Le 6 août, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) annonçait sur ses médias sociaux que la très populaire Barbada de Barbades, qui anime des heures du conte à la Grande Bibliothèque depuis 2017, passait le flambeau à Jessie Précieuse et Lana Dalida.
Rapidement, BAnQ a dû publier un message sur ses réseaux sociaux concernant la modération des commentaires pour favoriser « des discussions respectueuses ». Une intervention plus que nécessaire, alors que les commentaires disgracieux à l’égard de l’activité se multipliaient.
Une situation que s’explique mal Alex Verville, bien qu’elle était prévisible. Rappelons que certaines bibliothèques au Québec ont dû récemment engager des agents de sécurité lors d’heure du conte réalisé par des drag-queens.
« C’est important de démocratiser cette pratique et de sensibiliser, signale d’emblée le Sorelois. Il y a beaucoup de haine et d’ignorance face aux heures du conte. Beaucoup de gens ne veulent rien entendre. Mais je persiste et signe, on doit rester vocal. Plusieurs commentaires sont aberrants, mais au final, les jeunes qui assistent aux heures du conte sont heureux. »
Jessie Précieuse a lu son premier conte à la Grande Bibliothèque le samedi 10 août. Plusieurs enfants étaient présents et tous ont apprécié l’activité, autant les enfants que les parents, selon elle. « Je ne lis pas des livres qui ont de grosses connotations LGBTQIA+ aux enfants. Je me concentre plus sur la morale des contes », soutient-elle.
Par exemple, à la Grande Bibliothèque, Alex a notamment lu l’histoire d’un éléphant qui ne parvient pas à monter dans les arbres. L’objectif était de partager la morale que tout le monde a des forces et des faiblesses. « J’essaie d’y aller avec une morale générale, mais qui s’applique à la communauté LGBTQIA+. D’ailleurs, je lis le livre avant de m’adresser aux jeunes pour m’assurer de la pertinence du message qui est partagé », détaille-t-il.
Plaisir et nécessité
Alex Verville ne s’en cache pas, il est primordial que des drag-queens continuent à lire des contes aux enfants, malgré l’opposition de certaines personnes. Motivé en partie par ce sentiment de devoir accompli, il prend beaucoup de plaisir à côtoyer les enfants et leurs parents. D’ailleurs, avant de lire à la Grande Bibliothèque, il avait tenté l’expérience à quelques reprises ailleurs au Québec.
« C’est lourd de ne pas pouvoir avoir un débat sain sur le sujet avec certaines personnes, mais de mon côté je prends quand même beaucoup de plaisir à lire des histoires aux jeunes. L’important, c’est que la magie opère auprès des enfants ! Et au passage, les parents aussi ont du plaisir », conclut Alex Verville avec beaucoup de sagesse.