7 novembre 2023 - 08:28
Assurer la paix est aussi important que faire la guerre pour un vétéran
Par: Stéphane Fortier

André Péloquin, qui s’est fait voler tous ses souvenirs de l’occupation à son retour au Québec (médailles, uniformes et photos), n’a plus qu’un béret à arborer aujourd’hui. Photo Stéphane Fortier ǀ Les 2 Rives ©

Le vétéran sorelois André Péloquin a 91 ans et non, malgré son âge, il n’a participé à aucune guerre, ni la deuxième, ni la guerre de Corée. Malgré tout, il a vu les horreurs que peut causer un conflit armé.

Nous sommes au début des années 1950. La guerre de Corée oppose la République de Corée (Corée du Sud), soutenue par les Nations unies (dont la République de Chine (Taïwan) à cette époque), à la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord), soutenue par la République populaire de Chine et l’Union soviétique. Plusieurs Canadiens français y ont alors participé.
« Je voulais m’enrôler pour participer à la guerre de Corée, mais mon père me disait que j’étais trop jeune à 18 ans. Je me suis bien repris par la suite en faisant partie du 22e régiment qui a été envoyé en Allemagne pour le maintien de la paix, pour ce qu’ils appelaient l’occupation », raconte d’entrée de jeu André Péloquin.
L’occupation de l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale résulte de la volonté des Quatre Puissances (Russie, Grande-Bretagne, États-Unis et France) d’éliminer en profondeur le régime nazi et de prévenir tout risque de résurgence du militarisme allemand. Après trois camps d’entraînement, André Péloquin se rend finalement en Allemagne, au milieu des années 1950 où les Russes, les Américains, les Britanniques sont présents. M. Péloquin a passé deux ans et quatre mois en Allemagne. « J’étais stationné en zone britannique où les Canadiens se trouvaient ».
Les Russes, en Allemagne, qui prétendaient qu’ils avaient battu les Allemands, en menaient large si l’on se fie à M. Péloquin. « Les Russes contrôlaient la moitié de la Ville de Berlin et ils ont en fait voir de toutes les couleurs aux Allemands. Il y avait encore des SS qui traînaient là-bas. Certains soldats russes ne se gênaient pas pour agresser sexuellement de jeunes allemandes, souvent mineures », se souvient-il.
Dans la région où les Canadiens étaient stationnés, il y avait un club tenu par des Russes. « Nous pouvions y aller, mais lorsqu’on voulait revenir, les Russes nous empêchaient de nous en aller. L’armée canadienne devait négocier avec les Russes pour nous laisser partir », raconte le vétéran.
Les armées britannique et canadienne n’ont pas peut-être pas eu à combattre au cours de cette période, mais ils avaient certes de quoi se défendre. « Nous avions beaucoup de munitions à notre disposition, mais il fallait garder tout cela très secret, évidemment », mentionne M. Péloquin.
Bien sûr, les soldats canadiens ne restaient pas à rien faire. « Il fallait marcher cinq milles par jours, histoire de garder la forme. On a déjà marché 50 milles dans la même journée », se souvient André Péloquin.
La prison
Au cours de son séjour en Allemagne, André Péloquin et quelques-uns de ses coéquipiers ont dû passer une quinzaine de jours dans une prison allemande. « Nous devions faire des exercices dans le bois et nous avons décidé plutôt d’aller se promener en ville. On a été arrêtés et on nous a enfermés dans une prison allemande. Nous avons réussi à nous en évader, au grand désespoir de l’état-major de l’armée canadienne », relate-t-il.
Au cours de son expérience en Allemagne, André Péloquin en a profité pour visiter la France et la Belgique. « L’armée canadienne m’a demandé de signer un contrat d’engagement de trois ans, mais moi, je voulais aller au Japon. Le problème, c’est qu’il n’y avait plus de base canadienne au Japon. Alors je suis revenu à Sorel où j’ai rapidement trouvé un emploi à la Sorel Steel », se remémore le vétéran qui sera présent à la cérémonie du jour du Souvenir le 11 novembre à Sorel-Tracy.

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