19 août 2025 - 08:07
Sur le front social
Par : Deux Rives

Maire de Massueville de 2005 à 2021, Denis Marion commente l'actualité en tant que chroniqueur au journal Les 2 Rives depuis décembre 2021. Photo Simon Ménard

Saviez-vous que 33,6 % des familles de la région étaient monoparentales en 2021? Que les personnes de plus de 65 ans représentaient à ce moment-là 28,6 % de la population régionale, soit une proportion plus grande qu’au Québec? Que les enfants de 0-17 ans en constituaient 15,7 %? La Table de développement social de Pierre-De Saurel (TDSPDS) a décidé de nous rappeler quelques chiffres cet été. Bonne idée. Pour prendre de bonnes décisions, autant avoir quelques bonnes données.

Bien sûr, ces chiffres proviennent du Recensement réalisé en 2021 et de quelques autres sources plus récentes. Depuis, on est sorti de la pandémie, notre région vit une période d’effervescence génératrice d’optimisme bien qu’un étrange personnage préside aux destinées américaines en prenant ses libertés avec l’économie et avec la démocratie. Bref, nous ne sommes plus en 2021.

Mais le rappel que nous fait la TDSPDS est pertinent. Simplement pour ne pas oublier que pour demeurer optimistes lorsqu’il s’agit de l’avenir de la région, les données sur les investissements manufacturiers, commerciaux ou industriels ne peuvent nous laisser oublier qu’au-delà des chiffres il y a des individus et des familles dont la réalité est précaire.

Pour ne donner qu’un seul exemple, le document produit par la Table de développement social indique que le prix moyen d’une maison, en 2024, est maintenant de 323 390 $, soit plus de 146 000 $ qu’en 2016. C’est sûrement une bonne nouvelle pour les propriétaires, mais une moins bonne pour les acheteurs, surtout pour les jeunes qui souhaitent accéder à la propriété. Il n’est pas surprenant de lire que 17 % des ménages dépensent plus de 30 % de leurs revenus pour se loger. Au prix moyen des maisons, il faut ajouter la pression de l’augmentation du coût d’un logement, car 27,8 % de nos concitoyens sont locataires.

À la mi-juillet, La Presse publiait les résultats d’un rapport de Statistique Canada indiquant que « l’écart des revenus a atteint un niveau record », au premier trimestre de 2025. Un écart qui ne cesse d’augmenter depuis la pandémie. Les plus riches sont plus riches, les plus pauvres, plus pauvres encore. Chez les ménages parmi les 20 % les plus pauvres, le salaire moyen a diminué de 0,7 %. Diminué! Chez les ménages aux revenus les plus élevés, le salaire moyen a augmenté de 4,7 %, leurs revenus de placement ont progressé de 7,4%.

C’est un des succès des politiques sociales canadiennes et québécoises d’avoir réussi jusqu’ici à non seulement à limiter l’accroissement des écarts de richesses, mais à répartir minimalement cette richesse pour assurer le plus possible une vie décente au plus grand nombre possible. Le rapport de Statistique Canada nous indique-t-il que la pression devient difficile à tenir?

Le débat doit se faire aussi chez nous, à la veille des élections municipales. Heureusement, nos élus semblent sensibles aux préoccupations sociales. Ne prenons pour exemple que les efforts réalisés par la Ville de Sorel-Tracy et par la MRC de Pierre-De Saurel pour soutenir les organismes qui accompagnent les personnes en situation d’itinérance.

Faire tous les efforts possibles en faveur du développement de la région, bien sûr. Mais sans jamais oublier qu’il faut le faire d’abord pour les gens qui y vivent et la font vivre.

 

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