2 septembre 2025 - 08:11
Mark Carney pourrait autoriser le projet d’expansion à Contrecœur dans quelques jours
Par : Jean-Philippe Morin

Le projet d’expansion du Port de Montréal à Contrecœur serait sur le point d’être démarré. Photo gracieuseté/APM

En conférence de presse en Allemagne le 26 août dernier, le premier ministre canadien Mark Carney a évoqué la possibilité d’annoncer, d’ici deux semaines, un investissement important qui permettra d’officialiser la construction du terminal de conteneurs au Port de Montréal à Contrecœur.

Ce projet d’expansion, qui est attendu depuis plusieurs années, doit débuter le 29 septembre prochain avec des travaux préliminaires, a annoncé l’Administration portuaire de Montréal (APM) il y a quelques semaines. Cette annonce prochaine du premier ministre est donc fort attendue dans la région.

Dans cette conférence de presse, M. Carney a mentionné que la priorité de son gouvernement était l’expansion d’infrastructures portuaires au pays. Avec la guerre commerciale en cours avec les États-Unis, ce projet devient encore plus nécessaire, selon le premier ministre.

Projet majeur

Rappelons que ce projet vise à traiter 1,15 million de conteneurs EVP (équivalents 20 pieds) par an, ce qui représente environ 60 % de la capacité actuelle du port de Montréal. Son coût total serait maintenant grimpé à plus d’un milliard et demi de dollars. Près de 6500 emplois seront créés durant la construction et on parle d’environ 1100 emplois permanents par la suite pour l’exploitation du site.

Pour l’instant, le montage financier demeure inchangé. Les gouvernements du Canada et du Québec fournissent toujours 150 M$ et 130 M$ respectivement pour le projet d’expansion, tandis que la Banque de l’infrastructure du Canada offre 300 M$ en prêts. Un montant sera dépensé par l’APM et le reste proviendra de partenaires privés. Il n’est toutefois pas impossible que le gouvernement canadien bonifie son apport au cours des prochains jours.

Le 12 août dernier, lors d’une soirée portes ouvertes, l’APM plaidait l’urgence afin que ce projet débute rapidement puisqu’il est essentiel à la croissance des échanges et la recherche de nouveaux marchés en raison de l’imposition de tarifs douaniers par les Américains. Environ 250 citoyens ont assisté à cette soirée d’information.

Un permis

Il ne manque qu’un seul permis fédéral à être accordé pour que le projet voie le jour en vertu de la Loi sur les espèces en péril puisque le projet de l’APM empiète sur l’habitat du chevalier cuivré, une espèce rare de poisson en voie de disparition. Ce permis est nécessaire afin de commencer les travaux en eau. Ce sont les entreprises Pomerleau et Aecon qui se sont occupées du développement et de la conception de ces travaux en eau. Quant aux travaux terrestres, le partenaire privé n’a toujours pas été annoncé.

Or, Mark Carney a évoqué la possibilité que ce projet soit un des premiers à bénéficier de la Loi C-5 dédiée aux projets d’intérêt national. Cette loi permet entre autres qu’une seule étude environnementale (d’Ottawa ou de Québec) soit nécessaire pour que le projet voie le jour. Ce à quoi le député du Bloc Québécois Xavier Barsalou-Duval s’oppose.

« Un projet de cette ampleur ne doit aller de l’avant que s’il est démontré qu’il peut être réalisé dans le respect scrupuleux des normes environnementales existantes. Ce fardeau qui appartient au Port de Montréal ne doit pas être escamoté ni tronqué par le gouvernement libéral. La confiance du public dans le processus d’approbation est basée sur l’application rigoureuse de nos lois et règlements. Si le gouvernement choisit d’y déroger, c’est ce lien de confiance qui s’effrite et, avec lui, toute la crédibilité des prétentions de rigueur environnementale du Port », mentionne-t-il via communiqué.

De l’opposition

Les membres de Vigie citoyenne Port de Contrecœur ont fortement réagi au début des travaux, prévu le 29 septembre prochain. Selon eux, il est prématuré d’effectuer cette annonce sans avoir eu toutes les autorisations nécessaires. Ces citoyens critiquent notamment les impacts sur la qualité de vie, l’environnement et la santé des résidents, notamment par l’augmentation de camions dans le secteur, l’empiètement sur les espèces en voie de disparition et la coupe d’arbres.

Le Comité pour la protection des berges du Saint-Laurent s’est aussi insurgé face à l’absence de mesures pour la protection des berges. Selon ce groupe, l’augmentation de la navigation maritime aggravera l’érosion des berges existante, déjà exacerbée par le batillage des navires commerciaux, et l’autorisation rapide du projet grâce à la Loi C-5 n’aidera pas la cause puisque le projet « n’inclut aucune mesure pour pallier la dégradation des berges dans l’étroit corridor de navigation entre Contrecœur et Montréal », peut-on lire dans un communiqué.

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