10 mars 2021 - 06:27
À 83 ans, il loue une glace à lui-seul parce qu’il s’ennuie du hockey
Par: Jean-Philippe Morin

Rémi Deshaies a loué la glace du Colisée Cardin afin de pratiquer ses tirs et son coup de patin. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

L’homme de 83 ans ne compte pas arrêter de jouer au hockey de sitôt. Photo Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives ©

Rémi Deshaies n’a jamais passé un hiver sans jouer au hockey avec ses chums. Jamais, sauf cette année.

Dire qu’il s’ennuie du hockey est un euphémisme. « C’est maladif mon affaire », rigole l’homme de 83 ans.

Tellement maladif qu’il a, à deux reprises la semaine dernière, loué la glace du Colisée Cardin pendant une heure afin de pratiquer ses tirs et patiner à toute vitesse. Il était accompagné de sa fille, qui fait partie de sa bulle familiale. C’est là qu’il a accueilli le représentant du journal Les 2 Rives, mercredi dernier, tout juste avant sa pratique.

« À 80 ans, je faisais le tour de la patinoire en 16 secondes. Je me suis chronométré dimanche et je fais le tour en 20 secondes. J’ai calculé qu’à 100 ans, ça va me prendre 37 secondes! », mentionne-t-il en éclatant de rire.

« Plus sérieusement, je voulais me faire un cadeau de fête. J’ai eu 83 ans le 25 février dernier, j’aime bouger pour rester en forme et mes ligues de hockey sont annulées, alors pourquoi pas? J’ai patiné deux ou trois fois dehors avec des chums, mais avec la température changeante et la qualité de la glace, c’est pas pareil. Puis le prix n’est pas trop élevé! », ajoute-t-il.

L’octogénaire dirige depuis 15 ans sa ligue de garage « Les Boys à Rémi » au Centre sportif de Contrecœur. Au début, c’était seulement le lundi, puis il a ajouté le mercredi et le vendredi au fil des années. Jusqu’à tout récemment, il jouait encore trois jours par semaine. Toutefois, depuis quelques années, il gère et joue seulement le vendredi. Des personnes de tous les âges, hommes ou femmes, y évoluaient chaque semaine avant la pandémie.

« Dans ma ligue, il y a trois gars de 80 ans et plus et plusieurs de 75 ans et plus. Je comprends que le gouvernement nous protège et que ce n’est pas facile pour eux de trancher, mais en même temps, le sport, c’est la santé. Notre santé mentale et physique est en jeu. Pour les jeunes ou les plus vieux, il y en a beaucoup qui sont actifs et qui rongent leur frein », plaide-t-il.

Une longue carrière de hockeyeur

Même s’il n’a jamais vraiment atteint de hauts niveaux, Rémi Deshaies a toujours été un passionné de hockey. Il a notamment joué son Junior B à Asbestos et son entraîneur était Carrie Dion, un ancien gardien de but des Red Wings de Detroit dans la LNH.

Rémi Deshaies a aussi disputé une partie d’exhibition contre les Canadiens junior. Alors qu’il n’avait que 15 ans, il était sur la même glace qu’Henri Richard, âgé alors de 17 ans. Il a aussi joué dans la ligue intermédiaire des Bois-Francs avec les deux frères de Jean Béliveau.

Après avoir travaillé en Côte-Nord pendant quelques années, il s’est installé à Sorel en 1964, puis a travaillé pendant 36 ans à l’usine Atlas.

« Je suis tombé en amour avec la région, révèle Rémi Deshaies. Je me suis fait des amis rapidement en jouant au hockey, mais aussi en pratiquant plusieurs sports comme le vélo, le golf, le ski de fond, etc. »

En 2009, alors qu’il avait 71 ans, il a disputé une partie d’exhibition contre les Anciens Canadiens. Il a alors affronté des joueurs de la trempe de Guy Lafleur, Yvon Lambert et Stéphane Richer. Puis en octobre 2018, il a été intronisé au Temple de la renommée du hockey 80+ à Gatineau.

« J’ai vécu de belles affaires et je compte en vivre encore beaucoup d’autres. J’ai vraiment hâte de recommencer à jouer au hockey avec mes chums et je n’ai pas l’intention d’arrêter! », conclut-il.

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