26 août 2016 - 00:00
Baie Lavallière : levée de boucliers contre le ministre Paradis
Par: Louise Grégoire-Racicot
Le député Sylvain Rochon entouré de Benoit Paul et de son père Jean-Marie. | Gracieuseté

Le député Sylvain Rochon entouré de Benoit Paul et de son père Jean-Marie. | Gracieuseté

Le Parti québécois (PQ) et l’Union des producteurs agricoles (UPA) Richelieu-Yamaska dénoncent le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis qui, disent-ils, « tarde à faire preuve de jugement et d’humanité » dans le dossier de la ferme J.M. Paul et fils.

Jean-Marie Paul et ses fils croulent actuellement sous le poids des dettes, ne pouvant plus cultiver leur terre comme ils ont pu longuement le faire quand elle n’était pas inondée à cause de travaux de creusage de cours d’eau non autorisés par Québec.

« Le temps est venu pour le ministre Paradis de mettre le poing sur la table et de faire entendre raison à ses collègues du cabinet et de dédommager les producteurs agricoles affectés par ce retard intolérable », réclament le député péquiste de Richelieu Sylvain Rochon et le porte-parole du PQ en agriculture André Villeneuve.

Année après année, ces producteurs de la baie Lavallière accumulent des pertes de rendement désastreuses, dénoncent-ils. « Les conséquences économiques sont telles qu’elles mettent en péril la survie même de la ferme établie depuis 11 générations », poursuivent-ils.

Pour un, Jean-Marie Paul a révélé au Journal qu’il estime ces pertes à près d’un million de dollars.

« La situation dure depuis une bonne douzaine d’années, mais tu veux pas lâcher. Donc tu hypothèques des parties. Mais tu dois payer des intérêts. Quand les années étaient meilleures, on pouvait compter sur l’assurance-récolte au besoin. Mais plus maintenant, car l’assurance est calculée sur les rendements des années précédentes. Nos rendements ne sont plus bons à cause de cette situation, donc on ne retire pas grand-chose. Pas assez pour payer les semences, les frais de la ferme, les réparations de machinerie, etc. Cette année, nous avons semé du blé, du soja et du maïs sur le bras de la coop. On a fait du foin aussi. »

La famille Paul n’intervient pas elle-même auprès des élus. L’UPA et le député Rochon le font pour elle.

« Assez! »

« Nous avons assez patienté. Le ministre Paradis doit passer de la parole aux actes », réclame le député Sylvain Rochon.

« Je talonne le ministre depuis mon entrée en fonction. Il avait donné quelques signaux positifs mais rien n’aboutit. La famille Paul n’a plus les moyens d’attendre, impuissante devant sa terre mise en péril parce qu’elle se draine mal à cause d’une combinaison de facteurs environnementaux. Aussi faut-il qu’elle soit dédommagée. »

Même impatience sinon colère chez Sylvain Joyal, de l’UPA qui défend bec et ongles le dossier de la famille Paul.

« Je rencontre cette semaine le président de l’UPA pour déterminer ce que nous allons faire dans ce dossier qui traine depuis plus d’un an. Le ministre avait promis des réponses qui ne viennent pas. C’est un manque de respect total. Les Paul ont pu semer cette année grâce à de bons Samaritains, mais cela ne les sort pas du trou. La réponse doit venir de Québec et c’est la responsabilité du ministre Paradis de voir à ce que l’agriculture fonctionne. Mais il se cache derrière une étude pour attendre. »

Un rapport qui ne vient pas

En juin dernier, le ministre Paradis recevait une étude hydrologique devant permettre d’optimiser la gestion de l’eau dans le bassin versant de la baie Lavallière, notamment dans le bas de la rivière Pot au Beurre où 13 producteurs (Sainte-Anne et Saint-Robert) sont mis à mal par le débordement de la rivière et l’inondation de leurs terres.

L’étude visait à assurer la cohabitation des usages faunique et agricole sur le territoire, traduisant implicitement le désir de changer la dynamique actuelle qui oppose environnementalistes et producteurs agricoles depuis plus de 15 ans.

L’objectif du projet était aussi d’améliorer la qualité de l’eau par l’adoption de pratiques agroenvironnementales à la ferme visant la réduction des pertes de sol et la diminution des apports de phosphore et de pesticides aux cours d’eau.

Trois ministères québécois sont concernés: celui de l’Agriculture, des Pêcheries et l’Alimentation (MAPAQ), le ministère du Développement durable, Environnement et Lutte aux changements climatiques (MDDELCC) de même que celui des Forêts, Faune et Parcs (MFFP).

Tous s’entendent sur l’obstruction des affluents, dit M. Rochon. « Mais leur entretien nécessite l’autorisation de plusieurs ministères, dont les résultats d’analyses se contredisent et qui se livrent à des guerres de juridiction. Depuis des mois, le gouvernement a entre les mains une étude hydrogéologique qui peut guider son action. Assez, c’est assez! Après plus de deux ans et demi de tergiversations, le gouvernement libéral doit régler cette affaire immédiatement », réclame-t-il.

Au moment d’aller sous presse, le cabinet du ministre Pierre Paradis n’avait pas retourné nos appels.

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