21 mars 2023 - 08:11
Atout essentiel
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

Il fallait s’y attendre. Le Centre des arts contemporains du Québec à Sorel-Tracy demande à la Ville de lui consentir un crédit annuel de taxes. Il a fait parvenir sa demande en ce sens à la Commission municipale du Québec qui tranchera après avoir consulté la Ville. Qu’en dira-t-elle?

Ce projet est né sous la gouverne de conseils précédents pour ajouter un lieu de rencontre entre artistes et public. Des élus actuels ont emboîté le pas au projet défendu bec et ongle par l’ex-maire Serge Péloquin. L’ambition? Devenir la référence en arts visuels au Québec et même au Canada.

Il aura fallu six ans pour réaliser sa première phase. Et ce ne fut pas sans douleur. Car il y a eu trois vagues de contestation : sur la pertinence qu’il soit installé sur le site patrimonial de la Sincennes-McNaughton Line et de l’ancien consulat américain; sur le versement au centre des 730 000 $ reçus de l’assurance après l’incendie d’un des bâtiments; et sur la signature d’un bail emphytéotique de 35 ans entre la Ville et le centre pour qu’il s’installe au quai Richelieu au coût de 7 à 10 M$.

Plusieurs gestes ont ainsi soutenu cette implantation soreloise. Malheureusement, l’installation de sculptures dans des espaces publics a été ridiculisée par certains, mal à l’aise de regarder des œuvres qu’ils ne comprennent pas nécessairement. D’où l’importance de trouver près de chez eux un centre qui les familiarisera à l’art contemporain et ses multiples expressions.

Le conseil recevra-t-il cette demande avec bienveillance ou choisira-t-il de s’en tenir à son programme d’aide aux organismes accrédités – voté en février dernier – consistant en dons, quotes-parts et services ou commandites?

Même si 17 d’entre eux bénéficient de crédits de taxes, on ne sait pourquoi on a pris cette décision alors qu’on connaît les critères de l’aide et le comité ad hoc constitué pour analyser les demandes. Rien de public pour les crédits de taxes sinon que les bénéficiaires œuvrent dans le monde de la culture et du socio-communautaire.

Une exemption de taxes au centre des arts pour neuf ans priverait d’une rentrée annuelle de quelque 30 000 $ comme immeuble non résidentiel évalué à 1,3 M$ en 2023. Ce n’est que peu sur un budget de 68,9 M$! J’emboîte le pas à cette demande pour faire ma toute petite part via mes taxes à ce projet.

Parce que j’aime l’art contemporain pour l’étonnement qu’il provoque chez moi, le mystère qu’il expose. Les œuvres me forcent à regarder autrement. Ça ne me fâche pas de ne pas toujours comprendre le langage de ses créateurs à première vue. J’aime la créativité de l’artiste qui y exprime sa vision des choses autre que traditionnelle. J’aime sa confiance en son imaginaire, l’usage qu’il fait de son matériel, l’harmonie qui en émane via ses formes et couleurs, sa maîtrise de techniques et surtout son audace à partager son cheminement avec nous. Je laisse l’œuvre me parler. Voire me conquérir. J’aime le stimulus et l’émotion qu’elle éveille en moi. La quête de beauté à laquelle elle me pousse.

Je sais bien que tous ne vivent pas la même chose devant une œuvre d’art. Et c’est correct. Mais je veux aussi que la région, en connivence avec ses intervenants culturels, continue d’accueillir des projets qui constituent des atouts essentiels dans sa main touristique et économique!

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