8 juillet 2025 - 08:36
30e anniversaire du travail de rue à Sorel-Tracy
Un projet pilote devenu indispensable
Par : Alexandre Brouillard

Lucie Champagne, directrice générale de la Maison des jeunes de Sorel, accompagnée par Louise, la première travailleuse de rue à Sorel-Tracy, et Véronique, travailleuse de rue actuelle. Photo gracieuseté

C’est en 1995 qu’une travailleuse de rue a arpenté pour la première fois les rues de Sorel-Tracy. Alors que les besoins ont évolué dans les 30 dernières années, ils sont toujours bel et bien présents. Si bien qu’un nouveau travailleur de rue est arrivé dans les derniers mois pour épauler Véronique, la seule a à effectuer ce travail dans la région depuis une décennie.

En 1995, lorsque Louise, la première travailleuse de rue, a commencé son travail dans la région, la réalité était bien différente d’aujourd’hui. Alors que le poste était en partie financé, Lucie Champagne, directrice générale de la Maison des jeunes de Sorel, devait démontrer les besoins dans la région – le poste est rattaché à la Maison des jeunes « La Place » de Sorel.

« Ç’a commencé tranquillement, à temps partiel, avec deux travailleuses de rue, Louise et Katia. Rapidement, les statistiques démontraient que les besoins étaient présents et que les résultats étaient bons. Au fur et à mesure, le financement est devenu récurrent et complet pour finalement se retrouver avec des emplois à temps plein vers 1999 », explique Mme Champagne, qui est directrice de la Maison des jeunes depuis 36 ans.

Dans les années 1990, la fonction était même quelque peu taboue dans la société puisqu’elle mettait en lumière des enjeux souvent balayés sous le tapis. Surtout que Louise et Katia intervenaient essentiellement auprès de jeunes, que ce soit dans les parcs, dans les magasins ou au centre-ville. « À l’époque, elles distribuaient beaucoup de condoms. Juste faire ça, c’était pratiquement mal vu », se remémore la directrice.

Dans la dernière décennie, Véronique soutient que la pratique et surtout la clientèle ont changé. « On ne voit plus les jeunes. J’interviens surtout auprès de personnes en état d’itinérance et des personnes qui ont des enjeux de consommation ou de santé mentale », révèle la travailleuse de rue.

Après 30 ans de travail de rue dans la région, Véronique et Lucie affirment avec fierté que la fonction est reconnue dans la région.

« Dans tous les lieux que je visite, les gens reconnaissent mon travail. C’est grâce au travail de Louise et Lucie, entre autres », soutient Véronique.

13 905 interventions dans la dernière année

Depuis 10 ans, mis à part deux années, Véronique était la seule travailleuse de rue à intervenir dans la région. Pourtant, Lucie Champagne affirme qu’il y a du travail pour quatre travailleurs de rue.

Seulement dans la dernière année, Véronique a effectué 13 905 interventions, dont 576 rencontres, 59 accompagnements et 253 références, en plus de rencontrer 128 nouveaux usagers. Elle a aussi distribué 81 150 matériels préventifs, dont 196 trousses de naloxone, 12 459 condoms, 8730 seringues, 5020 fioles de GHB, 27 457 contenants d’eau stérile et tampons d’alcool, 8750 maxi-cup, 1943 pipes à cristal et 1166 matériels hygiéniques féminins.

Face à cette énorme charge de travail, Véronique se réjouit de l’arrivée de Patrick, un nouveau travailleur de rue qui l’épaule au quotidien depuis deux mois. « Il occupait les mêmes fonctions à Belœil, il a donc déjà beaucoup d’expérience. Puis, jusqu’à présent, il s’intègre bien ici. Son arrivée me donne vraiment un second souffle. Je travaille moins à la course. Je suis optimiste pour la suite », conclut Véronique avec enthousiasme.

Si vous avez besoin d’aide alimentaire, de services sociaux, de matériels de prévention ou que vous avez besoin d’une écoute active, d’un soutien moral, d’accompagnements dans des démarches administratives, vous pouvez rejoindre Véronique au 450 846-1284 et Patrick au 579 369-1487.

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