Ils étaient en effet présents lors du dépôt d’une étude de la Fondation Rivières révélant que l’été, par temps sec, l’eau y est propice à la baignade. On définit comme temps sec, un bloc de trois jours consécutifs où il tombe moins de 5 mm de pluie. Est-ce fréquemment le cas? C’est ce qu’il faut savoir dès le départ, histoire de ne pas créer trop d’attentes.
De fait, ce dossier devrait probablement trouver idéalement sa place à la table de la MRC. Car l’ouverture d’une plage exige notamment de son initiateur qu’il aménage et entretienne les berges, qu’il les dote d’infrastructures adéquates sanitaires, sécuritaires et utilitaires, qu’il surveille quotidiennement la qualité de l’eau et qu’il embauche des surveillants qualifiés qui apporteront aide et secours aux baigneurs en cas de nécessité.
On ne peut s’attendre à ce qu’une municipalité de la taille de Saint-Joseph-de-Sorel ou de Sainte-Anne-de-Sorel puisse assumer seule les responsabilités et les frais que cela représenterait. Il est tout indiqué pour la MRC, car ces plages seraient probablement fréquentées par des résidents venant des quatre coins de son territoire.
Elle a aussi la structure pour le faire. Puisque, depuis 2016, les maires ont établi un protocole de gestion des équipements, services et activités dits à caractère supralocal. Ils ont convenu de quotes-parts qu’ils actualisent annuellement en reconnaissant les équipements plus utilisés par tous les habitants de la MRC. Sont inclus dans cette entente le Colisée Cardin, la Maison des gouverneurs, la piscine Laurier-R-Ménard et le Biophare. Une plage répondrait certes à cette approche administrative et pourrait s’ajouter à cette courte liste. Elle contribuerait à bonifier la qualité de vie de la région, ajoutant à ses attraits touristiques et même à l’arrivée de nouveaux résidents permanents.
Aussi, les maires pourraient décider d’affecter à ce poste une partie des sommes tirées du parc éolien et allouées, selon une entente, à divers projets régionaux.
Évidemment, pour augmenter l’accessibilité à la plage, les municipalités devraient éventuellement investir dans la réduction des trop nombreux déversements d’eaux usées dans le fleuve lors de pluies abondantes. Cela impliquerait certes des travaux publics importants dont séparer le réseau d’égout unique en réseau sanitaire et pluvial, etc. Ce qui imposerait des déboursés importants – tout de même subventionnables en partie. Une démarche certes lourde et coûteuse, mais qui contribuerait à la protection de la biodiversité. Une valeur chère à laquelle tiennent plusieurs élus et leurs citoyens préoccupés de la lutte aux changements climatiques.
Voilà donc l’occasion pour la région de renouer avec ses attraits d’antan, alors que ses plages sablonneuses attiraient les amateurs de baignade de toute la couronne montréalaise. Et de faire la preuve qu’elle peut composer avec la présence de l’industrie lourde aussi dans ses atouts importants.
Le jeu en vaut la chandelle. Il y a trois décennies, la confirmation que le fleuve, à proximité du parc Maisouna, était baignable par temps secs avait soulevé bien des attentes que l’ex-ville de Tracy avait vite mises sous le boisseau. Souhaitons que ce ne soit pas le cas cette fois-ci. Qu’en pensent les contribuables? C’est l’heure de faire un choix de société!