24 novembre 2025 - 09:51
Erreurs dans le palmarès 2024 de la Fondation Rivières
« C’est irresponsable » – Patrick Péloquin
Par : Alexandre Brouillard

Selon la Fondation Rivières, la Ville de Sorel-Tracy a effectué 60 dépassements de normes de rejets d’eaux usées autorisés en 2024. Photo tirée de Facebook

La station de pompage SP-15 situé sur le boulevard Fiset sera réparée en 2027. Photo Alexandre Brouillard | Les 2 Rives ©

En termes de dépassements de normes de rejets d’eaux usées autorisés, la Ville de Sorel-Tracy est passée de cancre à respectable, en moins d’une semaine, dans le palmarès 2024 de la Fondation Rivières.

Le 12 novembre, dans le premier communiqué publié par la Fondation Rivières, Sorel-Tracy apparaissait au second rang des municipalités les plus problématiques au Québec avec 627 dépassements des normes de rejets d’eaux usées.

Le 18 novembre, l’organisme a publié un erratum dans lequel Sorel-Tracy n’est plus un cancre, passant de 627 à 60 dépassements. « L’erreur est attribuable à une mauvaise interprétation des données fournies par les municipalités au ministère de l’Environnement. Nous nous excusons auprès de ces municipalités », écrit la Fondation Rivières.

Plus précisément, le palmarès 2024 comportait une erreur méthodologique dans le calcul des dépassements de normes de rejets autorisés. Ce ne sont pas 18 municipalités qui ont dépassé leurs normes de rejets autorisés plus de 100 fois, mais plutôt sept municipalités. Ainsi, avec le calcul précédent, 14 municipalités figuraient à tort parmi celles ayant dépassé leurs normes de rejets autorisés plus de 100 fois, dont Sorel-Tracy.

Questionné concernant l’erreur méthodologique de la Fondation, le maire de Sorel-Tracy Patrick Péloquin n’était pas heureux. « C’est vraiment dommage. On a une fondation qui veut promouvoir l’environnement et qui n’hésite pas à crier au loup. Mais là, elle nuit à notre réputation. Et souvent, un erratum n’a pas la même portée », a réagi Patrick Péloquin, maire de Sorel-Tracy.

« C’est irresponsable », ajoute-t-il du tac au tac.

Sans vouloir embarquer dans un débat méthodologique, Patrick Péloquin soutient que la Ville de Sorel-Tracy contestait les chiffres de la Fondation Rivières depuis le début. En effet, l’instance municipale soreloise arrive à 42 dépassements en 2024, et non pas à 60, et encore moins à 627.

Rappelons que toutes les municipalités se voient attribuer par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs une limite au nombre de déversements d’eaux usées autorisés par temps de pluie durant certaines périodes sensibles, comme l’été, où les milieux naturels sont plus fragiles et où les usages sont plus importants (prises d’eau potable, baignade, etc.).

Réseau âgé

Malgré tout, Sorel-Tracy possède un vieux réseau d’égout et pluvial. « Ce sont souvent des conduites communes, c’est-à-dire que le pluvial et le sanitaire sont ensemble. Donc, lorsqu’il y a de forts épisodes de pluie, il peut y avoir des épisodes de déversement parce que le réseau devient rapidement engorgé », avait expliqué le maire avant l’erratum.

Les déversements à Sorel-Tracy s’expliquent aussi en partie par une nappe phréatique naturellement plus élevée, puisque la ville se situe au confluent de la rivière Richelieu et du fleuve Saint-Laurent. Comme le sol y absorbe moins bien l’eau, les stations de pompage disposent d’une capacité plus limitée, augmentant donc la fréquence des débordements.

Des stations de pompage en rénovation

Patrick Péloquin rappelle que l’objectif de Sorel-Tracy est d’éliminer tous les déversements d’eaux usées. « C’est pourquoi on maintient nos investissements », souligne-t-il.

Sorel-Tracy compte sur 33 stations de pompage qui recueillent les eaux usées, pour les pomper vers les conduites principales ou vers l’usine de traitement. Ainsi, sans station, les réseaux d’égouts déborderaient souvent, surtout dans les villes près du niveau de l’eau comme Sorel-Tracy.

« Le tiers des stations sont réparées ou en réparation. Ce sont environ 12,5 M$ investis pour les réparer », révèle Patrick Péloquin.

En 2024 et 2025, quatre stations de pompage ont été rénovées. En 2026, quatre autres devraient l’être, puis deux supplémentaires sont prévues pour 2027 et 2028. « Quand on rénove des stations, ça cause des déversements supplémentaires », souligne le maire, ajoutant que ces investissements permettront de réduire la fréquence des déversements. Les investissements ont été pensés pour prioriser la remise en état des infrastructures les plus problématiques.

À cela s’ajoutent des investissements pour réparer les conduites d’égouts et pluviales.

Finalement, la Ville rappelle que les stations de pompage ont des limites et que les citoyens ont un rôle à jouer. Par exemple, dans les dernières années, beaucoup de lingettes pour bébés ont été jetées dans les toilettes et ont causé des dommages à des stations.

Par ailleurs, Patrick Péloquin soutient que les programmes de subventions gouvernementales pour les infrastructures d’aqueduc et d’égouts devront être plus généreux.

Nouveau palmarès des municipalités avec plus de 100 dépassements

1. Thetford Mines : 661

2. Coaticook : 168

3. Saguenay : 137

4. Rouyn-Noranda : 126

5. Beauharnois : 124

*Sorel-Tracy apparaissait au deuxième rang de ce classement avant la publication de l’erratum.

Conséquences des déversements

Les déversements d’eaux usées affectent les espèces aquatiques et, plus largement, la biodiversité. Ils nuisent aux espèces aquatiques en les exposant à une multitude de contaminants et en les privant d’oxygène. Ils peuvent affecter la qualité de l’eau aux prises d’eau potable et compliquent les opérations de traitement et de désinfection requises pour éliminer un maximum d’éléments nuisibles à la santé. En été, les déversements compromettent la disponibilité de sites de baignade sécuritaire et les activités nautiques.

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