31 octobre 2019 - 09:21
Conflit à la MRC de Pierre-De Saurel : le milieu agricole s’en mêle
Par: Sébastien Lacroix

Le président du c.a. de l’UPA de Richelieu-Yamaska, Sylvain Joyal
Photothèque | Les 2 Rives ©

 

Le président du Syndicat de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de Richelieu-Yamaska, Sylvain Joyal, souhaite s’impliquer pour essayer de dénouer l’impasse dans le dossier du Plan de développement de la zone agricole (PDZA) de la MRC de Pierre-De Saurel.

À titre de représentant du milieu agricole, il a fait une sortie publique dans laquelle il s’est dit « étonné et déçu » de la décision de la Ville de Sorel-Tracy de retirer son financement au PDZA. Encore plus par l’appui des municipalités rurales de Saint-Ours et de Saint-Roch-de-Richelieu qui ont voté contre l’embauche d’un coordonnateur lors de la dernière assemblée publique.

Sylvain Joyal entend rencontrer les différents maires avant la rencontre à huis clos prévue le 9 novembre pour faire le point sur la « chicane politique » qui secoue la MRC de Pierre-De Saurel. Il souhaite mieux comprendre ce qui s’est passé. Il veut aussi savoir ce que les maires ont aimé ou non dans la démarche entreprise en 2016.

Parce qu’à son avis, le PDZA, tout comme le développement culturel, a indirectement payé pour les problèmes de gouvernance dénoncés par le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin.

Le maire de la ville-centre était d’ailleurs le premier qu’il allait rencontrer, à qui il avait dit « comprendre sa position » lors de l’annonce du retrait du financement de la ville-centre. Ce qui représente près de 60 % de la facture.

Invité à préciser sa pensée, Sylvain Joyal a expliqué qu’il était d’accord sur le fait que l’option de l’agroalimentaire, qui devait être la priorité 1 du PDZA, n’avait pas été assez mise de l’avant. « D’ailleurs, pratiquement rien a été fait dans cette option, qui est la principale. Là-dessus, j’étais d’accord avec M. Péloquin, a-t-il souligné. Maintenant, est-ce que je suis d’accord avec ce qui s’est passé et de la façon dont ça s’est passé? Non. Je ne suis pas d’accord. »

Sylvain Joyal estime que des activités touchant à l’agriculture devaient avoir lieu dans la zone industrialo-portuaire sur les terrains de l’ancienne centrale thermique d’Hydro-Québec, comme l’implantation d’un centre de grains ou d’une meunerie, par exemple.

Il croit qu’une mésentente entre l’ancienne coordonnatrice du PDZA et la Ville de Sorel-Tracy serait à l’origine de l’inaction dans ce dossier. « D’un côté, on dit que la Ville n’a pas démontré d’ouverture. Du côté de la Ville, c’est un autre point de vue, raconte Sylvain Joyal. Parce que pour les autres mandats, comme la terre, la coordonnatrice pouvait les réaliser sans l’aide de la Ville de Sorel-Tracy. »

Le président du Syndicat de l’UPA de Richelieu-Yamaska souhaite que des actions régionales puissent êtres menées au profit de la ville-centre, des milieux ruraux, des agriculteurs et de l’économie. « Si, par exemple, le port peut servir à sortir plus de grains, ou une autre sorte de grains, c’est sûr que les agriculteurs et les municipalités rurales vont en profiter. Ça va faire boule de neige, ça va faire travailler plus de monde, etc. », continue-t-il.

D’autant plus que les retards pris au cours des dernières semaines tendront à désavantager la région de Sorel-Tracy, alors que les MRC avoisinantes continuent de travailler leur PDZA. « Pendant qu’on tourne en rond, les autres avancent, plaide-t-il. Ça me pique au vif. Parce qu’on sait ce qui se passe autour et on voit les projets avancer. »

Un signal

Le préfet de la MRC de Pierre-De Saurel, Gilles Salvas, estime que cette sortie publique du Syndicat de l’UPA local envoie un signal comme quoi il faut continuer d’appuyer le développement agricole. « Ils ont constaté que la perte du PDZA sera négative pour les agriculteurs, les entrepreneurs et notre économie », observe-t-il.

« Ils demandent aux maires d’évaluer d’autres possibilités, continue le préfet. C’est ce qu’on va faire, mais je vois mal comment continuer le PDZA sans le financement de la ville-centre. Est-ce qu’on est capable de mettre quelques dollars de plus pour le faire fonctionner? Est-ce qu’on le fait faire à contrat? Est-ce qu’on embauche quand même une ressource, mais à temps partiel? C’est là-dessus qu’on va se pencher. »

« La solution est déjà connue » – Serge Péloquin

Malgré l’invitation du président du Syndicat local de l’UPA à s’asseoir pour trouver un terrain d’entente, le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin, demeure sur sa position. « Je le remercie de s’impliquer, mais la solution est déjà connue, plaide-t-il. La Ville, par résolution, a déjà fait connaître une position claire. On ne veut pas financer une ressource supplémentaire. »

Il rappelle que la Ville de Sorel-Tracy assume déjà le rôle premier du PDZA, qui est d’attirer et développer de nouveaux marchés agroalimentaires avec la présence du commissaire industriel Jacques Thivierge.

« Ce que l’on propose, c’est que l’ensemble des acteurs en agriculture trouvent une nouvelle façon de travailler ensemble, indique le maire Serge Péloquin. Si les municipalités souhaitent s’offrir une ressource supplémentaire à la MRC, qu’ils assument la facture. »

« Les maires veulent une ressource, mais ils ne veulent pas la payer. J’en ai une ressource que je paye. Il est prêt à travailler avec vous et il fait déjà de l’agroalimentaire, soutient-il. C’est juste de l’entêtement de leur part. Qu’ils le disent donc qu’ils ne veulent pas la payer. »

Pour ce qui est des autres points inscrits au PDZA, tels que de développer un circuit gourmand, participer à une émission sur les ondes de MaTV, ou veiller au respect des bandes riveraines dans les bassins versants, le maire estime que des ressources existantes peuvent déjà s’acquitter de la tâche.

Il admet qu’il y a toutefois du travail à faire pour les maraîchers et l’achat de proximité. « On a déjà des gens comme les Ateliers Je suis capable et le Marché urbain. Il y a des actions qui sont posées, mais le PDZA ne les a jamais concernés, note le maire Péloquin. Il faut changer le modèle pour être plus efficace. »

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