21 mai 2019 - 11:57
L'entreprise prévoyait ouvrir une usine de transformation dans les anciens locaux de SDD/Conporec
Absolu technologies de recyclage : les équipements quittent la région
Par: Deux Rives

La bâtisse abritant autrefois SDD/Conporec, en bordure de l'autoroute 30, n'accueillera finalement pas l'entreprise Absolu technologies de recyclage. Photothèque | Les 2 Rives ©

Le pire des scénarios s’est produit dans le dossier d’Absolu technologies de recyclage. Alors qu’un mince espoir subsistait quant à une éventuelle relance de l’entreprise, les équipements ont été vendus en pièces détachées et ont été répartis aux quatre coins de l’Amérique du Nord.

Texte de Sébastien Lacroix, collaboration spéciale

On se souviendra que l’entreprise avait déclaré faillite, en février dernier, à peine six mois après avoir reçu un prêt de 213 750 $ à même les fonds d’Investissement Québec pour l’achat d’équipements spécialisés et le démarrage d’une usine de transformation des matières plastiques dans les anciens locaux de SDD/Conporec sur la rue Joseph-Simard, à Sorel-Tracy.

Le syndic au dossier, la firme Raymond Chabot, avait ensuite lancé un appel d’opportunités pour trouver preneur d’une ligne de tri optique, une ligne de lavage double et un système de dépoussiéreur, soit les principaux équipements de la compagnie. Des matières premières, des équipements d’outillage, du mobilier de bureau, ainsi que les droits sur la propriété intellectuelle ont fait l’objet d’une demande de soumissions.

La quasi-totalité des actifs a par la suite été acquis par Corporate Assets qui a ensuite tenté de trouver un repreneur avant de se résoudre à vendre le tout au plus offrant, le 25 avril dernier. « Avant l’encan, il y a eu deux ou trois personnes qui sont venues voir et qui étaient intéressées à acheter tout, mais ça ne s’est pas finalisé », a fait savoir Raz Dinu, le directeur principal.

Une trentaine de personnes se sont présentés lors de l’encan et une centaine y ont participé par le biais de l’Internet. « Des équipements conventionnels comme des convoyeurs ont pris la direction de l’Ontario, tandis que les machines plus spécifiques à l’industrie du recyclage de plastique ont été acquis par des entreprises des États-Unis et du Mexique qui font la même chose », a indiqué le directeur principal de Corporate Asset.

Un montant insuffisant

Au moment de la faillite, Absolu technologies de recyclage affichait des dettes de 2,2 M$ et des actifs de 2 M$, pour un déficit de 200 000 $. Le syndic de faillite n’aura toutefois pas été en mesure de récupérer ce montant avec la vente des équipements. Loin de là.

Si le montant de la transaction demeure confidentielle, Les 2 Rives a appris que ça n’a pas permis de rembourser l’ensemble des créances garanties, évaluées à un peu plus de 1,7 M$, et encore moins les autres créances qui s’élevaient à 420 430 $.

« Le produit de réalisation net des créances prioritaires est insuffisant pour rembourser les créances garanties. Aucun montant ne sera donc disponible pour distribution parmi les créanciers ordinaires », nous a fait savoir Geneviève Page, premier directeur principal de la division insolvabilité commercial, chez Raymond Chabot Inc.

Quelques entreprises et institutions de la région de Sorel-Tracy avaient d’ailleurs des comptes en souffrance avec Absolu. C’est notamment le cas de la Caisse Desjardins Pierre-de Saurel, l’un des créanciers garantis, qui en avait pour un peu plus de 1,5 M$ en comptes à recevoir au moment de la faillite.

Parmi la quarantaine de créanciers non garantis, on retrouve le Centre local d’emploi de Sorel (70 000 $), Elecso (55 249 $), Electromoteur Richelieu (5048 $), Després mécanique mobile (2080 $), Location Sorel (1256 $) et B.L. Hydraulique mécanique (1030 $).

La longue disette de la bâtisse de la rue Joseph-Simard

Est-ce qu’un mauvais sort a été jeté à l’ancienne bâtisse de Conporec depuis que l’entreprise s’est placée sous la protection de la loi contre ses créanciers? C’est ce qu’on pourrait croire à la relecture des événements qui se sont succédé au cours des dernières années…

La longue disette a commencé en août 2008, alors que l’entreprise de valorisation des matières résiduelles faisait valoir que son contrat signé en 1990 avec la MRC du Bas-Richelieu était à son désavantage. Au point de lui faire perdre 150 000 $ par mois pour son usine de Sorel. Elle avait tenté de le renégocier, sans succès, avant de mettre la clé dans la porte.

Un an plus tard, à l’été 2009, SDD rachetait Conporec pour y faire du tricompostage de déchets domestiques et y construire un centre multifonctionnel et multimatières. Un projet de 18 M$ qui devait créer une quarantaine d’emplois.

On connaît la suite… Après avoir demandé et obtenu des certificats de conformité, le projet a déraillé après que les élus craignent pour la non-acceptabilité sociale du projet en raison des odeurs émanant de l’usine. Une pétition sera d’ailleurs lancée par des citoyens, en juin 2010.

En mai 2011, SDD déposera une mise en demeure de près de 22 M$ contre la Ville de Sorel-Tracy et la MRC de Pierre-De Saurel pour expropriation déguisée. Le litige se réglera finalement hors cour, en janvier 2016, et débouchera même sur un nouveau projet de concert avec le Recyclo-Centre.

L’usine Recyclo-Environnement, qui avait nécessité un investissement de l’ordre de 8,5 M$, devra toutefois cesser ses opérations en mai 2017, moins d’un an après avoir ouvert ses portes. Elle n’avait pas été en mesure de trouver suffisamment de matières à traiter.

Lueur d’espoir en novembre 2017, alors qu’Absotechno inc. et Les Habitations Richard Hébert rachetaient l’usine pour un projet qui devait créer une vingtaine d’emplois. Puis, un peu plus d’un an plus tard, Absolu technologies de recyclage était contraint de déclarer faillite.

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