Le 20 mai dernier, la Ville octroyait un contrat de 5 838 000 $ à Construction Sorel afin de doter le quai d’une rampe, d’une aire de pique-nique, d’œuvres d’art, d’un parapet en bordure de la rive, de places assises, d’une piste multifonctionnelle, ainsi que de plusieurs espaces verts.
Un sondage en ligne a été fait à l’automne 2022, auquel 846 réponses ont été obtenues, et des consultations publiques se sont tenues à l’hiver 2023 auxquelles 41 personnes ont participé. Il s’agit d’un des plus grands succès de consultation publique de la Ville de Sorel-Tracy.
Alors que les maquettes étaient prêtes, que les clôtures étaient installées et que le chantier était sur le point de démarrer, la Ville a toutefois dû cesser les travaux. « L’échéancier étant modifié, la Ville de Sorel-Tracy doit libérer l’entrepreneur de ses engagements contractuels », écrit la Ville dans un communiqué.
Analyses
C’est que la première partie du quai, longue de 176 mètres entre le pont Turcotte et la rue Charlotte, ne possède pas la capacité portante pour accueillir de la machinerie lourde. Les autres parties du quai avaient une capacité suffisante, a-t-on appris lors de la séance du 21 juillet.
« C’est une section faite entièrement de palplanches d’acier. […] On a pris la décision de ne pas faire les travaux en phases parce que la moitié du projet ne serait pas réalisable », a expliqué le directeur général de la Ville, Carlo Fleury.
La firme Aquadrone, mandatée par la Société des parcs industriels de Sorel-Tracy, a vérifié, avec un drone sous-marin, l’état des quais dans le parc industriel Ludger-Simard. La Ville en a profité pour demander de vérifier l’état du quai Richelieu en même temps.
« L’inspection a commencé à la fin de 2024 et s’est complétée à la fin du printemps 2025. Quand on eu les résultats préliminaires, c’est venu remettre en question des études passées. Les résultats des études récentes d’Aquadrone suggéraient une détérioration beaucoup plus importante […] », a admis le directeur général de la Ville, en réponse à une question d’un citoyen déplorant qu’on parle de ce projet depuis plus de 15 ans.
Trois études ont été réalisées par le passé, soit en 1995, 2002 et 2015. C’est sur la base de ces études que les ingénieurs ayant conçu les plans et devis ont donné le feu vert pour les travaux.
En entrevue après la séance, Carlo Fleury a renchéri : « On savait que l’aménagement du quai ne nécessitait pas une capacité portante telle que le quai avait été conçu à l’origine, pour des fins industrielles et commerciales. Comme ça devenait un espace public, l’équipe d’ingénierie qu’on a mandatée pour concevoir les plans et devis a établi une hypothèse à l’effet que la capacité portante était suffisante, mais l’étude d’inspection de palplanches est venue contredire cette hypothèse. Étant donné qu’on est dans une zone grise et qu’on a des points de vue qui se contredisent, on veut aller en étude complémentaire pour en avoir le cœur net. S’il faut faire des travaux de réhabilitation du quai dans un premier temps, c’est ce qu’on va faire. »
Selon la Ville, le matériel et les œuvres d’art du Centre des arts contemporains du Québec, installés sur cette portion du quai, n’ont pas contribué à la détérioration de celui-ci. « Ce n’est pas la surface du quai qui est problématique, c’est le mur de palplanches qui présente des détériorations », a souligné le directeur général.
Déception
Évidemment, le conseil municipal était fort déçu de la tournure des événements lorsqu’il a appris le tout au début du mois de juillet. « C’était une immense déception. Vous le voyez, en ce moment, Sorel-Tracy a plusieurs projets comme la patinoire BLEU BLANC BOUGE, le complexe aquatique, les terrains de pickleball, la réfection du centre-ville, l’arrivée d’entreprises… On est sur une erre d’aller, alors quand on voit un de nos projets phares qui va être retardé, c’est très décevant. C’est un pas en arrière pour mieux avancer », a mentionné le maire suppléant Martin Lajeunesse, en entrevue après la séance. Celui-ci remplaçait le maire Patrick Péloquin, qui était en vacances.
Et la suite?
D’ici les prochains mois, des travaux correctifs seront effectués afin de redonner une capacité portante au quai. On ignore toutefois à quel moment. « Nos équipes à l’interne ont été mobilisées. On a rencontré les gens de chez Aquadrone et on prévoit les rencontrer à nouveau. Des études complémentaires seront faites cet automne », a répondu le directeur général.
La Ville ignore également si les maquettes ainsi que les plans et devis du projet pourront être réutilisés. « On ne peut pas répondre à ça présentement », conclut Carlo Fleury.
Des clôtures de sécurité seront installées sur une portion du quai pour empêcher la circulation de camions ou de véhicules. Les piétons pourront toutefois s’aventurer sur le quai. Quant aux clôtures de Construction Sorel, situées sur la rue de la Reine, elles devraient disparaître après les vacances de la construction.
La Ville dit ignorer le montant dépensé jusqu’à maintenant pour ce projet.