Reconnu coupable par un jury de meurtre non prémédité (deuxième degré) et d’incendie criminel le 19 septembre dernier, Bujold était de retour devant la cour pour les représentations sur sentence.
Alors qu’il a écopé d’une peine de prison à vie, l’homme de 48 ans pourra demander une liberté conditionnelle. Reste à savoir quand. La Couronne demande à ce que l’accusé purge entre 15 et 17 ans, tandis que la défense demande plutôt 12 ans. S’il avait été reconnu coupable de meurtre au premier degré, il aurait automatique reçu une peine de prison à vie sans possibilité de remise en liberté conditionnelle avant 25 ans.
Un homme impulsif
Le 23 septembre, Me Geneviève Beaudin, procureure du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), a proposé une période d’inéligibilité de 15 à 17 ans. En plus d’avoir lu six lettres de proches de la victime mentionnant à quel point Yannick Bricout-Tremblay leur manquait, elle a soulevé plusieurs facteurs aggravants, notamment les antécédents judiciaires de l’accusé, son mépris à l’égard des règles, son caractère impulsif et ses problèmes de consommation.
« [Depuis son incarcération], à deux reprises, il a été vu en tentant de récupérer du matériel au niveau de drones qui ont déposé des colis dans les cours extérieures. En mai 2022, l’accusé a été vu en tentant de dissimuler dans sa cavité anale un objet livré par un drone. […] Au surplus, alors qu’il doit subir un procès concernant des événements qui se sont déroulés avec un couteau, il a été trouvé avec une lame de scie dissimulée dans sa cellule le 21 juin 2024 », a étalé Me Beaudin devant la cour.
Par ailleurs, les esprits se sont échauffés lorsque l’avocate a soutenu que Bujold n’avait pas toujours été un actif pour la société. Une affirmation qui a piqué au vif l’accusé. « J’ai travaillé 15 ans dans ma vie, a lancé l’homme de 48 ans. Inactif? Ça va être correct là. C’est ma vie là! Est-ce que je peux parler un p’tit peu? Je commence à en avoir un peu là. Je comprends, je suis triste pour la famille… » Le juge a alors suspendu l’audience, expliquant qu’il pouvait témoigner s’il voulait s’exprimer.
« On a un individu qui n’a pas d’antécédent judiciaire en matière de violence, mais qui démontre un mépris des règles. […] Tout ça milite pour une période d’inéligibilité qui doit être vue à la hausse, surtout quand on regarde le contexte de stupéfiants et le fait d’avoir incendié la victime », a terminé Me Beaudin.
Un toxicomane
De son côté, l’avocat de la défense, Me Martin Latour, a demandé une période d’inéligibilité de 12 ans, réfutant les arguments de la Couronne. « M. Bujold est aux prises avec la kétamine depuis une décennie. C’est ça la réalité. […] Moi, je ne le décris pas comme quelqu’un d’impulsif. Quand je regarde ses antécédents judiciaires, il n’y a même pas un petit voie de fait sommaire, même pas une menace. […] Son seul facteur criminogène, c’est la consommation de stupéfiants », a mentionné Me Latour.
Finalement, l’avocat a affirmé que M. Bujold était victime de sa consommation. « Entendre le ministère public dire qu’il n’y a pas de mobile et que c’est un meurtre gratuit, je tombe en bas de ma chaise. Ce n’est pas un meurtre gratuit. […] On sait que Maxime Bujold consomme de la kétamine tous les jours. On l’a l’explication. Le contexte, il est là », a-t-il conclu.
Le juge Yvan Poulin doit rendre sa décision le mardi 1er octobre.