Ce qu’il faut savoir de celui qui est aussi musicien et dirigeant de l’Ensemble Grégoria, à Sorel-Tracy, est qu’il se veut un exemple pour bien des personnes qui vivent avec la même réalité que lui. C’est à la suite d’une longue et difficile période de transition, au fil de ses études et de sa carrière, qu’il a été diagnostiqué avec un TSA (Trouble du spectre de l’autisme) Asperger à l’âge de 47 ans. Enfant atypique et hypersensible, il a souvent été la cible de ses camarades. Cette intimidation qui dure tout le temps de son adolescence lui a laissé les séquelles d’un stress post-traumatique à l’âge adulte.
D’ailleurs, aujourd’hui, parmi ses nombreuses occupations, il vient en aide à des personnes qui vivent des troubles d’anxiété. Il donne aussi des conférences et certaines d’entre elles, offertes dans un contexte scientifique et social, sont en lien avec ses qualités d’intervenant psychosocial et de mentor auprès de personnes autistes.
Sur le côté, il a écrit trois ouvrages traitant d’ornithologie, de l’autisme et de la musique. En 2013, il a reçu la médaille du jubilé de diamant de la reine Élisabeth II pour sa contribution à la cause de l’autisme et pour ses réalisations dans le domaine musical. Cependant, de son propre aveu, il ne se reconnaît pas vraiment comme un pilier dans le domaine de la musique.
Pourtant, plusieurs personnes, connaissant bien la musique, reconnaissent son apport dans le milieu. C’est le cas de Rachel Doyon, directrice générale de la Maison de la musique de Sorel-Tracy. « Antoine Ouellette est une grosse pointure dans le domaine de la musique. Il est d’ailleurs reconnu par le Centre de musique canadienne. Antoine est un grand musicien et un brillant compositeur », décrit Rachel Doyon.
Parcours hors de l’ordinaire
Malgré un cheminement pas toujours évident, Antoine Ouellette a suivi une route que l’on pourrait qualifier de multidisciplinaire. L’auteur s’est mis à l’étude du piano, puis du violoncelle. Il a suivi une double formation en sciences biologiques, en écologie et en musicologie à l’Université de Montréal. Il enseigne l’histoire de la musique et la musicologie à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM). En 2006, il a soutenu une thèse interdisciplinaire intitulée Le chant des oyseaulx : comment la musique des oiseaux devient musique humaine, et obtient le titre de Philosophiæ doctor, en Étude et pratique des arts à l’UQÀM.
Parallèlement à toutes ses occupations, il compose et compose et compose. « J’ai écrit 80 pièces, principalement pour instruments solos et d’autres pour de petits ensembles, de la musique de chambre, des choeurs a cappella », résume-t-il.
Plusieurs de ses pièces ont été jouées et éditées à Paris comme la pièce Bourrasque, par exemple. Antoine est compositeur agréé du centre de musique canadienne. « Cela me donne des redevances lorsque mes pièces sont jouées et quand mes partitions sont vendues », explique Antoine Ouellette.
Ses pièces sont beaucoup sollicitées, mais notre auteur sorelois a toujours su rester discret… trop peut-être. Fort reconnu dans le milieu de la musique, il a fait l’objet d’une page sur Wikipédia et il ne le savait même pas. Il est juste heureux et flatté que l’on lui fasse l’honneur de jouer ce qu’il peut avoir écrit.
Depuis 2018, il est chef de chœur de l’Ensemble Grégoria à Sorel-Tracy. Ce groupe de 20 chanteurs se déplace d’église en église, particulièrement dans la Montérégie pour faire connaître le chant grégorien.
« Je travaille sur un projet pour des choeurs, orchestres avec des sons natures », dévoile-t-il. La nature est importante pour lui. Antoine Ouellette a aussi des ouvrages sur l’ornithologie et donne d’ailleurs des conférences à ce sujet.
Concerts à venir
Le 9 mars, on pourra entendre Une messe pour le vent qui souffle, interprétée par Raphaël Ashby aux grands orgues de l’église Très-Saint-Nom-de-Jésus à Montréal, une œuvre pour orgue de 45 minutes. Le 18 avril, un grand concert du Vendredi saint mettra en vedette la pièce L’amour de Joseph et Marie, toujours écrite par Antoine Ouellette. Il sera présenté à l’église Saint-Jean-Baptiste à Montréal.
« Le deuxième concert sera mon oratorio interprété par la Société philharmonique de Montréal sous la direction de Pascal Côté avec 250 chanteurs et musiciens dont Florence Bourget (mezzo-soprano), Christopher Dunham (baryton), Arya Leclerc, et Magali Simard-Galdès (sopranos). C’est une œuvre de 70 minutes pour voix solistes, chœurs et orchestre symphonique. C’est un grand honneur qu’on me fait. Je suis très touché que l’on ait choisi ma pièce », nous confie Antoine Ouellette.
Ce dernier précise qu’il avait été approché en 2023 pour la présenter. « Elle aurait dû être jouée en 2000 et depuis, j’y ai fait de petites retouches », rappelle-t-il.
Le troisième concert aura lieu le 24 avril. Le pianiste sorelois Antoine Laporte donnera la création du cycle d’Antoine Ouellette pour piano Terres et ciels (60 minutes de musique). Cela se passera au Centre de musique canadienne à la salle Kendergi. « Ce sera la première fois qu’elle sera jouée, alors on parle ici d’une création toute nouvelle, fait remarquer Rachel Doyon. Cette œuvre