17 mars 2021 - 12:43
Acheter une maison, maintenant un parcours parsemé d’embûches
Par: Alexandre Brouillard

Vincent Provençal a été victime de la hausse fulgurante des prix des maisons dans la région de Sorel-Tracy. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Source : Centris

Avec la hausse spectaculaire des prix des maisons dans la région de Sorel-Tracy en 2020, plusieurs acheteurs ont annulé le projet d’acquérir une demeure. C’est le cas de Vincent Provençal et de sa conjointe, Sandrine Noël, qui ont abandonné temporairement le rêve de devenir propriétaires, après plusieurs mois de recherche, en raison de la flambée des prix.

À l’été 2020, le jeune couple s’était lancé à la recherche d’une maison dans la région de Sorel-Tracy. « On s’informait tranquillement du marché immobilier. On avait décidé de prendre notre temps dans le contexte de la pandémie. Après quelques visites, on avait mis notre projet sur pause. On a recommencé nos recherches en janvier dernier et on s’est rendu compte que la situation avait complètement changé et que la valeur des maisons avait beaucoup augmenté », explique M. Provençal.

Alors que le marché immobilier québécois surchauffe, celui de la région de Sorel-Tracy ne fait pas exception. « C’est le déséquilibre de l’offre et de la demande qui a créé une hausse spectaculaire des prix des maisons. Il n’y a pas assez de maisons sur le marché pour le nombre d’acheteurs », explique Yanick Caisse, courtier immobilier chez Via Capitale.

M. Provençal croit également qu’il n’y a pas assez de maisons sur le marché pour répondre aux besoins des acheteurs. « Le nombre élevé de personnes qui visitent des maisons crée beaucoup de pression. Après chaque visite, on devait rapidement décider si on déposait une offre d’achat ou non. Le nombre de visites par maison n’a juste pas de sens », croit-il.

Patrick Bardier, courtier immobilier chez les Immeubles Bardier, ajoute que la pandémie, le télétravail et les taux d’intérêt bas ont fait exploser la demande pour les maisons, lors de la dernière année. « Toutes ces raisons ont peut-être donné le goût à certaines personnes de franchir le pas. Il faut dire que les taux d’intérêt sont excessivement bas, ce qui fait que des gens peuvent débourser le même montant par mois pour leur appartement que pour une hypothèque », explique-t-il.

Vincent Provençal admet que l’explosion de la demande pour les maisons dans la région de Sorel-Tracy a créé beaucoup de stress pour sa conjointe et lui. « En janvier, nous avons visité des maisons qui se vendaient jusqu’à 30 000 $ plus cher que l’été dernier. […] C’est inquiétant de devoir offrir un montant plus élevé que la valeur réelle de la maison », admet-il.

Il affirme que la surenchère est venue le déstabiliser lors de ses recherches. Selon lui, la rareté des maisons et la demande sans cesse grandissante ont créé une surévaluation des maisons dans la région. « On avait déposé une offre d’achat de 265 000 $ pour une maison affichée à 250 000 $. Nous n’étions même pas dans le coup en offrant 15 000 $ au-dessus du prix demandé. La maison s’est finalement vendue pour 280 000 $ », explique M. Provençal.

Plus près du prix du marché

Les maisons unifamiliales restent toutefois abordables dans la région. Sur la Rive-Sud de Montréal, le prix médian des maisons a bondi de 100 000 $ en un an pour se situer à 475 000 $ en date de février 2021, selon l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec, ce qui est loin de la réalité à Sorel-Tracy.

« C’est difficile d’évaluer s’il y a de la surévaluation ou non ici. C’est l’avenir qui nous le dira! Toutefois, pour notre contexte régional, il faut spécifier que beaucoup de maisons étaient sous-évaluées dans la région de Sorel-Tracy, mais la situation change », croit Patrick Bardier.

De son côté, Yanick Caisse estime que la situation actuelle crée sans aucun doute une surévaluation des maisons. « Elles se vendent toutes un peu plus cher, mais c’est difficile de savoir si cela va durer », affirme-t-il.

En fin de compte, le jeune couple a mis son rêve de devenir propriétaire sur pause. « Nous avons tout simplement arrêté nos démarches parce que nous sommes trop découragés. […] Nous avons même regardé les maisons moins dispendieuses pour faire nous-mêmes les rénovations, mais elles aussi se vendent plus cher que le prix demandé. Et là-dedans, il faut compter le prix des matériaux pour les rénovations qui ont augmenté depuis le début de la pandémie », mentionne-t-il, vraisemblablement déçu de la tournure des événements.

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