qc.ca. Les organisateurs demandent de vous identifier dans le courriel afin que le soir du spectacle, les billets soient réservés aux bonnes personnes.