20 octobre 2025 - 14:36
Justice Alternative Pierre-De Saurel, un bon complément aux écoles pour contrer l’intimidation
Par : Stéphane Fortier

Nicole Teasdale, directrice générale de l’organisme Justice Alternative Pierre-De Saurel. Photo Stéphane Fortier | Les 2 Rives ©

Le rôle de prévention que joue l’organisme Justice Alternative Pierre-De Saurel dans nos écoles secondaires, depuis le début des années 2000, est devenu primordial. À plus forte raison depuis qu’a été récemment instauré le projet « Des relations harmonieuses à l’école, c’est gagnant! » qui vise à outiller et soutenir les élèves dans le développement de leurs habiletés sociales et leurs compétences dans la gestion pacifique de leurs conflits et ainsi prévenir la violence et l’intimidation.

Au départ, l’action de l’organisme était orientée au niveau des jeunes contrevenants, majoritairement des garçons de 12 à 17 ans qui, après avoir commis un délit, leur étaient référés pour mettre en place des mesures de réparation de responsabilisation. « Nous ne sommes pas dans un mode de punition, encore aujourd’hui », précise Nicole Teasdale, directrice générale de Justice Alternative Pierre-De Saurel.

« On s’est rendu compte que, lorsqu’ils utilisaient la violence pour régler un conflit, ils ne voyaient pas d’autres avenues possibles, ignoraient que les choses auraient pu se régler autrement. Il leur manquait donc de connaissances et d’habiletés sociales et c’est ce qui nous a amenés à prendre le tournant de la prévention et d’aller animer dans les classes des ateliers en se disant que si l’on pouvait les outiller, on leur permettrait de prévenir l’intimidation et de leur d’éviter d’avoir des démêlés avec la justice », relate Mme Teasdale.

Dans ces ateliers, selon les besoins des jeunes, les thèmes suivants seront abordés : la gestion des émotions et de la colère, l’affirmation de soi, les conditions favorables à une bonne communication et écoute, la résistance aux pressions des pairs et la gestion pacifique des conflits. De plus, un service d’accompagnement en médiation citoyenne comme mode de règlement des conflits des élèves avec leurs pairs leur est offert.

Intervention et réparation

Si la mission de Justice Alternative, à l’intérieur des murs de l’école, relève beaucoup plus de la prévention, il n’en reste pas moins qu’il demeure toujours le volet intervention auprès des jeunes pour en arriver à l’étape de réparation.

Il faut savoir qu’à partir de 12 ans, les jeunes sont responsables de leurs gestes et l’intimidation est considérée comme un acte criminel. « Mais le jeune qui a commis un acte n’aurait pas un dossier criminel, mais un dossier social. La loi prévoit un couloir non judiciaire », précise Mme Teasdale.

Un jeune qui se rend coupable d’intimidation peut être référé au projet. « L’école ne nous envoie pas systématiquement des élèves, mais s’ils sentent que nos services sont requis, ils peuvent le faire. Nous offrons une aide complémentaire additionnelle de ce qui se fait déjà à l’école et il s’en fait déjà beaucoup dans les écoles. L’école peut juger qu’un cas nécessite un service externe et le fait que l’on travaille au niveau de la loi se veut une plus-value. S’il y a une plainte au criminel, nous pouvons prendre le relais. On peut aborder, avec le jeune, des thèmes comme ce qu’ils encourent s’ils continuent à poser ces gestes ou encore quels sont les recours dont dispose la victime », explique-t-elle.

« Mais ce qui est important de savoir c’est que pour ce qui est de notre volet justice, nous accompagnons des jeunes qui ont des mesures de réparation à faire, comme des médiations, des travaux communautaires. Nous avons eu des cas d’intimidation. L’intimidation fait partie de la grande famille de la violence, qu’elle se traduise verbalement, physiquement ou psychologiquement, par les réseaux sociaux », rappelle la directrice générale de l’organisme.

Des raisons multiples

Par exemple, des jeunes qui ont plusieurs conflits récurrents peuvent être dirigés vers le projet de Justice Alternative Pierre-De Saurel. « On va les accompagner pour regarder c’est quoi la situation, quels sont les moyens qu’ils prennent pour régler leurs conflits, comment pourraient-ils agir autrement. Trouver des solutions, des stratégies concrètes et comment les soutenir là-dedans. Cela peut se traduire par l’affirmation de soi, comment prendre sa place dans un groupe, dans l’école », explicite Nicole Teasdale.

L’année dernière, une vingtaine de jeunes ont été référés à l’organisme. « C’est dans la moyenne que l’on a chaque année, mais il y a beaucoup plus de cas rapportés qui ne sont pas judiciarisés et qui passent seulement par l’école. Mais comme notre projet ne se limite plus qu’aux élèves de secondaire 1 et 2, il risque d’y en avoir plus cette année », croit Mme Teasdale.

Les raisons de l’intimidation tournent souvent autour de la différence de l’autre. « Je vous dirais que souvent, les jeunes ne savent même pas pourquoi ils font cela. Ils n’aiment pas la personne ou il s’est déjà passé un événement dans le temps ou entre la personne et un de ses amis que l’on veut défendre, en fin de compte. D’autres intimident et n’en sont même pas conscients. Quant au taxage, on en a rarement eu, c’est surtout de l’intimidation qui se passe sur les réseaux sociaux et dans leurs interactions. Le rejet, les commentaires désobligeants, blessants », énumère-t-elle.

Elle signale, en conclusion, que des jeunes qui ont déjà été victimes d’intimidation vont commencer à en faire eux-mêmes pour se protéger.

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