Dans le cadre de ses études en génie mécanique au Cégep de Sorel-Tracy, elle a effectué trois stages chez RTFT. « Quand j’ai eu mon diplôme, j’ai postulé et j’ai été engagée en même temps que huit autres mécaniciens. C’est vraiment plaisant, on est une nouvelle cohorte et on a tous le même âge. J’ai toujours aimé le travail d’équipe. Il y a quelques années, peut-être que les gars étaient plus résistants à partager leur expertise. Maintenant, ils sont prêts à travailler avec des filles, c’est même apprécié. On n’a pas le même type d’écoute, on est plus minutieuse et on aime apprendre. Ça change énormément d’avoir une fille dans un milieu de travail industriel », raconte-t-elle.
Camille Gratton était la seule fille de sa cohorte au Cégep et sur les 250 mécaniciens sur le plan, elle est encore la seule et, à preuve du contraire, toujours la plus jeune.
« J’ai l’impression que mes collègues masculins ont une attitude bienveillante envers moi. Je ne suis pas mise à part parce que je suis une fille. Il y avait une perception répandue que les filles pouvaient être infantilisées dans le milieu industriel. Ce n’est peut-être pas fait pour tout le monde, mais moi j’ai pris ma place pendant mes stages. Ça ne me faisait pas peur », précise Camille.
À son arrivée chez RTFT, elle s’inquiétait que sa force physique soit une barrière. « J’ai vite compris que dans l’entreprise Rio Tinto, on n’est pas censé forcer physiquement outre mesure. On travaille avec de gros équipements, il y a la chaleur, c’est impressionnant au début. Par contre, il y a toujours une méthode pour t’aider à te simplifier la tâche. Il y a toujours un outil à ta portée pour réussir la job sans problème et sans te blesser. Ça me rassure », explique-t-elle.
Faire sa place
Camille Gratton n’a que de bons mots pour ses collègues de travail. « On est rendu là, la place des femmes n’est plus à faire. Plus il va en avoir, plus ça va être agréable. Je sens que ça change un groupe de gars d’avoir une fille dans l’équipe, c’est moins lourd, un peu de douceur et de joie, ça fait du bien! Les gens sont ouverts d’esprit, c’est fini les vieilles mentalités. Je m’implique dans le club social, j’assiste aux rencontres en espérant avoir éventuellement ma place. Tu peux être d’une autre nationalité, un homme, une femme, peu importe, tu as ta place dans l’entreprise », soutient-elle.
Finalement, la jeune femme espère que son vécu inspirera d’autres femmes à travailler dans des usines. « Je parle beaucoup, j’ai beaucoup d’énergie, ça me permet de bien m’intégrer. Je n’ai pas peur de me salir et je suis très heureuse de mettre mes talons hauts quand je sors de l’usine. Tant que je vais être heureuse de me lever le matin pour venir travailler et que j’aurai du plaisir, c’est sûr que je peux être ici pour longtemps », conclut Camille Gratton avec enthousiasme.