6 mars 2024 - 03:34
Ces femmes indispensables pour l’émancipation sportive des enfants
Par: Alexandre Brouillard

Anie Aubé et son fils Nicolas Aubé-Kubel après la victoire de l’Avalanche du Colorado en finale de la Coupe Stanley, en juin 2022. Photo gracieuseté

Anie Aubé accompagnée par sa fille Alex-Anne Aubé-Kubel après une prestation de patinage artistique. Photo gracieuseté

Nicolas Aubé-Kubel et Anie Aubé, en 2014, avec la Coupe du Président remis à l’équipe championne de la LHJMQ. Photo gracieuseté

Valérie Thiboutot (au centre) et Marianne Massé (à droite) investissent un nombre incalculable d’heures dans le hockey. Photo gracieuseté

Valérie Thiboutot, une fière hockey mom, et sa famille. Photo gracieuseté

L’aréna, ce lieu mythique où naissent les rêves les plus fous de jeunes hockeyeurs et même de patineurs artistiques qui évoluent entre les odeurs d’efforts, d’une succulente poutine et du café si important pour les parents qui assistent aux entraînements de leurs poulains avant même que le coq chante. Mais que serait l’aréna sans les femmes – qu’elles soient mères, grands-mères, bénévoles ou employées – qui multiplient les heures, bien souvent sans les compter, pour permettre aux enfants de s’amuser, s’émanciper et grandir?

Notre journaliste est allé à la rencontre de trois femmes qui, malgré leur parcours différent, ont joué ou continuent de jouer, à leur façon, un rôle indispensable dans la vie de leurs enfants ou de jeunes sportifs.

Anie Aubé, mère de trois adeptes de patinage

Bien que ses enfants sont aujourd’hui majeurs, Anie Aubé continue de les encourager dans leur sport favori, que ce soit dans un aréna de la Ligue nationale de hockey (LNH) ou sur un bateau de croisière.

Ses enfants Alex-Anne Aubé-Kubel et Gabrielle Boisvert ont pratiqué le patinage artistique pendant de nombreuses années. L’aînée, Alex-Anne, continue même aujourd’hui à patiner professionnellement sur des bateaux de croisière, tandis que Gabrielle a arrêté la compétition plus jeune. Son fils, Nicolas Aubé-Kubel, est un hockeyeur professionnel qui évolue pour les Capitals de Washington dans la LNH. Ce dernier a d’ailleurs soulevé la Coupe Stanley, en 2022, avec l’Avalanche du Colorado.

Ainsi, dire qu’Anie Aubé connaît très bien la vie d’aréna n’est pas exagéré. « J’ai eu mes enfants en Alberta [Alex-Anne et Nicolas], mais je suis revenue au Québec comme mère monoparentale. Je les ai rapidement inscrits au patinage artistique parce que je voulais qu’ils bougent et qu’ils se fassent des amis. Après, Nicolas a fait du power skating. De fil en aiguille, leurs activités ont pris de l’ampleur et les deux ont vraiment accroché sur le sport », se remémore Mme Aubé.

Rapidement, les loisirs de ses enfants se sont transformés en vraies passions. Les week-ends sont devenus, pour plusieurs années, une valse entre les arénas pour les compétitions de patinage artistique et les joutes de hockey. « Les week-ends, on devait les préparer d’avance, mentionne Anie Aubé avec amusement. Je partais avec mon conjoint, et si nous étions chanceux, on pouvait assister à la partie de Nico et aux compétitions des filles. Sinon, c’était mon père qui accompagnait mon fils au hockey. »

Au fil des années, des arénas, Anie Aubé en a vu plus qu’un. Alors que sa plus vieille se démarquait en patinage artistique, son garçon jouait au hockey 12 mois par année. Le talent de Nicolas était rapidement devenu indéniable.

« Lorsque j’avais des propositions pour des soupers et des sorties entre amis, je ne disais jamais oui d’emblée parce que je devais regarder l’horaire. Je n’ai jamais vu ça comme un sacrifice, on organisait seulement nos horaires en fonction des enfants. À force, on aime ça et ça devient notre quotidien », confie la Soreloise, qui s’est même impliquée auprès du comité du Club de patinage artistique (CPA) de Sorel-Tracy.

Rapidement, Anie a dû se séparer de Nicolas qui été parti vivre avec une famille de pension, alors qu’il évoluait pour les Gaulois de Saint-Hyacinthe dans le Midget AAA. La séparation n’a d’ailleurs pas été éphémère puisque son jeune hockeyeur a ensuite joué dans la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LHJMQ) avec les Foreurs de Val-d’Or, de 2012 à 2016, avec qui il a remporté les séries éliminatoires en 2014. Des années durant lesquelles Anie a parcouru plusieurs milliers de kilomètres pour assister aux matchs de son fils.

« En tout cas, j’en ai vu des épinettes, lance-t-elle à la blague. C’était de belles années, voir son fils jouer devant des milliers de personnes dans des arénas du Québec. »

« Il aime vraiment le hockey, soutient-elle. Il n’a jamais été de reculons à un match ou à une pratique. C’était difficile pour une mère de voir son p’tit gars quitter la maison vers 14 ans. On le voyait la fin de semaine dans les arénas. Mais j’étais heureuse pour lui parce qu’il vieillissait et devenait autonome très jeune », raconte Anie Aubé avec précision.

Repêché en 2014 dans la LNH par les Flyers de Philadelphie, Nicolas a joué pour différentes organisations, entre 2015 et 2024. En 2022, il a même remporté la Coupe Stanley avec l’Avalanche du Colorado. Un moment qui laisse des souvenirs indélébiles dans l’esprit de sa maman. « C’était surréaliste, admet Anie. Lorsqu’il a soulevé la Coupe sur la glace à Tampa Bay, c’était un gros rush d’adrénaline. Je n’avais jamais vu Nico comme ça. C’est son parcours et tous ses efforts qui l’ont mené à ça. Il ne l’a pas volé à personne. »

Aujourd’hui, elle assiste à quelques matchs par année de son fils, qui porte dorénavant les couleurs des Capitals de Washington. Elle assiste même aux prouesses d’Alex-Anne qui a effectué quelques contrats sur des bateaux de croisière.

« Le sport donne tellement une belle discipline dans la vie des enfants! J’encourage les parents à accompagner leurs enfants dans leurs sports », conclut Anie Aubé.

Marianne Massé, responsable des marqueurs

Les arénas, Marianne Massé les sillonne par choix les week-ends, bien qu’elle n’ait pas d’enfants qui jouent au hockey ou qui font du patinage artistique. Depuis maintenant deux ans, elle est responsable des marqueurs pour l’Association de hockey mineur du Bas-Richelieu (AHMBR).

« J’ai toujours eu à cœur l’implication communautaire, souligne la jeune femme de 25 ans. Dans le passé, j’étais impliquée dans des activités parascolaires, et maintenant, je veux redonner aux jeunes qui parcourent les arénas. »

Originaire de la Rive-Nord de Montréal, Marianne a aménagé dans la région avec son conjoint, il y a quelques années. « Mon conjoint arbitre le hockey mineur, je passais donc déjà des heures dans les arénas avec lui. J’ai donc eu l’idée de m’impliquer dans ce sport. Au départ, j’ai été marqueuse et rapidement, j’ai pris la relève de Donald Pelletier qui s’occupait des marqueurs, mais qui voulait diminuer ses tâches », explique-t-elle.

Aujourd’hui, en plus de ses fonctions avec l’AHMBR, elle s’implique auprès du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) avec la ligue universitaire. « Je m’occupe des matchs de l’Université Concordia et je fais aussi les matchs des Mustangs de Contrecœur [Ligue hockey senior élite] », indique Marianne Massé.

« Toutes ces fonctions, ce ne sont pas des emplois pour moi. J’ai tout simplement eu la piqûre et je trouve important de propager mon amour pour le sport. J’aime aider les jeunes marqueurs parce que c’est souvent leur premier emploi. C’est très gratifiant », conclut-elle avec enthousiasme.

Valérie Thiboutot, hockey mom, administratrice et bénévole

De son propre aveu, Valérie Thiboutot est maniaque de hockey. Mère de deux garçons, elle investit beaucoup de son temps dans le hockey, soit comme gérante de l’équipe de son aîné, comme administratrice du conseil d’administration de l’AHMBR ou comme bénévole pour l’événement caritatif « Nos Pee-Wee contre le cancer ».

« Je suis une éducatrice à l’enfance de profession, mais une chirurgie au dos m’empêche de retourner faire mon travail. J’investis donc mon temps dans le hockey. Comme gérante, j’essaie de saisir des opportunités pour l’équipe de mon garçon afin qu’il puisse vivre de belles expériences. J’adore vraiment ça », détaille la Contrecœuroise.

Son efficacité comme gérante d’équipes a rapidement été remarquée par l’AHMBR qui l’a approchée pour qu’elle s’implique comme bénévole. « Je m’occupe des inscriptions et j’ai aussi aidé, cette année, à recruter des gardiens de but parce qu’ils se faisaient rares. On a pris l’initiative de fournir l’équipement la première année pour les attirer et pour qu’ils essaient la position », explique Valérie Thiboutot.

Selon elle, le temps qu’elle investit présentement dans le hockey, principalement pour le bonheur de son fils, aura des retombées plus tard. Tout comme Anie Aubé, Valérie souligne les bienfaits des sports dans la vie des enfants. « Il apprend plusieurs valeurs, comme le travail d’équipe, qui lui seront utile plus tard, pense-t-elle. De notre côté, ça nous rend heureux de suivre nos enfants dans le sport. »

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