1 octobre 2024 - 08:02
Elle s’ennuyait d’écrire pour les jeunes
Bernadette Renaud nous réserve de nouvelles surprises
Par: Stéphane Fortier

Bernadette Renaud pose avec son avant-dernier roman jeunesse. Photo Stéphane Fortier | Les 2 Rives ©

La réputation de Bernadette Renaud dans le milieu littéraire n’est plus à démontrer. La Contrecœuroise a remporté de grands succès auprès des lecteurs, tant au niveau des enfants que des adultes, a été récipiendaire de nombreux prix nationaux et internationaux, dont celui de l’Unesco en 1994 et, même si elle n’a plus écrit un ouvrage qui s’est retrouvé dans les vitrines des librairies depuis 2009, ne croyez pas qu’elle a dit (ou écrit) son dernier mot.

L’auteure, âgée de 79 ans, qui a à son actif 9 romans jeunesse, 20 albums et 8 romans pour adultes, s’ennuie d’écrire, notamment pour les enfants. « Je devrais publier un album pour les enfants à l’automne 2025 contenant peu de mots, mais beaucoup d’illustrations », dévoile Bernadette Renaud.
« Après 15 ans, je ne savais pas que cela me manquait autant. C’est quand j’ai commencé à écrire cette histoire, destinée à des enfants très jeunes et très illustrée, que j’ai réalisé vraiment que je m’ennuyais de l’écriture », justifie l’écrivaine, qui n’a pas voulu en dévoiler plus, histoire de nous laisser sur notre appétit.

La genèse d’une belle carrière

Bernadette Renaud pouvait-elle éviter de faire une carrière d’auteure, et qui plus est, d’auteure aussi prolifique? « J’ai décidé d’écrire quand j’avais huit ans. J’étais en troisième année et je me débrouillais déjà. On me disait que j’écrivais bien, mais je croyais alors que tout le monde écrivait bien. C’étais facile pour moi de composer », relate Mme Renaud, elle qui dévorait les contes de l’encyclopédie de la jeunesse qui trônait sur la bibliothèque de la maison familiale.

Même si Bernadette Renaud a été une écrivaine précoce, c’est vers l’enseignement qu’elle s’est d’abord lancée. « J’ai enseigné au primaire, mais peu de temps. J’ai par la suite effectué du travail de bureau jusqu’à ce que je rencontre une personne qui travaillait pour une maison d’édition. Cela a été un signe, mais c’est un rêve que j’ai fait à propos d’un rendez-vous manqué qui a sans doute été le déclic. Il ne fallait pas que je rate mon rendez-vous avec la littérature », raconte-elle.

Elle a commencé à écrire pour les enfants qu’elle connaissait bien pour leur avoir enseigné et avoir été impliquée dans des groupes de jeunes comme les louveteaux. Sa première histoire? Émilie, la baignoire à pattes. Elle écrit ensuite des histoires comme Le chat de l’oratoire qui inspirera le film Bach et Bottine pour lequel elle écrira d’ailleurs le scénario.
« Une refonte de ce film sortira d’ailleurs à la fin de novembre et s’intitule Mlle Bottine. Il met en vedette Antoine Bertrand et Marguerite Laurence », dévoile Mme Renaud.
« Mon écriture étant très visuelle, on me voyait écrire pour le cinéma. L’ONF [Office national du film] voulait produire une série de longs métrages pour les jeunes, mais cela ne s’est pas concrétisé », se souvient-elle.

C’est Rock Demers, lequel a produit le film Bach et Bottine et ensuite la série des Contes pour tous, qui a récupéré l’idée. Il avait demandé à Bernadette Renaud d’écrire les prochains scripts de ses films. « Mais j’ai refusé. Je ne suis pas une personne qui écrit des scripts, mais une auteure », de préciser Mme Renaud, qui a tout de même écrit le livre du film Bach et Bottine.
Au fil des années, elle a aussi écrit pour des séries télé comme Watatatow, Klimbo ou Michou et Pilo.

Enfants, adultes et… ados

Bernadette Renaud a, par la suite, continué à écrire pour les enfants avec des albums et des contes, mais aussi pour les adultes avec des trilogies comme Un homme comme tant d’autres et Les chemins d’Ève. « J’avais le goût d’écrire des histoires qui nous fassent reculer dans le temps comme la trilogie d’Un homme comme tant d’autres qui débute en 1870, se poursuit jusqu’en 1940 et se passe dans l’environnement d’un moulin à scie », explique l’auteure, qui avait fait une pause en ce qui a trait l’écriture pour les jeunes à l’époque.

Et les ados? « Je connaissais moins les ados. Mais finalement, j’ai écrit Perdu dans la brume, une histoire qui se déroule à Sorel-Tracy », fait-elle remarquer.
Bernadette Renaud n’a jamais écrit sous la contrainte d’un calendrier et estime avoir toujours été libre en matière de création. « Ce qui me guide, c’est une idée. Une idée me vient et je me demande ce que je vais en faire. C’est notamment l’idée qui décide à quel genre de lecteurs je vais m’adresser. Il ne suffit souvent que de quelques phrases. Écrire pour tous les âges représente toutefois un danger. Le lecteur peut avoir du mal à suivre l’auteur. À cause de cela, je ne l’ai pas toujours eu facile », exprime Bernadette Renaud.

Chose certaine, elle demeure toujours convaincue que « la liberté d’écrire un livre, c’est la plus grande liberté qui soit », conclut-elle.

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