22 juillet 2025 - 07:00
Rêve utopique
Par : Deux Rives

Disposant d'une longue feuille de route dans le journalisme à Sorel-Tracy, avec plus d'une quarantaine d'années d'expérience dans les médias écrits dont le journal La Voix, Daniel Lequin a accepté de nous partager sa plume de temps à autre pour des chroniques.

Je jongle souvent quand je marche.

Régulièrement, je croise des gens qui courent. Je les envie. J’aimerais me retrouver à leur place.

Pourquoi ne pas courir un autre marathon? Je me suis sérieusement posé la question.

Nombreux sont ceux qui seraient accessibles dans ma situation. On accorde le temps nécessaire pour ceux et celles qui alternent à la marche et à la course.

L’idée me chicotait. J’en ai parlé à ma grande confidente, Pasquale.

Du coup, elle m’a regardé en se demandant si j’étais vraiment sérieux. « Effectivement que j’aimerais ça », ai-je répliqué, du tac au tac.

Puis, à sa façon coutumière, elle m’a fait comprendre que je n’avais plus rien à prouver dans ce milieu, que j’avais réussi à traverser mon deuil et que la marche à pied me convenait parfaitement dans les circonstances. Elle m’a aussi rappelé que je devais m’estimer heureux de marcher 10 km à chaque jour après deux cancers.

Il faut dire que Pasquale en a vu de toutes les couleurs au cours des deux dernières années. Elle a traversé cette étape bien malgré elle et avec grande distinction. Alors, elle a vite fait de me ramener sur terre.

J’ai alors compris que je m’étais quelque peu égaré dans mes rêves et qu’il fallait que je revienne à la réalité.

Comme vous pouvez le constater, je peine toujours à tourner la page. Il faut croire que je laisse encore l’opportunité d’écrire un nouveau chapitre avec la course à pied. Je n’arrive pas complètement à m’en détacher.

Je suis en manque de cette nervosité qui précédait chacun de mes marathons, de l’atmosphère que j’y retrouvais avant le départ, des petits défis que je me proposais dans ma tête tout au long du parcours, des magnifiques rencontres humaines que j’ai pu réaliser lors de mes trente années de course à pied.

Que dire de l’immense satisfaction que j’éprouvais au fil d’arrivée. Je me sentais en contrôle de ma vie, j’étais bien, j’étais calme, je savourais pleinement les sensations d’un marathon.

Je me souviens du voyage de retour en auto. J’adorais me rappeler certains moments du marathon et combien je me retrouvais décontracté.

Je suis conscient que la vie m’a accordé cette chance unique de courir pendant toutes ces années, et ce, à tous les deux jours.

Malgré toutes ces distances, je ne souffre d’aucun malaise dans le dos, aux chevilles, aux hanches, aux genoux, etc. La course à pied m’a épargné et je lui en suis très reconnaissant.

Puis, Pasquale est revenue à la charge afin que je prenne conscience de regarder autour de moi, combien d’adeptes de mon époque ne peuvent même plus marcher aujourd’hui, trop hypothéqués. J’avoue qu’elle a bien raison.

Je me dois de relativiser, c’est important de prendre conscience de la chance que j’aie de pouvoir être encore debout et surtout vivant.

Je dois estimer le bonheur que j’ai eu de traverser deux cancers.

Parfois, on a besoin des membres de notre entourage pour nous faire prendre conscience. Il faut croire que dans le cas présent, je sentais le besoin de voir si ce projet avait du sens.

À ce que je sache, j’ai bien fait de l’étaler afin que l’on puisse me ramener à l’évidence.

Pour me rejoindre, commentaires, suggestions : danielmedaille@hotmail.com

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