9 Décembre 2024 - 09:04
Ferme Bordelo à Saint-David
Adopter l’agriculture régénératrice pour avoir des sols moins perturbés et plus résilients
Par: Alexandre Brouillard

Mélanie Brouillard et son père Bertrand étaient fiers de présenter leur champ à notre journaliste avant la bordée de neige du 4 décembre. Photo Alexandre Brouillard | Les 2 Rives ©

Située aux abords de la rivière Yamaska à Saint-David, la Ferme Bordelo détone. Actuellement, la majorité des champs sont dénudés de toute verdure; pourtant ceux de Mélanie Brouillard sont bouillants d’activités, étant riches d’une culture d’automne.

Sur son exploitation agricole de 170 hectares, Mélanie Brouillard et son père Bertrand ont adopté l’agriculture régénératrice il y a environ une décennie. Leur objectif était d’éliminer complètement le travail de la terre et diminuer au maximum l’utilisation de pesticides.

« Je ne me suis pas levée un matin en me disant que j’allais tout changer avec mes méthodes. On a toujours une volonté d’essayer des choses. On a adopté graduellement nos méthodes de travail. […] L’objectif n’est pas de devenir biologique, mais plutôt de faire le vide. C’est-à-dire diminuer le plus possibilité les intrants et ne pas travailler le sol », explique l’agricultrice chevronnée.

L’élément déclencheur de cette transition graduelle vers l’agriculture régénératrice est une formation suivie il y a environ 10 ans auprès d’une microbiologiste. Mme Brouillard a alors délaissé la charrue et le vibroculteur pour se lancer dans le semis direct, souhaitant ainsi miser sur la santé des sols. « Quand tu viens travailler le sol, tu viens perturber la vie des micro-organismes. Donc en évitant de travailler la terre et en intégrant des cultures, on nourrit les micro-organismes et la vie qu’il y a dans le sol. Un sol nu qui n’a rien, il n’y a rien pour les micro-organismes. Le but est de toujours avoir une activité de sol », détaille Mme Brouillard avec passion.

De cette façon, l’agriculture favorise la génération d’une armée souterraine composée notamment d’insectes, de vers de terre et même de bactéries qui nourrissent les racines des cultures. « Je mise sur la biodiversité et j’évite d’utiliser des herbicides ainsi que des engrais. Lorsque j’en utilise, je les applique de façon raisonnée. Et je n’utilise pas du tout de fongicide », détaille-t-elle. Par le fait même, elle protège ses sols de l’érosion et améliore la capacité des sols à capturer l’eau.

Questionnée sur l’état actuel de ses champs en ce début décembre, Mélanie Brouillard souligne avec fierté que ses sols sont bien vivants malgré le froid qui s’installe tranquillement. « Tout est vert! Que ma culture principale soit du soya ou du maïs, j’habille mes sols à l’année avec des cultures de couvertures et intercalaires. C’est comme une course à relais. Une culture finit et donne au suivant », explique-t-elle.

« Et ce printemps, assez tôt, tout sera vert. On utilise le seigle pour couvrir notre sol et ce sera la première qui verdira au printemps », ajoute Mélanie Brouillard.

Sortir des sentiers battus

Comme Mélanie Brouillard le souligne, l’agriculture régénératrice n’est pas la technique enseignée d’emblée sur les bancs d’école. Elle doit donc redoubler d’efforts, et surtout, savoir lire les messages de dame Nature pour s’assurer de bons résultats et des rendements satisfaisants. « On a de bons rendements qui se comparent facilement à ceux qui travaillent leur sol. Ce n’est vraiment pas le rendement qui est un frein à adopter l’agriculture régénératrice », soutient-elle.

Par chance, elle n’est pas la seule à innover dans la région. En 2021, Les 2 Rives avait été à la rencontre de Jessy Pelletier (Saint-Aimé) et Pierre-Olivier Gaucher (Contrecœur) qui misent sur l’agroécologie, une technique agricole qui diminue l’empreinte carbone, favorise la biodiversité et restaure la fertilité des sols. « Pour faire ce type d’agriculture, on doit observer la nature et se casser un peu la tête. Bref, on doit tout faire pour que la nature fonctionne tout seul. On ne réinvente pas la roue », conclut-elle.

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