Un accident en avril 2021 avait coûté la vie d’un cycliste qui y fut happé par un camion. Deux rapports – ceux du coroner Michel Massé et de la Commission des transports du Québec – rendus publics récemment disculpent à la fois le cycliste et le camionneur de toute responsabilité. Ils dénoncent plutôt la configuration inadéquate de l’intersection.
Les élus le savaient déjà. Peu de temps après l’accident, le conseil avait d’ailleurs confié à une firme d’ingénierie spécialisée le mandat de trouver une solution d’aménagement plus sécuritaire pour cette intersection. Visiblement hélas, il n’a pas pressé le mandataire de déposer rapidement ses recommandations. Il a fallu deux ans avant que ce dernier propose une solution qui amenderait cette importante lacune.
Pendant ce temps, rien n’a changé. Cette bretelle d’accès n’est toujours pas indiquée clairement, ce qui n’invite guère les conducteurs de véhicule à l’emprunter. Et s’ils l’empruntent, les cyclistes qui roulent sur la piste cyclable, tout comme les piétons, doivent la traverser à leurs risques avant d’atteindre quelques mètres plus loin l’intersection Roi / Hôtel-Dieu régie par un feu de circulation! Pire, on y a multiplié la circulation de camions lourds en provenance des élévateurs à grains, en faisant de la rue de la Reine, tout en bas du pont Turcotte, la sortie « obligée » de la nouvelle route des camions!
Il ne faudrait surtout pas qu’il faille encore deux ou trois ans avant que le conseil arrête son idée et le prix qu’il y mettra. D’autres accidents pourraient arriver. La vie des Sorelois, leur intégrité physique sont trop précieuses pour les mettre en danger plus longtemps.
De fait, c’est toute la fluidité de la circulation dans ce secteur fort achalandé, à ses heures, du centre-ville que les élus devraient reconsidérer. Une circulation d’autant importante que cette intersection est le seul point d’entrée et de sortie des motoristes, cyclistes et des piétons qui traversent le Richelieu.
Moment idéal aussi pour que les élus évaluent à court terme la pertinence de relocaliser la piste cyclable de la rue du Roi à la rue du Prince, où la circulation est moins dense. Une opération peu coûteuse pour l’effet bénéfique qu’elle aurait. Les cyclistes pourraient ainsi profiter pleinement de la protection apportée par les feux de circulation de l’intersection du Roi / Hôtel-Dieu ou d’éviter, selon la direction qu’ils veulent emprunter, de croiser la rue de la Reine, sortie de la route des camions. Un tracé qui avait d’ailleurs en 2021 soulevé l’ire des membres du Réseau cyclable de la Sauvagine qui étaient intervenus sur la place publique pour la dénoncer. Sans succès!
C’est aussi le moment privilégié pour le conseil de revoir et même de réorganiser la circulation dans ce secteur-clé dont l’aménagement principal remonte à des siècles passés. Sorel-Tracy a déjà 381 ans! Il est temps de questionner la pertinence de ces infrastructures et les réviser, si possible voire nécessaire, à la lumière des besoins actuels de ses citoyens. N’est-ce d’ailleurs pas ce que le conseil exprimait dans sa planification stratégique 2023-2030 en souhaitant améliorer les aménagements favorables aux déplacements actifs? C’est l’occasion. C’est l’heure!