6 avril 2016 - 00:00
Affaire Hamad: l’ombre de Marc-Yvan Côté plane sur les libéraux
Par: Deux Rives

POLITIQUE. Les liens passés entre le ministre Sam Hamad et Marc-Yvan Côté ont créé un malaise mardi dans les rangs libéraux.

Certains députés et ministres ont questionné la proximité entre M. Hamad et M. Côté, un ex-ministre libéral, ancien collecteur de fonds, expulsé en 2005 du Parti libéral du Canada pour ses pratiques illégales de financement. Le 17 mars, M. Côté a été arrêté et accusé de fraude, abus de confiance, corruption et complot, en lien avec des activités de financement partisan, entre 2000 et 2012, exercées en échange de contrats publics.

M. Hamad, suspendu depuis samedi de son poste de président du Conseil du trésor, fait l’objet d’enquêtes du Commissaire à l’éthique et du Directeur général des élections pour son rôle dans l’octroi d’une subvention à l’entreprise Premier Tech, dont un des administrateurs était jusqu’à tout récemment Marc-Yvan Côté.

Les enquêtes serviront à examiner les allégations de trafic d’influence qui pèsent sur lui, en déterminant dans quelle mesure M. Côté a exercé des pressions auprès de M. Hamad pour obtenir ou bonifier l’aide gouvernementale offerte à l’entreprise en 2012, sous forme d’un prêt de 11 M$ et d’une subvention de 8 M$, en échange d’un financement illégal du Parti libéral du Québec (PLQ).

Le député de Laurier-Dorion et leader adjoint du gouvernement, Gerry Sklavounos, a dit qu’il comprenait «que la population se questionne» à ce propos. Il estime que M. Hamad aurait «pu être plus prudent» et «ne pas avoir ces contacts-là» avec Marc-Yvan Côté, qui par ailleurs a, selon lui, «contribué beaucoup à la politique québécoise».

Interrogé sur les liens entre MM. Hamad et Côté, le premier ministre Philippe Couillard a dit mardi que Marc-Yvan Côté, longtemps organisateur libéral, «était bien connu, il était présent également, et ça n’a pas changé». Il n’a pas voulu élaborer, en insistant sur «les pratiques exemplaires» du PLQ sous sa gouverne depuis 2013.

M. Couillard a dit qu’il était revenu en politique en 2012 notamment pour «moderniser» le Parti libéral du Québec, incluant son financement.

Contrairement à ce qu’on prétend dans les rangs de l’opposition, M. Couillard a soutenu qu’il ne prenait «pas à la légère» les allégations qui pèsent sur son ministre.

Indice que «l’affaire Hamad» a pris d’importantes proportions politiques, l’ensemble de la période de questions y a été consacrée mardi.

Critiqué de toutes parts parce qu’il était parti se reposer sous le chaud soleil de la Floride, alors qu’il est au centre d’une tempête politique, M. Hamad a annoncé mardi qu’il serait de retour à l’Assemblée nationale jeudi.

Tout en prenant une fois de plus sa défense, en vantant son «dévouement» exemplaire aux affaires publiques depuis des années, le premier ministre a dit que M. Hamad devra rendre des comptes aux journalistes et répondre à leurs questions à son retour.

Sur un ton irrité, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a dit qu’au «Parti libéral, on veut en finir avec ce qui est un passé que je ne peux pas qualifier, je n’étais pas là. Et moi, je peux vous dire une chose, je suis dans le présent et je suis dans le futur».

Même suspendu de ses fonctions de président du Conseil du trésor, M. Hamad conserve tous ses privilèges de ministre, incluant son salaire, son garde du corps et sa limousine.

Dans l’opposition, on juge cette situation inacceptable et on revendique depuis samedi le retrait complet de M. Hamad du conseil des ministres et du caucus libéral.

Le chef de l’opposition officielle, Pierre Karl Péladeau, a dénoncé en Chambre les «liaisons dangereuses» entre le ministre Hamad et Marc-Yvan Côté.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, est revenu à la charge pour condamner «le manque de jugement» de M. Hamad pour avoir entretenu des liens avec quelqu’un comme Marc-Yvan Côté.

Le député de Québec solidaire Amir Khadir ne croit pas un instant que le PLQ a changé avec M. Couillard. Il en veut pour preuve que bon nombre des ministres actuels faisaient aussi partie du gouvernement de Jean Charest, et devaient récolter chaque année chacun 100 000$ pour garnir la caisse électorale du parti. En point de presse, il a parlé d’une «sérieuse crise de confiance».

La Presse Canadienne

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