Pourtant de tels gestes sont posés plus fréquemment que jamais. On parle même de harcèlement psychologique quand ces insultes à l’égard d’une personne se répètent. Tout cela pour manifester une divergence de vue. Pour dire son insatisfaction à l’égard d’une décision ou d’un service rendu.
Les élus municipaux en savent quelque chose. Ceux de Sorel-Tracy ont révélé l’an dernier en être victimes. Et la semaine dernière, la mairesse de Contrecœur, Maud Allaire, appelait au respect des employés municipaux dont des téléphonistes et certains affectés aux travaux publics ou à l’urbanisme qui ont été pris à partie par des concitoyens insatisfaits des services reçus.
Outre le municipal, d’autres secteurs sont aussi affectés. Comme l’Hôtel-Dieu de Sorel et plusieurs commerces où on multiplie les affiches appelant au respect des personnels. La violence verbale ne sera pas tolérée, y lit-on. Dans les écoles, des enseignants se plaignent de l’attitude de certains jeunes à leur égard. Plus largement au Québec, des députés ont quitté leur fonction et des artistes ont fermé leur page Facebook parce qu’ils en avaient assez d’être l’objet de quolibets, de sous-entendus ou de fausses accusations dans ces chambres d’écho que sont les réseaux sociaux. Il faut être fait fort pour affronter ce fléau!
Cette intervention de Mme Allaire était nécessaire pour rappeler à l’ordre ceux qui exercent de telles pressions. Elle a ainsi agi en bon employeur, assumant son obligation morale d’agir pour mettre fin à de tels comportements. Et en bon leader chargé de maintenir un sain climat entre tous et ainsi permettre à sa municipalité de grandir.
L’impatience presqu’automatique maintenant de citoyens provient-elle du manque de confiance qu’ils éprouvent envers les élus et décideurs? Des décisions qu’ils arrêtent? Du retard ou carrément d’absence de réponse à leurs interventions? Ou de travaux non exécutés comme ils le souhaiteraient? Souvent leurs récriminations ne s’adressent pas aux bons interlocuteurs.
Chose certaine, au lieu de recourir calmement aux mots justes pour traduire à la fois leurs idées ou réactions, ils utilisent invectives, insultes et injures pour manifester leur mécontentement grandissant, et ce, au nom de la sacrosainte liberté d’expression. Liberté garantie par la Charte canadienne des droits et libertés insérée dans la Constitution de la société libre et démocratique qui est la nôtre. Un droit qu’ils revendiquent où qu’ils soient et quelles que soient les situations ou décisions à dénoncer. Et ce, malgré le fait que cette même charte ne tolère ni l’insulte, ni la médisance, la calomnie ou les sous-entendus malveillants.
Oui leur colère peut être légitime. Mais ce n’est pas en vociférant qu’ils peuvent compter être entendus. Tout est dans la façon de le faire. Car leur attitude conditionne l’écoute de l’autre. Exprimer calmement sa dissension est nécessaire pour établir un dialogue susceptible de trouver des solutions ajustées aux problèmes soulevés. C’est la seule façon d’être clairement compris. Une escalade d’injures nuit à la cause de celui qui les profère plus qu’elle ne l’aide. Tout le monde en sort perdant! Avis aux intéressés!