20 mai 2025 - 08:06
Compressions budgétaires au Cégep de Sorel-Tracy : les réactions se multiplient
Par : Alexandre Brouillard

Les compressions budgétaires de 1,3 M$ au Cégep de Sorel-Tracy devraient apparaître au prochain budget qui sera à l’ordre du jour de la prochaine séance du conseil d’administration du Collège le 19 juin. Photo Steve Gauthier | Les 2 Rives ©

La semaine dernière, la nouvelle des compressions budgétaires de l’ordre de 1,3 M$ au Cégep de Sorel-Tracy a eu l’effet d’une bombe. Depuis, les réactions fusent de toute part.

À l’échelle de la province, ces compressions seront de 151 M$. Rappelons que cette décision survient dans un contexte où les cégeps sont déjà confrontés à d’importantes restrictions, notamment un gel de recrutement, des plafonds d’investissement, des limites sur les heures rémunérées et des quotas d’étudiants internationaux.

« Au lieu d’investir dans la réussite, on choisit de couper dans le budget de fonctionnement qui soutient directement les étudiants », déplore via communiqué Diane Dumas, directrice générale et des affaires corporatives.

Rencontre émotive

Le mardi 13 mai, la direction a accueilli les membres du personnel pour les informer de la situation et écouter leurs préoccupations. Les présidents des trois syndicats qui composent le Collège, soit des enseignants, des employés de soutien et des professionnels, s’insurgent contre ces coupures.

Louis-Philippe Paulet, président du syndicat des enseignants, rappelle que les compressions budgétaires s’ajoutent au lot de mauvaises nouvelles, faisant référence au gel d’embauche et à l’imposition de limite sur les heures rémunérées. « C’est sûr qu’ils [membres] sont inquiets. Tout le monde vit beaucoup d’angoisse et d’insécurité », confie-t-il.

Même son de cloche du côté de Katherine Laquerre-Joly, présidente du syndicat des professionnels. « On s’attaque à la mission même des cégeps. Les coupures auront des impacts pour plusieurs années », dit-elle.

M. Paulet craint aussi que les étudiants qui commenceront leur parcours collégial cet automne soient les premières victimes. « On doit penser à la génération d’étudiants qui commence son parcours collégial en 2025-2026. Ces jeunes n’ont pas eu un parcours secondaire facile avec la pandémie. Ils avaient déjà beaucoup souffert », explique M. Paulet.

Une affirmation que partage Isabelle Beaulieu, présidente du syndicat des employés de soutien. « Ce n’est pas seulement notre emploi qui est en jeu, mais la qualité de l’éducation que recevront nos enfants. C’est le niveau de vie des générations futures qui est menacé », dit-elle.

« On est un grand petit cégep. On est connu pour offrir un soutien aux élèves, c’est notre identité. On n’est pas seulement une boîte à offrir des cours, on forme aussi des citoyens engagés », renchérit Mme Laquerre-Joly.

D’ici l’annonce du plan de match de la direction, Mme Beaulieu craint que l’enveloppe des salaires de ses membres soit impactée. « Pour plusieurs, et surtout nos membres à statut précaire, la situation est invivable et anxiogène. Quels postes seront supprimés? Quelles seront les conséquences concrètes sur notre travail quotidien? » questionne-t-elle.

Finalement, Louis-Philippe Paulet et Katherine Laquerre-Joly auraient apprécié une sortie plus musclée de la part de la Fédération des cégeps lors de l’annonce des compressions budgétaires. « Il y a de la grogne dans le réseau. Certains directeurs d’établissement vont peut-être sortir des rangs et ne pas procéder aux compressions. À Sorel-Tracy, on est toujours de bons soldats. Le Cégep n’ira certainement pas à l’encontre des directives », croit-il.

« On aurait aimé une levée de boucliers. C’est l’avenir de notre relève qui est en jeu », ajoute Mme Laquerre-Joly.

Isabelle Beaulieu souhaite une réaction vive des Cégeps. « Hier [13 mai], un appel clair a été lancé : que les directions des cégeps sortent de leur réserve, prennent la parole publiquement, et dénoncent les impacts réels de ces coupures. J’ai senti une volonté d’unité entre la direction, les syndicats et les étudiants », mentionne-t-elle.

Notons que plusieurs syndicats du milieu réclament la démission de la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, dont la CSN et la CSQ.

Réactions politiques

Jean-Bernard Émond, député de Richelieu, a réagi par écrit à la nouvelle, témoignant son respect pour les employés du Cégep. Il soutient que depuis 2018, la Coalition avenir Québec (CAQ) a effectué un rattrapage financier dans le réseau collégial. « Les subventions de fonctionnement aux cégeps ont augmenté de 50 %, passant de deux à trois milliards de dollars annuellement. Le Cégep de Sorel-Tracy a d’ailleurs vu son budget de fonctionnement croître de plus de 8,7 millions de dollars depuis notre arrivée au pouvoir – une hausse de 46,5 %. À cela s’ajoutent plus de 10,7 millions de dollars investis dans ses infrastructures », précise M. Émond.

De son côté, Gabriel Arpin, candidat aux dernières élections provinciales dans Richelieu et candidat à l’investiture pour les prochaines élections pour le Parti québécois (PQ), a tenu à réagir à la nouvelle de vive voix. « Je suis très inquiet, admet-il. Tous les services offerts au Cégep sont essentiels. Les compressions budgétaires sont une réelle perte d’acquis au Québec. C’est très difficile de comprendre la logique de la CAQ qui coupe en éducation, mais qui a dépensé des milliards pour des entreprises privées étrangères. »

Le Cégep tentera de se positionner rapidement pour respecter les dates prévues de dépôt des plans d’effectifs et du budget auprès de ses instances afin de limiter l’attente et l’incertitude de toutes les parties. Vers le 31 mai, la direction devrait avoir statué sur son plan d’effectifs.

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