Bien sûr que non.
L’objectif, ici, n’est pas de trouver des coupables, d’autres que nous ont cette responsabilité au besoin, mais plutôt de bien lire la situation pour s’assurer que le Québec prenne tous les moyens possibles en santé et en sécurité pour maintenir les risques pour les travailleurs qui sont en action sur un chantier à un degré minimal.
Les individus, les entreprises et les institutions sont actuellement aux prises avec d’importantes augmentations de coûts, dans toutes sortes de domaines. Dans l’univers de la construction, c’est le cas pour la main-d’œuvre, tout autant pour les matériaux. On n’a qu’à penser à l’impact de la crise des tarifs douaniers.
Avec l’explosion des coûts au cours des dernières années, notre tolérance collective aux augmentations de factures n’est pas très grande. La forte compétition qui existe entre les entreprises les amènent-elles, afin d’obtenir des contrats et à assurer une plus grande rentabilité, à être moins exigeantes en matière de santé et de sécurité?
On a le droit de se poser des questions sur la politique du plus bas soumissionnaire. Voilà un dossier complexe. Prenons d’abord l’exemple des donneurs d’ordres publics (municipalités, institutions ou gouvernements). Ils accordent les contrats au plus bas soumissionnaire, ce qui semble logique si on veut avoir du contrôle sur les coûts. Mais il y a des effets pervers si seul le coût du contrat demeure le critère d’attribution. Avec le temps, on a vu s’insérer d’autres critères lors de l’analyse des soumissions, qualitatifs ceux-là. Pensons à l’expérience de la firme ou à celle des ressources au projet, pour ne citer que cela.
Pour les donneurs d’ordre privés, en construction commerciale ou résidentielle, la pression pour la rentabilité d’un projet est encore plus grande, d’où une possible augmentation des risques lorsque la préoccupation de santé ou de sécurité n’est pas centrale dans l’octroi d’un contrat.
Dans ses réflexions sur la situation sur les ondes du 98,5 FM avec Patrick Lagacé, Sylvain Boivin, représentant des travailleurs au sein d’Inter, un syndicat dans le secteur de la construction, suggère de resserrer les règles d’attribution de contrats en incluant dans les critères qualitatifs des engagements précis en matière de santé et de sécurité.
Cela dit, il faut quand même souligner que les lois québécoises dans ces domaines ne laissent pas beaucoup de marge de manœuvre aux entreprises dans le domaine de la construction, elles ont des règles bien précises à respecter. On peut croire aussi que ces entreprises ne cherchent pas à mettre à risque la vie, la santé et la sécurité de leurs travailleurs.
Ne faut-il pas surtout poursuivre tous les efforts engagés pour bien encadrer les chantiers et assurer la protection des travailleurs? En ce sens, il s’agit d’une responsabilité partagée entre les donneurs d’ordres, les entreprises, les syndicats et les travailleurs. Restons vigilants, c’est trop important.