Encore moins d’organiser ce qu’on voudrait y vivre, à l’instar des années passées où on planifiait nombre de sorties, visites et va-et-vient qui l’empliraient pour profiter pleinement des journées tout en longueur, de l’effervescence de multiples festivals et activités aux alentours, au Québec ou à l’étranger.
Cette semaine, on franchira vraisemblablement les premiers pas du déconfinement sans savoir si le coronavirus nous donnera un répit ou s’il sera plutôt proactif, plus agressif dans le milieu sorelois passablement épargné depuis son arrivée. L’inquiétude pointe nécessairement.
Certains enfants rentreront bientôt à l’école. À souhaiter que ceux qui vivent des difficultés d’apprentissage y soient les premiers conviés! Et les enfants en service de garde renoueront avec le plaisir renouvelé de retrouver leurs petits amis.
Salut aux adultes qui les accompagneront. Ils rentreront certes, pour deux mois, animés d’un sens aigu du devoir, mais non sans risque d’affecter leur santé.
Puis viendront les vacances scolaires dont il est quasi impossible, pour le moment, de visualiser le déroulement, comme on avait l’habitude de faire. Comment savoir malgré tout profiter de l’été, ce temps de l’année si propice pour plusieurs à briser l’habituel horaire boulot-dodo et la difficile conciliation travail-famille qu’il impose?
Des retraités, comme moi, se rendent bien compte qu’ils ont perdu la notion du temps depuis cette pandémie. Mais j’apprécie la liberté dont je bénéficie qui, il va sans dire, n’a rien à voir avec celle beaucoup plus restreinte de ceux qui doivent travailler tout en assurant la bonne marche de la maisonnée, l’attention à porter au bien-être et développement de leurs enfants.
Cette liberté aussi fort perturbée de ceux qui, soudainement sans emploi, s’inquiètent de ne pouvoir rencontrer toutes leurs obligations parentales et/ou financières.
Six semaines de ce régime jouent à la fois sur la patience, l’optimisme, l’humeur, l’équilibre mental de tous. Donc sur la qualité des relations à l’autre, qui soit-il. C’est usant!
Même s’il faut applaudir la créativité des organisateurs du Gib Fest – qui, ne pouvant tenir leur festival annuel, proposent l’opération d’un ciné-parc inédit à Sorel-Tracy – ou la ténacité des gens du secteur touristique à proposer des activités attrayantes, il faut aussi envisager que ce sera peut-être l’été du balconville.
Perspective néfaste pour ceux dont le chez-soi – qui devrait être un havre de paix – est peut-être devenu un lieu d’enfermement, donc de souffrance.
Oui, pour certains, leur maison – qui devrait être un lieu de repli sur soi, de paix et d’harmonie – s’est possiblement transformée en un haut lieu de tensions, de mal-être, de mouvement perpétuel et étourdissant. Ou un triste lieu de solitude pour personnes seules.
Il faut donc trouver les moyens de redonner au foyer cette fonction de refuge où refaire ses forces, réanimer et nourrir ses rêves. Des moyens de se soustraire de ce quotidien qui étouffe. Le défi sera de taille. Plusieurs devront pouvoir compter, voire appeler à l’aide des intervenants – qu’ils émanent de la santé publique, d’organisations et services municipaux et paramunicipaux ou d’organismes bénévoles.
On espère leur présence concrète, assidue et aidante! Car il faudra trouver, l’été aidant, comment se donner ce répit essentiel. Et à défaut de pouvoir sortir de la ville ou de la région, s’assurer que la maison n’est pas seulement une adresse sur rue, mais vraiment un lieu dans le monde. Là où l’on peut se donner le droit d’être vraiment soi et le respirer. Là où on peut à la fois être ici et ailleurs!